Le chef de la mission du Fonds monétaire international (FMI) en Mauritanie, Félix Fischer, a récemment exprimé des préoccupations quant aux perspectives économiques du pays. Lors d'une conférence de presse tenue à Nouakchott, en présence de hauts responsables mauritaniens, il a mis en évidence des risques à moyen terme susceptibles de compromettre la croissance économique. Parmi ces menaces, il a mentionné l’escalade des tensions géopolitiques dans la région, les retards dans le lancement du projet d’exploitation du grand champ gazier d’Ahmeyim, ainsi que les chocs climatiques.
Croissance économique ralentie par le secteur extractif
Malgré ces défis, l'économie mauritanienne devrait tout de même enregistrer une croissance de 4,6 % en 2024, selon Félix Fischer. Ce chiffre reflète un ralentissement du secteur extractif, qui joue un rôle majeur dans l’économie du pays. Toutefois, cette tendance devrait se poursuivre en 2025, avec une prévision de croissance légèrement inférieure à 4,2 %, marquant encore une fois l'impact du secteur minier.
Une meilleure performance hors secteur extractif
En contraste avec le secteur extractif, la croissance économique hors de ce domaine devrait être plus prometteuse. Félix Fischer a souligné que la création d’emplois est plus forte dans cette partie de l'économie, avec une croissance non extractive prévue à 5,7 % en 2024 et à 4,7 % en 2025. Ce type de croissance est parfois jugé plus bénéfique car il est souvent plus inclusif et durable, créant un plus grand nombre d'opportunités pour la population active.
Conditions favorables à un assouplissement monétaire
Depuis 2022, la politique monétaire en Mauritanie a été resserrée, mais Fischer a annoncé que les conditions actuelles sont propices à un assouplissement. Cela pourrait permettre de relancer la dynamique économique, tout en soutenant les réformes en cours. Le FMI encourage notamment les efforts visant à développer et stabiliser le secteur financier, élément clé pour renforcer la contribution de ce dernier au développement économique.
Un appel à la bonne gouvernance et à des réformes clés
Au-delà des perspectives économiques, le FMI a insisté sur la nécessité pour la Mauritanie de finaliser les réformes liées à la bonne gouvernance. Félix Fischer a souligné que l’amélioration de la mobilisation des recettes fiscales est cruciale pour permettre au pays de répondre à ses besoins de développement tout en maintenant la crédibilité de son cadre budgétaire à moyen terme.
Dans ce cadre, Fischer a salué l’adoption de la nouvelle loi sur l’investissement, qui devrait créer des conditions équitables pour tous les acteurs économiques. Cette réforme vise à promouvoir une croissance inclusive, notamment via le secteur privé, considéré comme un moteur de développement.
Soutien financier du FMI
Félix Fischer a également annoncé que la Mauritanie bénéficiera d’un soutien financier supplémentaire du FMI, à hauteur de 8,6 millions de dollars, ainsi que de 39,7 millions de dollars dans le cadre de la facilité de résilience et de durabilité. Au total, le pays recevra un montant cumulé de 119,8 millions de dollars pour soutenir ses efforts de développement.
Un progrès notable sur le changement climatiqu
Enfin, le chef de mission du FMI a félicité la Mauritanie pour avoir atteint tous les objectifs quantitatifs pour 2024 et pour les avancées positives du programme de réformes structurelles en matière de changement climatique. Il a également évoqué les efforts continus du gouvernement pour ajuster le budget, avec l'objectif de renforcer la part des revenus non extractifs à hauteur de 3,5 % du PIB, tout en exploitant le potentiel fiscal important du pays.
Les déclarations de Félix Fischer reflètent un équilibre entre prudence et optimisme. Si la Mauritanie fait face à des risques à moyen terme, notamment liés aux secteurs extractifs et aux tensions géopolitiques, des opportunités existent dans les secteurs non extractifs et à travers des réformes structurelles. Le soutien du FMI, combiné à des politiques de bonne gouvernance et à des réformes économiques inclusives, pourrait renforcer la résilience de l'économie mauritanienne et soutenir son développement à long terme.