Mondafrique - L’ancien président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, est à Paris pour des examens médicaux. Poursuivi par la justice mauritanienne, il est accusé d’enrichissement illicite, recel et blanchiment d’argent au cours de ses dix années au pouvoir.
Mais le délai de sa détention provisoire expiré, l’ancien président a recouvré la liberté au début du mois et récupéré ses passeports. Dans une comparaison osée, notre chroniqueur Babah Sidi ABDELLA évoque à propos de l’ancien Président mauritanien, le « visage de Tinguerda ».
Lequel Tinguerda, un dérivé de fer résistant à la chaleur et utilisé pour fabriquer des ustensiles de cuisine, évoque la froideur et l’impassibilité avec lequel ce grand prédateur fait face aux graves accusations de détournement.
Il est un adage mauritanien qui résume l’état d’esprit de l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz; c’est un personnage à visage de Tinguerda! L’homme au cent scandales (une moyenne de 10 scandales par an),ne cesse de prendre les mauritaniens pour des dupes qui ont une mémoire de poisson rouge!Sinon, comment peut-il avoir l’outrecuidance de dire aux mauritaniens qu’il a toujours été riche et qu’il continue de s’enrichir sans avoir jamais détourné une ouguiya, un euro ou un dollar des biens de la Mauritanie?
Et l’ancien chef de l’État de prétendre publiquement être l’un des rares chefs d’Etat mauritaniens à pouvoir justifier sa fortune! De Moctar Ould Daddah à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en passant par Mohamed Saleck, Ahmed Louly, Maaouya Ould Taya et Ely ould Mohamed Vall, nos anciens présidents n’ont jamais vu les Mauritaniens mettre en doute leur probité morale.
La mémoire collective de notre peuple retiendra, en revanche, pour toujours le nom, l’image et la voix d’un certain Mohamed ould Abdel Aziz recevant au palais présidentiel des trafiquants de drogue, négociant au téléphone le blanchiment de faux dollars, marchandant ,en bilatéral, les positions diplomatiques de la Mauritanie et pratiquant la traite des êtres humains en contrepartie de millions de dinars ( la vente de Senoussi).
Les Mauritaniens se rappellent aussi du même Aziz,image et son à l’appui, avouant ne posséder qu’une foreuse de puits. Ce modeste patrimoine affiché est à ajouter à son Hamam qui ne lui coûtait pas beaucoup, car approvisionné en bois coupé des arbres du palais présidentiel, alors qu’il était l’aide de camp du Président Maaouiya.
La boulimie immobilière de l’ex Président lui a permis de se constituer dans la ville de Nouakchott, frappée par la crise et la pauvreté, un véritable patrimoine immobilier.
Le rachat d’écoles et de commissariats
C’est le même Aziz qui, après dix ans de règne, critique le système éducatif mauritanien sans que personne de son auditoire n’ait le courage de lui rappeler que sa fameuse « année de l’éducation » s’est singularisée par sa vente d’écoles primaires, de parcelles de l’école de police, du stade olympique et de la télévision nationale.
Résultat sans appel: la même année a été marquée par un taux de réussite au baccalauréat de moins de 10%.
L’homme au visage de Tinguerda, explique , en prix Nobel d’économie , devant une partie de la diaspora mauritanienne à Rennes qu’après lui c’est l’hécatombe et que le pays est en faillite économique croyant ainsi pouvoir faire oublier que c’est lui qui est à l’origine des scandales de PolyHongdong, de Kinros (cible en 2015 d’une enquête de la SEC et du département américain de la justice), de la vente des terres agricoles de la vallée et de la transaction MDC qui devrait permettre à la Mauritanie de « fabriquer et d’exporter des avions dans le reste du monde ».
« Si l’orateur est fou, l’auditeur se doit d’être lucide ». Un proverbe mauritanien
Plus grave encore, Aziz , qui n’a pas dépassé les années du secondaire, s’approprie le principe de l’adéquation formation -emploi et navigue à vue dans un français qui « ne tient pas la route ».
La zizanie n’a pas de limites. Le monde entier a hâte de découvrir la nouvelle théorie économique qui a permis à Aziz, auquel la loi interdit toute activité commerciale, de s’enrichir, lui qui avoue n’avoir jamais utilisé une ouguiya de son salaire de président, ni détourné un rond des deniers publics.
Par La rédaction de Mondafrique