Les récentes déclarations de Mohamed Ould Abdel Aziz et de son avocat principal, Mohameden Ould Ichidou, ont suscité un débat intense sur la transparence et l'équité du processus électoral en Mauritanie. Cependant, une analyse plus approfondie des faits révèle que ces allégations visent principalement à semer le doute et la confusion plutôt qu'à apporter des preuves concrètes d'injustice.
D'abord, les accusations selon lesquelles les parrainages des maires auraient été confisqués par les autorités manquent de fondement. Le processus de collecte des parrainages est strictement encadré par la loi, et les maires disposent de la liberté nécessaire pour soutenir les candidats de leur choix. L'absence de parrainages suffisants pour Mohamed Ould Abdel Aziz peut davantage refléter un manque de soutien politique réel plutôt qu'une manipulation de la part des autorités.
De plus, les affirmations selon lesquelles des ordres militaires auraient empêché l'ex-président de recevoir l'accusé de réception de son dossier auprès du Conseil constitutionnel semblent peu crédibles. Le Conseil constitutionnel est une institution indépendante dont les procédures sont transparentes et régulées. Si des irrégularités avaient réellement eu lieu, elles auraient été documentées et dénoncées par des observateurs indépendants. À ce jour, aucune preuve tangible n'a été présentée pour étayer ces accusations.
L'interdiction supposée de s'exprimer dans les médias après le dépôt du dossier est également à remettre en question. En effet, Ould Abdel Aziz est toujours prisonnier et aucun prisonnier n’est autorisé à donner une conférence de presse. Son autorisation de sortie était juste destinée à lui permettre de déposer son dossier et non à organiser des conférences de presse. La Mauritanie dispose de lois claires sur la liberté d'expression et les droits des candidats. Si des restrictions avaient été imposées de manière injustifiée, elles auraient été largement médiatisées et critiquées par les défenseurs des droits humains et les organisations internationales.
Le rejet du recours déposé par la défense auprès du Conseil constitutionnel, en raison de l'insuffisance des parrainages, est conforme aux procédures établies. Le Conseil a agi dans les limites de ses prérogatives et selon les règles en vigueur. Comparer cette situation au contexte sénégalais est une tentative de décontextualisation qui ne prend pas en compte les spécificités des systèmes juridiques et électoraux de chaque pays. Qui plus est, les Sénégalais étaient plus de 80 à déposer des dossiers et seule une vingtaine ont été autorisées à se présenter.
En outre, les déclarations de Mohameden Ould Ichidou qualifiant la situation de "coup d'État contre la plus haute institution constitutionnelle du pays" semblent exagérées et non fondées. Le système électoral mauritanien, bien que perfectible, fonctionne selon des principes de légalité et de transparence. Les institutions doivent être respectées, et les accusations infondées ne font que ternir l'image du processus démocratique.
Enfin, il est important de souligner que Mohamed Ould Abdel Aziz, en tant qu'ancien président, est bien conscient des exigences légales pour se présenter à une élection. Le fait de ne pas avoir réussi à remplir ces exigences pourrait être interprété comme un échec de sa part à mobiliser le soutien nécessaire plutôt qu'une preuve de manipulation par les autorités.
Le Conseil Constitutionnel a informé la défense de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz que le rejet de son dossier de candidature a été effectué en stricte application de textes juridiques promulgués sous son propre mandat et qu'il a lui-même signés.
Dans une lettre adressée au coordonnateur de la défense de l'ex-président, l'avocat Mohameden Ould Ichidou, le Conseil a précisé que ces textes - la loi organique n° 021/2009 du 2 avril 2009 et le décret n° 2012-278 du 17 décembre 2012 - rendent impossible l'inclusion du nom de M. Ould Abdel Aziz dans la liste provisoire des candidats.
Le Conseil a rappelé que l'article 5 de la loi organique stipule : "La candidature à la présidence de la République n'est acceptée qu'après l'obtention de l'appui de cent conseillers municipaux, dont au moins cinq maires, provenant de la majorité des régions. De plus, aucun élu ne peut parrainer plus d'un candidat."
De plus, l'article 3 du décret n° 2012-278, qui détermine les procédures de la campagne électorale et du scrutin présidentiel, précise que "la qualité de conseiller municipal est attestée par le ministre chargé de la décentralisation."
Le Conseil Constitutionnel, par la voix de sa secrétaire générale, Mme Bnetté Mint El Khâlis, et sur ordre de son président, M. Diallo Mamadou Batia, a souligné dans cette lettre que le rejet du dossier de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz n'est que l'application littérale des textes susmentionnés.
C’est dire que les allégations de Mohamed Ould Abdel Aziz et de son avocat semblent être davantage une stratégie de déstabilisation qu'une véritable dénonciation d'injustices. Il est essentiel pour la démocratie mauritanienne que le débat public soit fondé sur des faits vérifiables et que les institutions soient respectées pour garantir des élections libres et équitables.