Deutsche Welle - Cette force, composée de 10.000 hommes, sera basée à Tamalé, au Ghana. Elle comprendra un volet renseignement à Ouagadougou, pour lutter contre le terrorisme.
Lancée en 2017, l'Initiative d'Accra vise à intensifier les efforts régionaux pour faire face à la menace croissante des violences jihadistes.
Les chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres de l'Initiative d'Accra, regroupant le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Ghana, le Mali et le Togo, ont annoncé mercredi (23.11.2022), dans la capitale ghanéenne, l’opérationnalisation d’une Force nationale multinationale dans un délai d'un mois.
La Force multinationale conjointe sera axée sur le partenariat et le soutien mutuel entre Etats membres en matière notamment d’opérations conjointes, de formation et de partage de renseignements.
Coopération entre services de renseignement
Le partage des renseignements est un aspect qui distingue l’Initiative d’Accra des autres forces, estime la chercheuse Ella Jeanine Abatan. Cette spécialiste des questions sécuritaires à l’Institut d’études de sécurité (ISS) a pris part au sommet.
"C’est un point clé dans la lutte contre l’extrémisme violent : la collaboration transfrontalière, estime-t-elle. C’est-à-dire le partage de renseignements et la capacité d’agir suivant les renseignements… et c’est quelque chose qui est pris en compte par l’Initiative d’Accra".
Ces derniers mois, la mise en œuvre de l'Initiative d’Accra est devenue une priorité du fait de la multiplication des attaques dans les régions septentrionales des pays côtiers comme le Bénin et le Togo.
Mais aussi, estiment des observateurs, à cause du vide que va créer la fin de l’opération antiterroriste française Barkhaneet les retraits annoncés des contingents militaires de certains pays de la force onusienne au Mali, la Minusma.
La dégradation de la sécurité au Sahel "menace d'engloutir toute la région de l'Afrique de l'Ouest", a prévenu le président ghanéen Nana Akufo-Addo lors de la réunion.
Les zones d’ombre de l'initiative
Nombreux sont les points qui restent à clarifier, notamment le déploiement des forces et des questions liées au financement.
"La question du financement sur fonds propres est l’un des défis à relever par l’initiative pour s’assurer de son indépendance et de son autonomie d’action dans la durée", insiste Ella Jeanine Abatan de l’ISS.
Mais pour le président ghanéen Nana Akufo-Addo, il serait difficile de se passer de l’appui des partenaires internationaux.
"Notre évaluation indique que le soutien des membres de la communauté internationale sera nécessaire, mais nous restons fermes dans notre engagement à assumer une plus grande part de la responsabilité requise tout en engageant des partenaires internationaux qui sont prêts à respecter notre statut d’une initiative propre à nous", a déclaré le président ghanéen.
Et la chercheuse Ella Abanta de préciser qu’"à condition que ce financement ne mette pas à mal leur indépendance et leur capacité à agir et à identifier leurs priorités et leurs actions".
Pour rendre fonctionnelle la force anti-terroriste, l’Initiative d‘Accra a besoin d’environ 550 millions de dollars américains et la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, s’est dite disposée à contribuer à la mobilisation de ce fonds.
Kossivi Tiassou