
Un groupe de confrères vient d’être convoqué àNouadhibou. De sources informées,, ils sont appelés à répondre à une plainte déposée contre eux par la Snim. Pour l’heure, ni la police de Nouakchott qui a transmis les convocations aux personnes cibles et plus grave, ni le Procureur de la ville de Nouadhibou, ne savent pas le contenu de la plainte.
Ce serait donc une Lapalissade d’annoncer que la décision de convoquer les journalistes viendrait de la haut, du président de la République, certainement. Car dans ce pays, qui ose franchir une telle haie sans en aviser la hiérarchie ? Et la hiérarchie ici, tout le monde la connaît !
En fait, la presse dérange. Elle dérange surtout le chef de l’État qui lui refuse ce statut de quatrième pouvoir et qui ne ménage rien pour l’étouffer. La situation est donc claire : en s’en prenant encore une fois à la presse, par personne interposée, le président Ould Abdel Azizz a failli à un code d’honneur aussi bien social que politique dans ce pays.
Et ce n’est pas la première fois, que le président agirait de la sorte. Et d’aucuns de constater que même si l’homme s’est inscrit dans la logique de "l’hérésie" en se prenant aux journalistes chaque fois que l‘occasion se présente et en minimisant leur rôle social, choses qu’aucun président n’avait fait avant lui, il oublie que lui, avait renversé le régime démocratique du pays après qu’il ait été démis de ses fonctions de chef d’état-major particulier.
Pourquoi lui en vouloir aujourd’hui s’il n’a fait que ce qu’il avait l’habitude de faire ? Et Pourquoi lui en vouloir quand on trouve des journalistes prêts à mouiller la plume et à verser les larmes des mots pour déifier l’omnipotent Président qui est tout aux yeux de ceux qui lui doivent la petite vie d’un instant ?
Ceux qui, comme ces cadres, jadis gauchistes "révoltés" vivant aux chimères du vent et de l’idéalisme , assagis par une sinécure qui ne sert qu’à insulter les autres, les anciens compagnons et à aduler le Général que certains ont le plaisir de qualifier de "général climatisation" qui n’ont jamais mis pied dans un front autre que celui des cartes sur table et des bons de trésor !
Il faut se dire, la vérité, les priorités du Régime sont ailleurs. Plus la diversion ne marchera pas.
On a beau insulter les journalistes, minimiser leur rôle, on a beau convoquer ces journalistes devant la justice pour des faits anodins, on a beau démenti ces journalistes, on les a maintes fois pris en balourds, mais que dire de ceux qui ont échoué à faire de bons militaires avant de s’imposer en experts en manipulations, intoxications et qui ont fini par mettre tout un pied en panne ?
Que dire de ceux qui ont menti à leur peuple en lui faisant miroiter des paradis qu’ils sont aujourd’hui les seuls à vivre alors que la populace languit dans l’enfer de leurs mauvaises politiques sur tous les plans ?
Que dire de ceux qui chantent les "vertus" de la démocratie et de la liberté qu’ils ont censé avoir offert alors que les jeunes manifestants, des représentants de la société civile, des militants des droits de l’homme, les leaders de l’opposition sont privés de tout, y compris du droit à manifester pacifiquement ?
Que dire de ceux qui poursuivent toujours le faux lapin en s’en prenant à des civils étrangers sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme alors qu’ils regardent, passifs et la peur au ventre, Ansar Dine, Aqmi et autres MUJOAinstaller un Aqmiland ou un Aqmistan aux portes de Fassala, sans broncher ? Que dire de ceux qui encouragent la médiocrité car incapables de dissocier entre les moins bons, les pires, les bons et les excellents ?
On a beau insulter les journalistes, négliger leur rôle combien précieux, mais que dire de ceux qui se sont parachutés sur la scène politique alors qu’on les attendait ailleurs ? Que dire de ceux-là qui croient pouvoir mener seuls le monde alors qu’ils savent qu’ils n’en sont pas capables ? Que dire de ceux qui sont persuadés de se tromper de chemin et qui continuent de s’entêter malgré tout dans la voie gauche et sombre qu’ils se sont tracés ?
Qu’à cela ne tienne, convoquer des journalistes devant la Justice, n’est pas l’arme qu’il faut pour étouffer les aspirations de liberté pour les hommes de plume. Ici, l’intimidation, les menaces, voire l’emprisonnement ne servent à rien. La liberté d’expression est déjà dans ce pays et elle survivra.
Pour autant, il est facile de s’en prendre aux journalistes ; lesquels ne sont pas capables d’allumer un foyer révolutionnaire contre le régime, mais il ne faut surtout pas oublier que les journalistes peuvent accompagner et "encadrer " la révolution ?
Excusez-les militaires, ils n’ont jamais eu le temps de tirer les leçons du siècle des lumières, car ils ont toujours vécu loin des "lumières" !
Amar Ould Béjà (L'Authentique)