Le Calame - Après Ferrallah (M’Bagne), c’est Ngawlé qui se mobilise contre l’expropriation de leurs domaines d’activités vivrières agricoles et pastorales depuis 1860, au profit d’un homme supposé influent.
Ne disposant plus d’espaces de survie, les habitants de ce village situé à trente kilomètres de Tékane ont clamé leur colère, via sit-in et autres manifestations pacifiques de protestation, réclamant l’arrêt de toute expropriation. Comme à l’accoutumée, l’administration centrale a usé de la force et de l’intimidation pour les contraindre à plier.
C’était sans compter sur leur détermination à recouvrer leurs droits. Les paysans détiennent des documents similaires à ceux utilisés par l’administration et la justice pour justifier la propriété des terres d’une catégorie de la population. Et les plaignants de se dire« déterminés à défendre, au prix même du sacrifice ultime, leur source de revenus, en dépit des nombreuses exactions dont ils ont déjà fait l’objet ».
Une mission d’IRA-Mauritanie a accédé aux lieux et rencontré les villageois.« Le domaine qu’ils exploitent depuis un peu moins de deux siècles » a-t-elle constaté, « et qui représente le seul moyen d’activités et de survie de centaines de familles est en passe d’être confisqué par un homme influent».
« Dirigée par le commissaire Mohamed Mahmoud Ould El Jarah, la police de Lexeïba a mené deux interventions musclées en trois jours », précise l’organisation abolitionniste, « contre les villageois résistants à l’accaparement de leurs terres.
La première expédition punitive, le 2 Novembre, s’est soldée par l’arrestation de huit personnes et internement pendant des heures dans les cachots du commissariat de police. La seconde excursion dans les champs s’est soldée par la rafle de treize personnes adultes dont deux femmes.
Les villageois arrêtés sont privés de visites de leurs familles et proches. L’ampleur de l’intervention policière a suscité une véritable terreur chez les villageois qui redoute le retour de la police et s’inquiètent du sort de leurs parents arrêtés.
[…] Le zèle et la promptitude dans l’utilisation de la force publique ainsi que la répression collective et punitive disproportionnée restent malheureusement la réponse unique et automatique aux complaintes et protestations des populations victimes des politiques injustes développées dangereusement par l’axe des féodalités bourgeoises et tribales liguées aux représentants locaux de l’État».