UFP - Depuis plusieurs semaines, la situation de la propriété foncière dans la capitale Nouakchott, est au centre des préoccupations des citoyens et des ministères de l’habitat et des Finances.
Les autorités observent un mutisme total sur ce qui semble être le scandale du siècle au dépens du domaine foncier de l'Etat et même de propriétés privées de citoyens.
Des informations relayées par les médias et de nombreux autres signes alertent sur la gravité exceptionnelle du pillage commis:
- plusieurs hauts fonctionnaires des Domaines ont été démis de leurs fonctions.
- plusieurs dizaines d’intermédiaires ( "samsara") ont été arrêtés et interrogés durant plusieurs jours.
- le ministère des finances a porté plainte contre X selon la déclaration du nouveau ministre à la presse la semaine dernière.
- une commission tripartite : ministère de l’habitat, ministère des finances et armée nationale (cette dernière au titre d’exécutant du nouveau plan de la capitale) planche sur le problème depuis plusieurs semaines.
Selon des sources concordantes:
- des centaines d’hectares dans les quartiers les plus prisés de Nouakchott initialement obtenus dans le cadre de prétendues "Concessions Rurales" ont été morcelés et vendus, rapportant des dizaines de milliards aux riches bénéficiaires en violation totale de la loi qui stipule que tout détournement de l’objet pour lequel la concession avait été accordée annule de fait l’attribution.
- pour parvenir à leur fin, les parrains de ce système de détournement massif de la propriété de l’État n'ont pas hésité à falsifier des documents officiels et des seaux de l’Etat;
- plus grave encore, le visage de la ville de Nouakchott aurait été défiguré par les manipulations du plan; et comble de confusion, le dernier plan destiné à corriger les précédents et réalisé par le ministère de tutelle avec l’assistance de l’armée nationale n'y a pas échappé. Des délits d’initiés auraient permis à certains propriétaires influents d'obtenir des modifications et d’insérer leur terrain à la place qu'ils souhaitaient.
C'est la complicité tripartite entre des hommes d'affaires puissants et influents, de hauts fonctionnaires des Domaine et des Finances et des intermédiaires ("samsara"), tous assurés de leur impunité, qui a ainsi mis en péril la crédibilité de l'Etat et la sécurité de la propriété foncière, désormais sujette à équivoque dans ses deux aspects, l'habitat et les transactions.
Le scandale est d'autant plus intolérable que la majorité de la population de la Capitale est aujourd'hui parquée dans des quartiers étouffants où des lots étroits de 10m x 12 ne sont attribués chichement qu'à la suite de péripéties interminables.
L’incontournable conclusion à tirer de cette affaire est que l'existence d'une mafia du foncier influente sur les hautes sphères de l'Etat et assurée de l'impunité met désormais en péril l'Etat de droit et l'ordre public.
Aussi Ufp:
- réclame-t-elle du gouvernement que toute la lumière soit faite sur cette grave affaire;
- met en garde contre les tentatives de l'étouffer, et de recourir à la pratique du "deux poids, deux mesures", au moment où le dossier de la décennie de gabegie est devant les tribunaux.
12 juin 2022
Commission de la Communication