ahara Médias - L’achat d’un avion pour la présidence mauritanienne auprès d’une société émiratie pour une valeur de 24,9 millions de dollars, a remis au- devant de la scène le sujet de l’importance des avions présidentiels en Mauritanie.
Il est vrai que les mauritaniens ne sont pas habitués à voir leurs président disposer de jet privé, ce qui nous amène à évoquer l’histoire des dirigeants mauritaniens et leurs avions privés.
Au début des années 70, du siècle dernier, le président fondateur de la Mauritanie, feu Mokhtar O. Daddah voyageait à bord d’un avion type « Caravelle » qui avait largement contribué en son temps à consolider la position diplomatique du pays sur la scène internationale.
Cet appareil, de fabrication française, moyen-courrier, avait été offert par le président gabonais Omar Bongo à son ami Mokhtar O. Daddah.
L’avion aux couleurs nationales, frappé tout au long de sa carlingue de « République Islamique de Mauritanie » a permis au président Mokhtar O. Daddah d’assister à plusieurs sommets et rencontres internationales en plus de visites de pays importants pour la Mauritanie en cette période comme la république populaire de Chine ou encore d’autres pays africains pour des voyages sanctionnés par des décisions importantes.
Après le coup d’état du 10 juillet 1978, cet appareil est resté stationné à l’aéroport de Nouakchott, utilisé de temps à autre par de hauts responsables, des voyages rares car la Mauritanie s’est repliée sur elle-même pendant des années, conséquence d’une agitation politique et de coups d’état militaires successifs.
Quand la situation s’est stabilisée avec l’accès au pouvoir du président Mohamed Khouna O. Haïdalla, au début des années 80, celui-ci utilisera la « Caravelle » pour ses voyages et c’est justement à son bord qu’il est revenu le 12 décembre 1984 à Nouakchott alors qu’il a été déposé par l’armée à l’issue d’un coup d’état blanc mené par Maouiya O. Sid’Ahmed Taya.
Un président peu voyageur
Bien que le président Maouiya ait dirigé la Mauritanie pendant plus de deux décennies, la période la plus longue, ses voyages à l’extérieur sont rares et avec le début de son pouvoir, l’appareil avait disparu, certains estimant qu’il était sorti du service car construit dans les années 50 du siècle dernier.
Dans les années 90 le souverain saoudien, feu Fahd Ibn Abdel Aziz, avait offert un avion au président ould Taya « un GRUMMAN G2 » non aménagé pour servir d’avion présidentiel que le président décidera de donner à la société Air Mauritanie à cause de son coût d’entretien exorbitant.
Quelques années plus tard le président Taya recevra un autre avion offert cette fois par l’Emir du Qatar Hamed Ben Khalifa Al Thani, de type « BOEING 727 » qu’un responsable mauritanien est allé en Afrique du sud pour en prendre possession.
Celui-ci se rendra compte, une fois sur place, que l’autonomie de vol de cet appareil ne dépassait pas les quatre heures, donc inapproprié pour les longs voyages à cause de la nécessité d’effectuer plusieurs escales de quoi augmenter les charges.
Le président Taya décidera de donner cet appareil à la société AIR MAURITANIE pour l’utiliser pour des vols domestiques ou pour des vols à destination des capitales de la région.
Des proches de l’ancien président Taya estiment que celui-ci, peu voyageur, ne sentait pas le besoin de disposer d’un avion présidentiel.
Le temps des voyages
L’ancien président Mohamed O. Abdel Aziz qui a dirigé le pays pendant une décennie est celui qui a le plus voyagé, parfois à bord d’avions mis à sa disposition par d’autres dirigeants comme par exemple le président libyen Khadafi ou l’Emir du Qatar Hamed Ben Khalifa Al Thani.
Ould Abdel Aziz utilisait régulièrement les appareils de la société Mauritania Airlines et plus tard celle qui lui a succédé, des voyages qui perturbent grandement les programmes commerciaux de ces sociétés parfois pendant plusieurs jours.
Une crise qui s’est également perpétuée avec l’actuel président Mohamed O. Cheikh El Ghazouani.
Une source officielle a estimé que l’achat d’un avion présidentiel est « une décision de souveraineté et de diplomatie » qui aura des répercussions économiques positives pour la Mauritania Airlines (MAI), avant de rappeler que la majorité des dirigeants des pays voisins se déplacent à bord d’avions présidentiels.