Les locaux du ministère des pêches et de l’économie maritime ont abrité lundi un atelier de restitution des travaux d’une rencontre d’information et de sensibilisation des parties prenantes à l’ITIH (Initiative de Transparence dans l’Industrie Halieutique), organisée les 27, 28 et 29 janvier dernier à Nouadhibou. Une occasion pour passer en revue le rapport et les recommandations avant l’ouverture de la Conférence internationale sur la transparence dans le secteur des pêches prévue le mercredi 3 février 2016.
Quelle transparence possible dans le secteur des pêches en Mauritanie? Comment servir d’exemple pour prétendre à un leadership pour une initiative mondiale ou pour le moins continentale? En s’engageant dans cette perspective, le prix à payer sera conséquent pour le régime en place. Finis donc seront les passe-droits, l’opacité, la corruption et le népotisme jusqu’ici la règle? La question de transparence dans le secteur des pêches récurrente depuis des années trouve, en tout cas, grâce au professeur Peter Eigen, l’ancien patron de l’IETI, qui en est l’initiateur à l’échelle internationale, une raison d’espérer. Une caution morale pour ainsi dire afin de contribuer à mettre fin à la gabegie ambiante dans le secteur au prix d’une transparence exaltée. Il pourrait aussi compter, à cet effet, sur la convention signée par le Gouvernement mauritanien, en avril 2015 avec HUMBOLDT-VIADRINA Governance Platform.
Or, Peter Eigen –FiTi international- est plus que jamais aujourd’hui fondé à trouver dans l’annonce faite par le président Aziz, en janvier 2015, à l’occasion de la Conférence de haut niveau sur le développement et la transparence à Nouakchott, une bouée pour s’accrocher. Pour mener à bon port son initiative. Ceci est d’autant plus important pour le Gouvernement qui s’attèle à une opération de « Com » inespérée alors que le dernier rapport de Transparency international indexe les autorités d’une perception de profonde corruption. Mais qu’à cela ne tienne puisqu’au bout du compte, la FiTi tente de focaliser sur un nouveau processus qui, à termes, devrait trouver des réponses à une trilogie : qui a le droit de pêche ? Que paye-t-il pour le droit d’accès à la ressource ? Et enfin quelle est la quantité prélevée ?
Contrairement à l’IETI, la FiTi quoique suivant le même échafaudage organisationnel tripartite développe une vision axée sur la chaine des valeurs pour chaque pêcherie. Le processus est donc enclenché, sous le regard des principaux partenaires, avec la mise en place d’un groupe national multipartite mais ne devrait en réalité aboutir que vers la fin 2016. Prévue depuis décembre 2015, la Conférence internationale ne s’ouvrira finalement que mercredi 3 février 2016.
Charité bien ordonnée commence par soi-même !
La question d’une gestion transparente des ressources est presque sur toutes les lèvres en Mauritanie. Si le secteur extractif (mines et pétrole) a déjà une initiative spécifique, à laquelle la Mauritanie a adhéré depuis 2005, le secteur des pêches –ressources dynamiques- qui connait autant de vagues pour sa gestion semble aujourd’hui s’arrimer sur sa propre orbite pour des règles et mécanismes de bonne gouvernance qui lui sont propres, avec en toile de fond une gestion durable qui permette la régénérescence des espèces. La formule avec FiTi n’est donc pour cette raison pas « la même » a répété à Nouakchott, l’expert Mohamed Ould Maayiv en charge de présenter les résultats de l’atelier de Nouadhibou.
A la veille de la tenue de la Conférence internationale sur la transparence dans le secteur des pêches et alors que les délégations devant y prendre part continue d’affluer, la rencontre préparatoire a tenté de mettre au même diapason différents acteurs impliqués pour une vision transparente de la gestion des pêches en Mauritanie.
Pour autant, et même si le processus de la FiTi à l’échelle nationale n’est qu’à ses balbutiements, les prétentions du Gouvernement à booster l’engouement des autres pays notamment de la Csrp et d’autres sur le Continent africain requiert de tourner définitivement la page de la mauvaise gouvernance en termes de divulgation d’informations et des mesures techniques tous azimuts comme la publication et mise à jour régulière des listes des bateaux sous licences opérant en Mauritanie , les types de licences accordées, la publication des données sur les captures des bateaux et des prises accessoires, collecte des données se rapportant aux stocks de poissons disponibles, la divulgation des revenus et leurs affectations…
Mais nous n'en sommes pas encore là. Alors wait and see!
J.D