La panoplie d’acteurs de contrôle de gestion (internes et externes) des deniers publics aurait du en assurer la préservation et surtout décourager les mains lestes au sein des administrations. Mais la propension à puiser dans les caisses de l’Etat, favorisée par l’impunité, est toujours de saison sous nos cieux.
« Le rythme d'exécution de certains projets n'est pas satisfaisant. Il est également vrai qu'il existe des lacunes et des difficultés à certains niveaux. Mais nous en sommes conscients, et nous travaillons à les corriger ». Ce constat est dressé par le président Mohamed Ghazouani lui-même à l’occasion de journée nationale du 28 novembre 2021. C’est dire tout l’intérêt pour insuffler une bonne gouvernance à la chose publique et mesurer objectivement le degré de réalisation des objectifs des programmes gouvernementaux et éventuellement en corriger les déséquilibres. Le président Ghazouani soupçonné, voire accusé de mollesse, si ce n’est de faiblesse par ses détracteurs, a encore réitéré dans un entretien exclusif à «Horizons » sa ferme volonté de lutte contre la corruption et la gabegie ; deux fléaux qui ont entravé le développement du pays et profondément décrédibilisé l’Etat ces dernières années.
Y a-t-il volonté d’étouffer les rapports d’enquêtes?
Malheureusement, le contrôle de gestion quoique programmé annuellement pour certaines structures IGE notamment n’en devient pas moins un « contrôle de routine ». Pire encore, certains contrôles se révèlent à postériori comme des épées de Damoclès mues par des règlements politiques entre les protagonistes d’une administration politisée.
Mais contrairement à la Cour des Comptes dont les rapports sont désormais rendus publics et qui peut sanctionner les contrevenants, ceux de l’Inspection Générale de l’Etat (IGE), dépendant de la primature, ne sont jamais diffusés. La Cour des Comptes tire sa force de la Constitution de 1992 et « dispose de compétences administratives et juridictionnelles qui lui permettent de contrôler la bonne gestion des finances publiques et de sanctionner le cas échéant toute personne responsable d'une faute de gestion ». Quant aux missions exécutées par l’IGE (créée en 2005), elles concernent le contrôle des dépenses ; des recettes ; des audits organisationnels… « L'IGE est chargée de s'assurer, pour le compte du gouvernement, de la bonne gouvernance et de la bonne gestion des ressources publiques ». Néanmoins, l’IGE ne peut que constater les éventuels actes de mauvaise gestion, de corruption ou encore de détournements de fonds sans possibilité de sévir directement. « La suite à donner » dans ces cas appartient, en dernier ressort, à l’exécutif. Et c’est là où le bât blesse. Souvent, en effet, les mises en demeure de remboursement restent lettre morte car plusieurs segments de l’Etat profond sont éclaboussés par ces affaires au risque de faire éclater la vérité. Des parapluies bien ciblés. Devant l’impasse supposée pour les réfractaires à la loi sur la transparence des affaires publiques, le manège ou l’échappatoire tient à la possibilité de corruption des agents de contrôle de gestion eux-mêmes. Un risque de corruption qui pourrait anéantir tous les efforts de développement économiques et démocratiques dans le pays.
« A cet effet, nous concentrerons notre attention sur l’instauration d'une bonne gouvernance et sur la lutte contre toutes les formes de corruption. La corruption, par sa nature, sape les piliers du développement, en gaspillant les ressources de l'État, en empêchant les projets d'atteindre leurs objectifs, en violant la justice distributive des richesses et en attentant aux règles de l'État de droit, ce qui affaiblit la confiance des individus en lui, et affecte le tissu social dans sa profondeur ».
Une profession de foi du président Mohamed Ould Ghazouani. Les dernières missions de l’IGE dépêchées dans notre capitale économique donnent-elles la mesure de cette volonté de transparence présidentielle?
Affaire à suivre
JD