Le Calame - Les chiffres donnent le tournis. Ils sont pourtant bien réels. Les milliards découverts dans les comptes d’Ould Abdel Aziz, de ses proches et de certains de ses co-accusés, les immeubles, les villas cossues, les terrains d’habitation, les camions, les citernes, les bulldozers et les tout-terrains, cités en détail dans le dossier d’accusation, donnent une idée de ce que ce pauvre pays a enduré au cours de la fameuse décennie.
Alors qu’il se prévalait du titre de président des pauvres, brandissant le slogan de la lutte contre la gabegie, Ould Abdel Aziz a révélé son vrai visage. Cupide jusqu’à la moelle, boulimique et insatiable, il a passé plus de temps à sévir qu’à servir.
Sa famille et certains de ses proches ne sont pas non plus privés. Toute honte bue, ils ont amassé des fortunes colossales dont personne ne pouvait imaginer l’ampleur avant la diffusion dans la presse de données figurant dans leurs dossiers.
On parle de plus de soixante-dix milliards d’anciennes ouguiyas amassées par ces collectionneurs d’un genre nouveau, sans compter les magots planqués à l’étranger qui font que ce qui a été saisi localement n’est peut-être que la partie visible d’un énorme iceberg.
Tout le monde se rappelle encore du départ d’Ould Abdel Aziz pour la Turquie, juste après sa remise du pouvoir à Ghazwani. Il avait affrété un avion de la MAI, emportant avec lui plus de soixante-dix valises qui ne contenaient sans doute pas uniquement ses effets personnels. Malgré une commission rogatoire adressée à ce pays, toujours sans réponse à ce jour, cet argent est perdu de bon et il n’est sans doute pas le seul.
D’autres pays ont eu leur part du gâteau. Pour une ouguiya saisie localement, combien d’autres envolées ?
Ahmed ould Cheikh