L’échec patent du système éducatif mauritanien : Un appel à la responsabilité | Mauriweb

  L’échec patent du système éducatif mauritanien : Un appel à la responsabilité

lun, 05/08/2024 - 10:23

Ce mois de juillet 2024, les résultats du baccalauréat pour la session normale ont été publiés. Le nombre total de candidats admis au premier tour est de 10 422, avec un taux de réussite de 23,7%. Malgré une légère amélioration, ce chiffre reste extrêmement bas comparé aux standards internationaux et régionaux, et met en lumière les failles profondes du système éducatif mauritanien.

 

En Mauritanie, comme dans ses pays voisins, les épreuves du baccalauréat se déroulent en juin. Cet examen est crucial car il représente souvent la seule porte de sortie vers une vie meilleure pour de nombreux jeunes Mauritaniens. Près de 80% des candidats fréquentent l’enseignement public gratuit, soulignant ainsi le manque de moyens financiers des familles pour offrir une éducation de meilleure qualité à leurs enfants. Pourtant, malgré l'importance de cet examen, les résultats sont désespérément bas, oscillant entre un maigre 8% en 2017 et un record de 44% en 2008.

 

  Une succession de réformes incohérentes

 

L’histoire récente de l’éducation mauritanienne est marquée par une série de réformes successives et mal étudiées, conduisant à une incohérence totale du système. Les États généraux de l'éducation et le Haut Conseil n'ont apporté aucune solution tangible. Au lieu de cela, nous avons assisté à des changements fréquents et désordonnés des politiques éducatives, souvent impulsés par des ministres successifs, chacun cherchant à imposer sa vision sans considération pour la continuité et la stabilité nécessaires à une véritable réforme.

 

Depuis les années 1980, de nombreux ministres ont défilé, chacun promettant des réformes et des améliorations qui n’ont jamais vu le jour. Parmi eux :

 

-  Hasni Ould Didi et  Louleid Ould Weddad  dans les années 1980 à 2000.

- 2007-2009 : Nebghouha Mint Haba âge d’or du Ministère qui a connu une réorganisation de fond en comble de son fonctionnement.

- 2009-2009 : Ahmed Ould Bah, dont la gestion n'a laissé aucune trace marquante.

- 2009-2010 : Ahmedou Ould Eddi Ould Mohamed Radhi (Éducation de Base) et Ahmed Ould Bahiya (Éducation Secondaire et Supérieure), qui ont supervisé une période de stagnation.

- 2010-2013 : Ahmed Ould Bahiya, en tant que Ministre d’État de l'Éducation Nationale, sans réformes concrètes.

- 2011-2013 : Hamed Hamouni et Dia Mokhtar Malal, qui ont continué sur une voie de médiocrité.

-2013-2014 : Ba Ousmane, Omar Ould Ma'atalal, et Isselkou Ould  Izidbih, qui n’ont pas réussi à améliorer significativement le système.

- 2014-2018 : Ba Ousmane et Sidi Ould Salem, qui ont présidé une période de régression.

- 2016-2018 : Iselkou Ould Sidi El Mokhtar, qui a prolongé l’inefficacité.

- 2018-2019 : Naha Mint Hamdi Ould Maknas, sans nouvel élan pour l’éducation.

- 2019-présent : Makfoubla Mint Berdid, Brahim Vall Ould Mohamed Lemine, Mohamed Melaïnine Ould Eyih (2020-2022), et Moctar Ould Dahi (2023-2024), tous incapables d’inverser la tendance.

 

  Un avenir incertain

 

Le tableau est sombre : une succession de ministres inefficaces, un taux de réussite au baccalauréat désastreux, et une jeunesse désillusionnée. La cohorte de jeunes laissés sur le bord de la route est une bombe à retardement pour la stabilité de notre nation. Il est impératif que des mesures urgentes et radicales soient prises pour restructurer et revitaliser notre système éducatif. L’avenir de notre pays en dépend.

 

Les ministres de l'éducation doivent être tenus responsables de cet échec. Il est temps pour eux de répondre de leurs actions. Nous ne pouvons plus accepter la médiocrité comme norme. L’éducation est la pierre angulaire du développement et de la stabilité de toute nation. En tant que tel, il est crucial de la traiter avec la gravité et le sérieux qu’elle mérite.

 

 Une lueur d’espoir

 

Malgré les résultats déplorables, les candidats au baccalauréat continuent de se battre. Ils sont des milliers à passer des nuits blanches et à se lever à l’aube pour étudier, dans l’espoir de décrocher ce diplôme synonyme d’opportunités futures. Ce dévouement mérite un système éducatif à la hauteur de leurs efforts.

 

Pour que ces jeunes puissent réaliser leurs rêves, il est crucial de revoir les fondements mêmes de notre système éducatif, de mettre en place des réformes réfléchies et durables, et de garantir une éducation de qualité pour tous. Seul un engagement sincère et concerté pourra transformer le paysage éducatif de la Mauritanie et offrir un avenir meilleur à sa jeunesse.