En guise de réponse au problème de l’approvisionnement du pays en hydrocarbures | Mauriweb

En guise de réponse au problème de l’approvisionnement du pays en hydrocarbures

mar, 01/03/2022 - 11:01

La rapidité je devrais dire la précipitation d’informer mène souvent à la désinformation.

Suite à l’article paru dans AL AKHBAR et sur CRIDEM relatif à l’annulation d’un marché public prétendument  accordé à ADDAX Energy et en ma qualité de  simple citoyen mais acteur dans le secteur en question, j’ai le droit et le devoir d’apporter des précisions et éclaircissements sur ces informations.  

Le 19 novembre 2021 un appel d’offre pour la fourniture de produits pétroliers  en Mauritanie pour la période du 16 avril 2022 au 15 avril 2023 a été lancé  pour un dépôt de dossiers  et  une ouverture le 6 janvier 2022, quatre sociétés y ont participé : (BB Energy, Mercuria, Coral et Addax) après contrôle des offres techniques,  n’ont été retenues que les trois sociétés BB Energy, Mercuria et Addax. Entre ces trois sociétés  retenues à l’issue de l’examen technique, Addax avait l’offre conforme aux dispositions du dossier de l’appel d’offres,    la moins-disante et dont le prix moyen pondéré de la tonne métrique PMP/T défini dans l’article 29 est  le plus bas.

Certes la marge  fournisseur pour le moins-disant (ADDAX) augmente l’enveloppe pétrolière  d’au moins   30 millions de dollars  par rapport au contrat en cours repartie comme suit :

Gasoil      +163 %

Essence     +28 %

Jet               -16 %

Fuel            +74 %

Il est à noter que la marge fournisseur représente entre 0,3 et 0,9 % de la facture pétrolière.

Depuis le 6 janvier,  Addax et l’opinion publique attendent la réponse du Ministère quant à la décision à prendre par rapport à cette situation, notification ou annulation.

Le 24 février  2022 soit presque 50 jours après et en application de l’article 32 du DAO, le processus a été  déclaré infructueux donc annulation et retour à la case départ.

Ceux qui ont pris cette décision ne semblent pas avoir pris toute la mesure de la complexité du problème. La situation est telle à ce moment :

  1. Les raisons
  2. Nos spécifications des produits

Les spécifications de notre gasoil, de notre l’essence et de notre fuel oil sont les plus sévères de la sous-région  coté souffre, certes c’est un honneur de lutter contre le réchauffement de la planète,  mais si nos voisin du nord et du sud dont la consommation mensuelle double notre consommation annuelle, utilisent un souffre deux fois plus que celui que nous utilisons, ne devrons-nous pas revoir notre copie ?  Et ne pas être seuls à payer la facture ?

  1. Nos moyens de stockage

Le sous dimensionnement des moyens de stockage à Nouadhibou et à Nouakchott  et leur état est l’une des raisons non attractive de nos appels d’offre.

       C) Le tirage sur les cautions de bonne exécution

Depuis plus de douze ans, tous les fournisseurs qui ont livrés la Mauritanie, ont eu à souffrir des tirages sans raisons apparentes,  malgré le fondement  contractuel de ceux-ci, sans tenir compte qu’un contentieux de quelque nature que ça soit porte atteinte à la réputation du marché mauritanien et repoussera sinon durcira la position des candidats éventuels aux prochains appels d’offres.

  1. Les conséquences

La conséquence de ces raisons ne peut être  que financière et se retrouve dans la marge fournisseur, la recherche de spécifications types, le cout des assurances du produit mis en stock dans les installations tant à Nouakchott qu’à Nouadhibou et la provision de trois à quatre cautions de bonne exécution.

En conclusion

Le marché n’a jamais été notifié à ADDAX même en étant la  moins-disante, mais en appliquant l’article 32 du DAO nos décideurs s’attendent à quoi ?

A une baisse, je peux leur répondre tout de suite, il n’y aura pas de baisse, bien au contraire avec la guerre en Ukraine les prix vont flamber au départ , ils vont descendre après une dizaine de jours pour remonter encore et stagner sur une fourchette de +10 à 20 % par rapport à l’avant-guerre et cela si et seulement si la Russie n’est pas totalement exclue du code bancaire swift , autrement prions, prions pour notre avenir et celui de nos enfants et pas seulement pour les produits pétroliers.

Que vont faire nos décideurs si demain ils se retrouvent avec des prix supérieurs à ceux qu’ils ont rejetés ? Cette question peut avoir une réponse mais la question que moi je me pose et qui risque de ne pas en avoir une  est :

Aurons-nous des soumissionnaires dans la conjoncture actuelle et avec  notre DAO si peu attractif?

Nos autorités supérieures  ont-ils bien été informées des conséquences et implications de cette décisions? Savent-elles que le 17 mars à l’ouverture des offres quel que soit la marge proposée nous sommes obligés de l’accepter, il en va de la sécurité  du pays.

Ou envisage-t-on  de confier l’approvisionnement du pays à un autre Etat qui nous tiendra en laisse ?

 Les cargaisons spots et les contrats à terme ne sont pas une solution à l’heure actuelle. A partir du 15 Mars Addax n’a plus le droit d’amener des cargaisons. Elle commencera à ponctionner sur les réserves de sécurité et à la fin du processus il restera un stock des impompables estimé  à plus de 11.000 TM tout produit confondu (dans les fonds de bacs et les tuyauteries).  Tout nouveau fournisseur, doit impérativement prendre en compte cette donne.

Le problème de nos décideurs est qu’ils sont entourés d’hommes et de femmes dont la seule préoccupation est  de continuer à occuper leurs moelleux fauteuils. Ils ont beau avoir toute la bonne volonté du monde être des plus honnêtes des plus sereins  mais s’ils n’ont pas l’information, la bonne information, ils ne pourront pas prendre les bonnes décisions.  Nous devons tous quelle que soit la position que nous occupons avoir pour principale préoccupation  et point de mire de toutes nos actions, l’intérêt supérieur de notre pays.

Une maison solide mais dans un pays qui s’effrite ou s’effiloche est comme du  beurre au soleil alors qu’une tente dans un pays solide est  comme un rocher dans l’océan, elle tiendra contre vents et marées.    

Amar Imigine