L'archipel des Canaries, situé au large des côtes nord-ouest de l'Afrique, a enregistré une hausse spectaculaire de l'arrivée de migrants clandestins depuis le début de l'année 2024. Selon les chiffres du ministère espagnol de l'Intérieur, pas moins de 22 304 migrants ont atteint les côtes espagnoles entre le 1er janvier et le 15 août, contre 9 864 sur la même période l'année dernière, soit une augmentation impressionnante de 126 %.
La Mauritanie, en tant que nation située à la croisée des routes migratoires d'Afrique de l'Ouest, a vu son rôle s'intensifier dans le contexte de cette hausse des arrivées aux Canaries. Alors que les médias espagnols pointent du doigt la Mauritanie comme le principal point de départ, le pays se retrouve au centre des préoccupations européennes en matière de contrôle des flux migratoires. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, s'apprête à entamer une visite cruciale en Mauritanie dans les prochains jours, alors que la question de l'immigration clandestine vers les îles Canaries atteint des proportions alarmantes. Cette visite, qui s'inscrit dans le cadre d'une tournée en Afrique de l'Ouest, vise à renforcer la coopération entre l'Espagne et la Mauritanie pour mieux gérer les flux migratoires, qui ont augmenté de manière spectaculaire cette année.
Pedro Sánchez rencontrera les autorités mauritaniennes pour discuter des mesures concrètes à mettre en place afin de réduire les départs de migrants depuis les côtes mauritaniennes, désormais identifiées comme le principal point de départ vers les Canaries.
Au-delà des discussions sur l'immigration, cette visite reflète également l'importance stratégique de la Mauritanie pour l'Espagne et l'Union européenne dans la gestion des défis migratoires en Afrique de l'Ouest. Pedro Sánchez et son gouvernement espèrent que ces entretiens permettront de consolider les efforts conjoints en matière de sécurité des frontières, tout en offrant un soutien accru à la Mauritanie pour mieux contrôler ses côtes et dissuader les départs.
Cette initiative est également une suite logique de la visite en février dernier, où Pedro Sánchez avait accompagné la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui avait annoncé une aide financière substantielle de 210 millions d'euros pour soutenir la Mauritanie dans ses efforts de gestion migratoire et renforcer ses capacités dans ce domaine. Cette nouvelle visite devrait permettre de faire le point sur les avancées réalisées et d'explorer de nouvelles pistes de collaboration pour faire face à cette crise migratoire qui ne cesse de s'intensifier.
En somme, la visite de Pedro Sánchez en Mauritanie revêt une importance capitale, non seulement pour l'Espagne, mais aussi pour l'ensemble de l'Union européenne, qui voit dans ce partenariat un élément clé pour freiner les flux migratoires vers l'Europe.
La route migratoire vers les îles Canaries est l'une des plus périlleuses au monde. L'ONG espagnole Caminando Fronteras estime que plus de 5 000 migrants ont perdu la vie en mer au cours des cinq premiers mois de l'année 2024, soit une moyenne tragique de 33 décès par jour. Les conditions de voyage sont souvent désastreuses, les migrants empruntant des embarcations de fortune, souvent en mauvais état et surchargées, pour affronter des courants marins extrêmement dangereux.
L'Espagne, en tant que principale porte d'entrée en Europe pour des milliers de migrants africains, subit une pression migratoire croissante. Pour l'ensemble du pays, le nombre total de migrants arrivés par voie maritime ou terrestre a augmenté de 66,2 % entre le 1er janvier et le 15 août, passant de 18 745 à 31 155. Cependant, cette hausse est presque exclusivement due à la situation dans les îles Canaries, alors que les arrivées dans la péninsule et aux Baléares ont diminué de 11 %.
La pression est également palpable dans les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, où le nombre de migrants franchissant la frontière terrestre avec le Maroc a triplé au cours des derniers mois. Ceuta et Melilla, constituant les seules frontières terrestres de l'Union européenne avec le continent africain, sont des points névralgiques de cette crise migratoire.
Alors que les arrivées de migrants clandestins aux Canaries continuent d'augmenter de manière alarmante, la Mauritanie joue un rôle central dans cette dynamique. La visite de Pedro Sánchez et l'intérêt accru de l'Union européenne pour la coopération avec la Mauritanie soulignent l'importance de renforcer les partenariats pour mieux gérer cette crise complexe. Les prochains mois seront déterminants pour voir si ces efforts permettront de réduire les flux migratoires et de limiter les tragédies humaines qui en découlent.