Visite guidée pour les médias à Tasiast : Veni, vidi, vici ! | Mauriweb

Visite guidée pour les médias à Tasiast : Veni, vidi, vici !

mer, 15/06/2022 - 11:47

Il y a juste un an, jour pour jour, se déclarait un sinistre au niveau du broyeur SAG de l’usine de production de Tasiast. Un événement grave de conséquences pour l’entreprise, condamnée à revoir à la baisse ses projections de production et de suspendre momentanément son projet phare du «Tasiast 24K ».  Tout semble être rentré dans l’ordre maintenant, mais depuis octobre dernier, un nouveau DG G. Ferguson, a été appelé à la rescousse pour en booster la relance. Compte-rendu !

 

«Safety », c’est le leimotiv qui revient pratiquement «obsessionnellement» dans et aux alentours du camp qui sert de base de vie pour Tasiast, la mine d’or que l’entreprise canadienne Kinross Gold Corporation exploite depuis 2010. Agents de sécurité, caméras de surveillance, badges, signalisations, systèmes d’alertes, quand on y entre «Tasiast » donne l’impression d’un bunker imprenable. Mais la dizaine de journalistes invités pour une introspection dans la mine et guidés s’accommodent vite des restrictions sécuritaires, indispensables ici à la bonne marche de l’organisation et sont de facto plongés dans l’environnement de la société. La plupart des journalistes en sont à leur premier voyage et se disent, malgré tout, subjugués par cette organisation minutieuse. Ils sont studieux devant les explications des différents responsables de l’entreprise. Toutes ces règles s’imposant à tout le personnel de l’entreprise mais aussi à ses visiteurs. Comme pour l’autre pilier qu’est la santé, Tasiast ne badine pas avec la sécurité sur son site.

Mais cette impression d’étau s’effiloche vite car le camp (base de vie) est un joyau urbanistique qui malgré l’organisation stricte n’a rien d’une citadelle misogyne. Ici, la vie, la joie, le divertissement s’y côtoient au gré de cette aventure industrielle et humaine. Rien qu’à voir les aires de sports aménagées et le Ladies Lounges où une centaine de femmes employées de l’entreprise peuvent s’alterner dans un espace qui leur est spécialement réservé pour comprendre que le camp regorge de vie. Ce rappel parfois strident à la sécurité et à l’organisation méticuleuse trahit la volonté de Tasiast de ne rien laisser au hasard pour honorer ce qui semble être son nouveau statut de mine à l’échelle mondiale. La visite guidée commence par un cours sur la sécurité et le comportement responsable. Le cours est dispensé par un jeune mauritanien. Il passe en revue les 7 règles cardinales allant de l’équipement individuel, aux autorisations spécifiques, en passant par le respect scrupuleux des dispositifs de sécurité mis en place. Ensuite projection d’une vidéo sur la mine, son potentiel et ses défis. Après cette diffusion, un focus du directeur de la mine sur l’historique, l’exploration et la durée de vie estimée de la mine (jusqu’en 2033), suivi d’un exposé sur la géothechnique par des moyens sophistiqués qui contribuent à sécuriser l’exploitation de la mine. Enfin une visite est effectuée au site de la mine West Branch Pit actuellement en exploitation. La seconde mine, Piment Pit, est elle laissée en friche en attendant la reprise de son exploitation.

De visu, c’est l’exploitation par forage de trous béants, le transport du minerai vers le concassage avant le traitement et le moulage des lingots d’or. C’est une véritable fourmilière où Oumkalthoum Sow (photo), la trentaine, en même temps que d’autres femmes de son âge, sont les véritables coqueluches de la mine. Le seul fait pour ces jeunes femmes de tenir la bride d’un Caterpillar de plus de 250 tonnes force l’estime et le respect des visiteurs. Elles broient les stéréotypes de la « femme au foyer ». Ici l’intégration et la promotion de la femme vont de pairs. Elles sont aujourd’hui plus d’une centaine de femmes à être intégrées et qui s’émancipent par le travail dans la mine. Sans doute aussi que la confiance donnée par l’employeur y a beaucoup contribué. Mais comme plus de cinq cents individus, depuis 2015, Oumkalthoum a dû effectuer une formation sur des simulateurs d’engins avant d’être lancée. Une formation et qui reste la pierre angulaire du dispositif de mauritanisation des emplois. Selon, Mohamed Ould Cheikh, responsable de la formation à Tasiast, au moins 500 personnes ont subi une formation qualifiée. Il cite également des synergies avec les centres nationaux de formation comme les CFPP pour mettre en avant la main d’œuvre nationale.

Et la plongée continue avec la visite de la clinique du camp. Un autre joyau pour les soins d’urgence. Avec plus de 30 milles consultations, la clinique du camp est une structure qui assure les soins d’urgence à tous les travailleurs et qui peut aussi décider de leur évacuation vers les hôpitaux de Nouakchott ou Nouadhibou. Cette structure a même été mise à contribution pour jouer un rôle crucial lors de la pandémie de la Covid-19, maintenant les travailleurs et les communautés alentours (par une clinique mobile) dans les meilleures dispositions de protection et de sensibilisation face à cette maladie. Ensuite, ce sont les sapeurs-pompiers, une quinzaine d'individus tous mauritaniens mais encadré par un étranger, qui déroulent leur rôle dans la sécurité des installations et des personnes. "Malgré le sinistre de l'année dernière, nous apprenons toujours de notre expérience pour faire au mieux" lance leur chef.

 

« Ensemble vers l’avant » !

Il est vrai que l’accident du 15 juin 2021 a laissé des traces dans les esprits même si l’entreprise a totalement recouvré son efficacité et qu’elle a limité les dégâts financiers liés à cet accident. Seul le travail paie. Preuve de sa solidité financière, « Tasiast n’a pas failli au moindre engagement financier souscrit » en dépit d’un arrêt de 5 mois dans l’exploitation de son usine, révèle le nouveau directeur général, G. Ferguson, en poste depuis huit mois seulement. Son assise financière lui aurait permis d’honorer tous ses engagements avec l’Etat, les employés mais aussi pour ce qui concerne l’appui continu aux communautés environnantes, sur un rayon de 30 km de la mine.

 

Pour son nouveau DG, «Tasiast a conscience de sa responsabilité sociale » et n’entend pas s’en départir, assure-t-il.  Et pour marquer le cap et la nouvelle philosophie d’osmose, le nouveau DG n’a pas hésité avant d’interdire la consommation d’alcool sur site. Un respect des valeurs cultuelles qu’il va perpétuer aussi par l’observation, tous les vendredis après-midi, d’une « pause-sécurité ». Un arrêt du travail en vue de créer une concertation transversale où les équipes de santé, de sécurité et les superviseurs passent en revue les meilleurs moyens d’actions conjointes pour parer à tout. Sur le plan social, le nouveau directeur a dit avoir arrêté la formule de la sous-traitance pour favoriser un business-partner avec les entreprises mauritaniennes. L’objectif selon le DG est de travailler dans la transparence et l’efficacité recherchée.

 

G.Ferguson, le nouveau maestro !

Après huit mois d’action, une production de 3 millions d’onces en mai 2022, G. Ferguson (Photo), infatigable, cherche toujours à insuffler à son équipe le bénéfice de son expérience de 30 ans acquise dans les mines. Le bilan de la production est tout simplement élogieux pour une entreprise qui était censée perdre. A noter que ladite production est aujourd’hui celle de la seule mine de West Branch (Piment étant inexploitée actuellement).  

 
 

Ce n’est donc pas un hasard si G.Ferguson tient bien aujourd’hui le gouvernail et fomente une synergie voire la communion avec tous les employés de la mine afin d’apporter l’inspiration et l’encouragement nécessaires. Il y a certainement de quoi s’enorgueillir d’avoir réussi une mission «délicate » ; mais G.Ferguson ne se sent pas pris au dépourvu quand sont évoquées les revendications sociales. «Les délégués et les syndicats veulent toujours plus et c’est leur mission » répond-il sans frémir. «Nous travaillons que pour l’entreprise-mère, l’Etat, les Business Parteners, les travailleurs et les communautés environnantes trouvent tous leurs comptes ». Mais outre l’outil de production, dans sa préservation et sa maintenance, pour le nouveau patron de Tasiast, les priorités se confondent avec la perpétuation des acquis et l’amélioration constante de la santé et de la sécurité de tous les travailleurs. Une mission présentée comme exaltante et pour laquelle l’entreprise ne lésine pas sur les moyens financiers en termes de formation de haute facture à l’instar des standards internationaux, de sensibilisation, d’inspection et de contrôle. La seule partition que tous semblent jouer ici.

 

Mieux voir une fois qu’entendre cent fois…

En effet, la mine à ciel ouvert de Tasiast 300 km au N-E de Nouakchott, réglée comme une horloge, est aujourd’hui identifiée de classe mondiale en raison de son énorme potentiel en gisements d’or découvert dans les entrailles de cette aire désertique mais aussi du fait d’un investissement colossal consenti par la compagnie Kinross dans l’infrastructure et la technologie de pointe pour la mise en valeur et l’extraction du minerai. L’arrivée du nouveau DG, G. Ferguson, coïncide avec une nouvelle stratégie ; une sorte de redéploiement qu’opère Kinross Gold Corporation, la maison-mère, abandonnant sa mine en Russie (Kupol où Ferguson officiait comme DG) à cause de l’invasion de l’Ukraine ou encore Chirano, sa mine au Ghana. Cette re-concentration sur sa mine mauritanienne témoigne, sans doute, aussi de l’intérêt de ce partenariat noué avec la Mauritanie où l’entreprise, en plus du filon, a trouvé un havre de paix et une main d’œuvre professionnellement compétente ou perfectible. Tasiast emploie aujourd’hui plus de 3800 personnes dont 97% sont de nationalité mauritanienne.  La Mauritanie et son gouvernement hissent, à leur tour, l’image d’un pays propice à l’investissement direct étranger. En somme, une affaire win-win.

J.D

Tasiast