%20(1).png)
Le programme Renforcement des Investissements Productifs et Énergétiques en Mauritanie pour le Développement Durable des zones rurales (RIMDIR), exécuté par Enabel et financé par l'Union Européenne, célèbre cinq ans et demi d'efforts intensifs. Cette réalisation mérite d’être saluée, tant les avancées en matière d'infrastructures rurales et de développement communautaire ont été nombreuses. Néanmoins, il convient de se pencher de manière critique sur les résultats obtenus, d'autant plus que des défis subsistent pour garantir la pérennité de ces acquis.
Un bilan positif avec des réussites tangibles
RIMDIR a indéniablement marqué le développement rural en Mauritanie par la réalisation de projets essentiels : 12 barrages, 8 parcs de vaccination, 10 jardins maraîchers circulaires, plus de 40 forages et de nombreux puits pastoraux. Ces infrastructures répondent aux besoins pressants des communautés rurales, qui ont désormais accès à des ressources vitales pour l’agriculture et l’élevage. La collaboration avec les ONG pour la Conservation des Eaux et des Sols (CES) et la Défense et Restauration des Sols (DRS) a été un élément clé de cette réussite, permettant d’assurer un usage durable des ressources naturelles.
L'accent mis sur la qualité des infrastructures et la rigueur dans leur suivi a également contribué à l'impact positif du programme. Les équipes techniques et les experts d'Enabel ont relevé le défi des conditions difficiles sur le terrain, assurant des résultats qui vont au-delà de simples constructions pour instaurer une véritable dynamique de développement local. Les témoignages des acteurs du projet, tels que Mahamadou Bouda ou Abdoullahi Fall, confirment l'apport significatif de cette initiative dans leurs domaines respectifs, notamment en termes de développement professionnel et de gestion des défis sur le terrain.
Une reconnaissance des acquis institutionnels et un modèle à consolider
L'une des grandes avancées de RIMDIR réside dans l'adoption de décrets permettant l’application de la Loi d’Orientation Agricole et Pastorale (LOAP). Grâce à cette loi, la reconnaissance des comités de gestion (OGIAP) et le transfert de la gestion des infrastructures aux communautés locales sont désormais possibles. Il s'agit d'un pas important vers l'autonomisation des acteurs ruraux et la responsabilisation locale dans la gestion des ressources.
Le soutien institutionnel qui a accompagné ces réformes, avec la mise en place d'inventaires, de bases de données et d'un Référentiel Technico-Économique, est également à saluer. Ces outils sont essentiels pour une gestion efficace des infrastructures à long terme et pour éviter la dégradation rapide des installations.
Les défis à venir : pérennité et appropriation locale
Cependant, malgré ces réussites, certains défis demeurent. La durabilité des infrastructures et la continuité des services dépendent largement de la capacité des communautés à gérer ces équipements de manière autonome. Le transfert de la gestion aux comités locaux est une avancée, mais il reste encore à vérifier si ces comités disposent des compétences, des ressources et de l'appui institutionnel nécessaires pour maintenir les installations en bon état. La faiblesse des moyens financiers des communautés rurales pourrait compromettre les résultats obtenus si des mesures d'accompagnement ne sont pas mises en place de manière continue.
En outre, bien que les infrastructures soient fonctionnelles, la valorisation effective des CES et DRS reste un enjeu majeur. Les formations et l'encadrement offerts par le programme devront se poursuivre pour garantir que les pratiques de conservation des sols soient véritablement intégrées aux modes de production des agriculteurs locaux. La capacité à adapter les interventions aux réalités du terrain devra également rester une priorité, comme l’a souligné Daniel Binart, coordinateur du programme.
Un bilan globalement positif, mais un avenir incertain
La célébration des cinq ans et demi de RIMDIR est une occasion de se réjouir des nombreux succès obtenus. Ce programme a su démontrer qu'avec un engagement fort et des efforts soutenus, il est possible de transformer durablement les zones rurales de Mauritanie. Toutefois, pour que ces acquis ne restent pas de simples réussites éphémères, il est essentiel d'adresser les défis de pérennité et d'appropriation locale.
L’avenir de ces infrastructures et des dynamiques créées dépendra de la capacité des communautés à prendre en main leur gestion, mais aussi du soutien continu des partenaires financiers et institutionnels. À l'heure où de nouvelles opportunités se dessinent, il est crucial de rester vigilant pour ne pas dilapider les efforts déjà consentis, et de continuer à investir dans l’accompagnement des populations locales afin de garantir un développement vraiment durable.