Sahara Médias - L’ancien président mauritanien Mohamed O. Abdel Aziz est apparu mardi dans un direct sur sa page Facebook pour fustiger et tirer à boulets rouges sur l’actuel régime et notamment le président Ghazouani, le ministre de l’intérieur Mohamed Ahmed O. Mohamed Lemine et son frère l’ancien ministre Mohamed Mahmoud O. Mohamed Lemine.
L’ancien président a d’abord évoqué son prochain procès pour corruption, blanchiment d’argent et trafic d’influence, déclarant qu’il s’agit purement et simplement d’un « procès politique », réaffirmant que son problème n’est avec le pouvoir judiciaire mais plutôt avec le pouvoir exécutif et notamment le ministre de l’intérieur.
Plus des deux tiers de ce direct qui aura duré près de 90 minutes a été consacré à la « faiblesse du régime et l’absence du président » mais aussi à défendre son bilan le temps qu’il était resté au pouvoir.
Evoquant son procès prévu à la fin de ce mois, ould Abdel Aziz a dit qu’il s’y préparait ajoutant cependant, à l’adresse des mauritaniens que son adversaire n’est pas le pouvoir judiciaire mais « le pouvoir exécutif qui contrôle la justice ».
L’ancien président s’est attaqué de manière virulente au ministre de l’intérieur Mohamed Ahmed O. Mohamed Lemine et son frère l’ancien ministre Mohamed Mahmoud O. Mohamed Lemine les qualifiant de « corrompus », ajoutant qu’il avait limogé ce dernier de l’ambassade de Mauritanie en Arabie saoudite pour avoir résilié le contrat de bail du siège de l’ambassade sans avoir recouru aux ministres des affaires étrangères et des finances.
L’ancien président a accusé l’actuel ministre de l’intérieur d’avoir transformé l’ambassade de Mauritanie en Turquie où il était en poste, en « un centre pour les membres du groupe des frères musulmans, des mercenaires liés à l’étranger sans aucune loyauté à la Mauritanie ».
Il a formulé ses regrets d’avoir soutenu Mohamed O. Cheikh El Ghazouani lors des élections de 2019 reconnaissant avoir commis « une grave erreur » se sentant coupable « pour l’avoir présenté, défendu et rien ménagé pour son accession à la présidence. » considérant que ce qui était arrivé en 2007 s’est renouvelé en 2019.
Ould Abdel Aziz a qualifié le pouvoir du président Ghazouani d’être « absent face à ses responsabilités laissant les choses entre les mains de personnes peu intéressés ni par la chose publique ni par les problèmes des citoyens ».
« Nous sommes les seuls à pouvoir changer cette situation a notamment dit l’ancien président, seul le peuple peut la changer » ajoutant que les prochaines élections constituent une occasion en or pour provoquer un changement.
Dans son long réquisitoire contre le pouvoir en place, l’ancien président reconnait « une grave erreur celle d’avoir remis le pouvoir à ce régime mais je vais corriger mon erreur » appelant les mauritaniens à s’engager au sein du parti « Ribat El Watani » son unique parti.
L’ancien président s’est également attaqué aux partis d’opposition « basés sur des considérations tribales, sur des intérêts et l’appartenance à l’état qui distribue des milliards afin de satisfaire certains et bâillonner les autres ».
Il a révélé avoir eu des contacts pendant deux mois avec le mouvement FLAM, refusant de le qualifier « d’extrémiste » considérant qu’il s’agit plutôt « d’un groupe de citoyens mauritaniens appartenant à un groupe social qui a le plus souffert de l’injustice ».
« Je les ai rencontré à Paris et je connaissais certains d’entre eux, j’ai également travaillé avec d’autres au sein de l’armée et on doit reconnaître que de grave erreurs ont été commises. »
Ould Abdel Aziz a encore dit « nous devons tous nous sacrifier pour construire une nouvelle Mauritanie basée sur la justice débarrassée de l’injustice, une Mauritanie d’égalité ».
L’ancien président est accusé de corruption, de blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite en même temps que d’autres personnalités qui ont travaillé avec lui de 2008 à 2019.
Selon les informations disponibles la justice mauritanienne a gelé à ce jour 41 milliards MRO (plus de 100 millions de dollars) dans le cadre du dossier de la décennie dont plus de la moitié appartient à ould Abdel Aziz et à des membres de sa famille.