Seul pays sahélien bénéficiant de statut de partenaire de l’organisation, la Mauritanie confirme par sa présence à Madrid sa percée diplomatique à l’Otan.
Inauguré, en janvier 2021, par la première visite historique à son siège, à Bruxelles d’un chef d’Etat mauritanien, Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, le rapprochement avec l’Otan propulse la Mauritanie au statut de partenaire privilégié au Sahel. Le partenariat entre les deux parties avait anticipé, à l’époque, Jens Stoltenberg, Sg de l’Otan "peut conduire à une coopération plus vaste entre l'OTAN et la Mauritanie, notamment dans le domaine de la sécurité des frontières". Ainsi malgré l’importance des sujets de l’Ukraine, qui à elle seule accapare l’intérêt de l’Otan, de l’admission de la Suède et de la Finlande à l’organisation, l’intérêt de l’Otan pour la Mauritanie, déjà membre du dialogue méditerranéen, en tant que partenaire privilégié ressort aussi de la déclaration finale de ses Chefs d’Etat et de gouvernements de l’organisation, à l’issue du sommet de Madrid. Il en va sans doute de la position géostratégique de notre pays dans la région du Sahel et de l’impact de ce dernier sur la région MENA, mais aussi de la volonté politique de coopération clairement exprimée par les plus hautes autorités de l’Etat à tirer profit du nouveau concept stratégique de l’Otan dans les domaines de la sécurité et de la défense.
Merzough, contacts tous azimuts
De l’américain Antony Blinken, en passant par le chèque Lipavsky, le turc Mevlüt Çavuşoğlu, la suèdoise, Anne Linde, le portugais Carvinho ou encore son hôte J.M Abares, Mohamed Salem Merzough, ministre mauritanien des affaires étrangères, de la coopération et des mauritaniens de l’extérieur était ardemment sollicité par ses pairs. Dans toutes ces réunions bilatérales, les déclarations font la part belle au raffermissement des relations politiques et des échanges économiques. A l’issue de la rencontre avec Blinken, ce dernier a révélé que les États-Unis appréciaient les efforts de la Mauritanie dans le domaine des droits de l'Homme précisant, par ailleurs que la Mauritanie était « un partenaire pivot dans le domaine de la sécurité régionale».
Un sentiment partagé par le SG/Adjoint de l’Otan Javier Colomina qui sera nous a-t-il confié lors d’un entretien à diffuser prochainement, en Mauritanie pour visiter l’Académie militaire de Nouakchott et pour passer en revue les secteurs de coopération entre les deux parties. L’Otan a, note-t-on, déjà annoncé un plan de soutien à la Mauritanie pour l’aider à sécuriser ses frontières et à lutter contre l'immigration illégale et le terrorisme via l’adoption d’un programme Defense Capacity Building (formation des forces armées et de sécurité, lutte contre le terrorisme, appui au contrôle de la circulation des armes légères)…. Un sentiment bien relayé par le Chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez dont le pays appuie la Mauritanie comme partenaire incontournable dans la lutte contre le terrorisme et les flux migratoires illégaux : "Nous avons inclus une mention significative concernant le Sud, notamment la zone d'Afrique subsaharienne et du Sahel. C'est une des plus grandes préoccupations pour l'Europe et en particulier pour notre pays en raison de l'instabilité et des risques qui en découlent en termes de flux illégaux de migrants, de terrorisme, de crise alimentaire, de crise énergétique et aussi d'urgence climatique"…Six initiatives ont jusqu’ici été déployées par l’Otan au bénéfice de la Mauritanie, explique un haut responsable des opérations de l’Otan.
L’Otan garde cependant suivant son approche 360° un œil à la région sahélienne et en Afrique subsaharienne où elle soupçonne "les menaces et les défis au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et au Sahel", exacerbées par les tentatives russes et chinoises de vouloir instaurer des « percées politiques, économiques, militaires au sud" du territoire des pays de l'OTAN.
Une perception sans doute aiguisée par la présence de mercenaires russes du groupe Wagner au Mali ou en Centrafrique alors que l’Otan considère désormais la Russie comme la «menace la plus significative et directe pour la sécurité des alliés",
Jedna Deida
Envoyé Spécial à Madrid