Les craintes d'infiltration terroriste s'intensifient en Mauritanie, qui sollicite désormais un soutien international pour faire face à cette situation préoccupante.
Le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani adopte une politique de sécurité ferme pour garantir la sécurité nationale.
Le gouvernement mauritanien a récemment annoncé avoir accueilli plus de 50 000 réfugiés au cours des dernières semaines, fuyant les combats qui font rage dans le nord du Mali voisin. Cela porte le nombre total de réfugiés maliens en Mauritanie à plus de 250 000, selon les estimations officielles. Cette affluence de réfugiés soulève d'importantes préoccupations en matière de sécurité dans un pays qui n'a pas connu d'attaque terroriste depuis 2011.
Le ministre de l'Économie mauritanien, Abdelsalam Ould Mohamed Saleh, a tenu une réunion à Genève avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, au cours de laquelle il a sollicité un soutien pour prendre en charge ces réfugiés. Il a qualifié la situation sécuritaire et politique dans la région du Sahel de "préoccupante", ce qui reflète les inquiétudes de la Mauritanie quant à l'infiltration d'éléments terroristes au milieu de cette nouvelle vague de réfugiés.
La situation en Mauritanie est d'autant plus préoccupante que le Mali, en tentant de reprendre le contrôle de sa partie septentrionale, a vu ses unités militaires soutenues par le groupe privé russe "Wagner" engager les premières batailles avec les rebelles touaregs et arabes près de la frontière mauritanienne. Les blessés des deux côtés étaient soignés dans les hôpitaux mauritaniens.
Avec la poursuite des combats, des vagues successives de réfugiés civils ont afflué en Mauritanie. Cela suscite des inquiétudes en matière de sécurité, comme le souligne le politologue mauritanien spécialiste des affaires sahéliennes, Mouhtar Ould El Cheikh : "Les risques sécuritaires sont réels, car le Mali souffre de problèmes de sécurité enracinés, et il y a des craintes d'infiltration de membres de groupes islamistes extrémistes parmi les rangs des réfugiés".
Ould El Cheikh ajoute que pour éviter ce scénario, les autorités mauritaniennes "accueillent les réfugiés, les recensent, vérifient leur identité et les interrogent pour obtenir des détails précis à leur sujet. Elles imposent également un contrôle strict de sécurité dans les camps de réfugiés, et il existe un important effort de renseignement".
Le politologue mauritanien précise que depuis son accession au pouvoir, le président actuel de la Mauritanie, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a adopté une politique de sécurité résolue. Cela est dû en grande partie au fait que la Mauritanie partage une frontière de 2 235 kilomètres avec le Mali, une frontière extrêmement sensible. Au cours des dernières années, la menace venait principalement du Mali en raison de la présence de groupes islamistes radicaux.
La surveillance et la sécurisation de ces frontières sont donc une question de sécurité nationale cruciale pour la Mauritanie. Le ministre de la Défense et le chef d'état-major général des forces armées ont ainsi fourni les outils nécessaires pour surveiller les frontières, notamment grâce à l'utilisation de drones militaires et à l'acquisition de drones de surveillance, en plus d'un important travail de renseignement en continu.
Le politologue souligne également que les autorités mauritaniennes sont attentives aux expériences passées, lorsque "des groupes terroristes ont cherché à infiltrer des réfugiés du Moyen-Orient pour commettre des actes terroristes graves en Allemagne, en Suède, au Danemark et dans d'autres pays européens". Pour prévenir cela, les Mauritaniens accueillent les femmes, les enfants et les personnes âgées, mais traitent avec prudence les jeunes et les individus potentiellement liés au terrorisme.
Outre les préoccupations en matière de sécurité, la crise des réfugiés est avant tout une crise humanitaire. La Mauritanie a souligné lors de ses discussions avec le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés qu'elle fournit des services de base aux réfugiés maliens, les traitant comme des citoyens mauritaniens et leur offrant tous les services essentiels.
Selon Mouhtar Ould El Cheikh, qui suit l'évolution de la situation au Sahel depuis des années, "la Mauritanie a commencé à accueillir des réfugiés maliens depuis les années 1990, lorsque les mouvements touaregs de l'Azawad ont commencé à réclamer la sécession par rapport au gouvernement central de Bamako. Cependant, à l'époque, le nombre de réfugiés était très limité. Mais depuis la crise de 2012, le nombre de réfugiés a considérablement augmenté".
Le camp d'Embera, situé à l'est de la Mauritanie, abrite déjà près de 100 000 réfugiés, principalement près de la ville de Bassiknou. Il y a également quelques milliers de réfugiés dans les régions d'Amourj et d'Adel Bagrou. Mouhtar Ould El Cheikh souligne que "des dizaines de millions de dollars sont dépensés chaque année par les États-Unis, l'Union européenne et les Nations Unies, en plus du budget de l'État mauritanien, notamment par le biais de la Commission de sécurité alimentaire et de la délégation TADAMOUN".
Selon le politologue mauritanien, l'arrivée de cinquante mille réfugiés dans une région qui compte déjà près de cent mille réfugiés exerce une pression injuste sur les services destinés aux citoyens locaux. La population de la région de Bassiknou, située à la frontière, est maintenant estimée à 250 000 habitants, dont plus de la moitié sont des réfugiés.
Pour faire face à cette crise humanitaire, l'Union européenne a annoncé qu'elle allouerait 500 000 euros pour fournir une aide d'urgence à 12 000 nouveaux réfugiés maliens en Mauritanie. De plus, en 2023, elle a déjà fourni 8,5 millions d'euros pour les réfugiés les plus vulnérables dans l'est de la Mauritanie.
Guillem Jones, chef de la délégation de l'Union européenne en Mauritanie, a déclaré : "La situation sécuritaire au Mali voisin pousse de nouveau les gens à fuir leurs foyers et à se réfugier en Mauritanie". Il a ajouté que l'aide humanitaire fournie vise à soulager la pression sur les autorités mauritaniennes et à répondre aux besoins essentiels des personnes les plus vulnérables qui arrivent dans une région déjà déficitaire en ressources.
L'Union européenne s'est engagée à soutenir la Mauritanie face à cette crise humanitaire complexe.