Arrestation de l’ancienne première Dame : Siffler la fin de la recréation | Mauriweb

Arrestation de l’ancienne première Dame : Siffler la fin de la recréation

sam, 06/06/2020 - 13:33

Ailleurs notamment en Afrique, les familles des chefs d’Etat font scandale par leur intrusion abusive, leur implication dans la gestion des affaires publiques et leur enrichissement illicite. Ici en Mauritanie ils y ont ajouté les gros titres des faits divers les plus sordides et parfois, malheureusement dramatiques.

Dans la nuit du lundi à mardi, les forces de l’ordre chargées de faire respecter le couvre feu consécutif à la pandémie du Covid19 ont arrêté    Mariem Mint Ahmed dite Tekber, au volant de sa voiture. L’épouse de l’ancien président Ould Abdelziz a été arrêtée par une patrouille de  sécurité à 22 heures et a été relâchée trois heures plus tard après avoir fait subir aux policiers un flot d’invectives.  Il semble que c’était la deuxième fois que l’ex première  dame se fait arrêter bravant l’interdiction  de  circulation.  

Jamais auparavant l’épouse d’un ancien chef de l’Etat, ou même celle d’un ministre ou d’un haut dignitaire de l’Etat ne s’est laissée allée à de tels écarts.

Il faut dire que pour sa part, l’ancien chef de l’Etat n’avait pas fait sienne, la célèbre maxime du chantre de la négritude L.S. Senghor : «La famille est un ennemi en politique, il faut l’en éloigner le plus loin possible». En Afrique on parle le plus souvent de démocratie monarchique tant l’omniprésence de la famille des Présidents dans la gestion de l’Etat est criante  sous la  casquette de  «proche du président».  C’est pour cette raison que leur fait et gestes s’imbriquent avec l’actualité

En Mauritanie l’ancien président nous avait habitués à les faire participer aux festivités ou aux voyages officiels, sans que personne n’y trouve à redire.

Plus grave encore, les enfants de l’ancien président, bénéficiaient de privilèges exceptionnels qui les plaçaient au dessus de la Loi. C’est de cette impunité jadis consacrée, que veut continuer à se prévaloir l’ex première dame.

Rappelons nous en janvier 2012 le fils ainé Bedr Ould Abdel Aziz tirait à bout portant sur Raja Mint Lessyad une jeune fille de 18 ans, la clouant sur une chaise roulante pour le restant de ses jours. Le Jeune homme ne passera même pas 24 heures à la Police et le Parquet classa l’affaire sans suite. Deux ans plus tard en Juillet 2014 le même Bedr se serait tiré lui-même une balle dans le pied!  Deux ans plus tard encore, deux journalistes, Jedna Deida et Babacar Baye N’diaye sont jetés en prison (malgré la dépénalisation des délits de presse en Mauritanie) à l’issue d’une comparution expéditive devant la Justice suite à la plainte du même Bedr dont les journalistes ont évoqué la possible présence dans le ranch de son père où un des bergers venait d’être blessé par balle.

En août 2015, une altercation entre Ely Ould Jeireb, cousin du président Mohamed Ould Abdel Aziz, du côté de sa mère, et Sidaty Ould Matallaa, un employé de l’épicerie Chinguitty Market, tourne au drame. Parce que l’employé a osé demander au client de faire peser d’abord les fruits achetés, le client retourne vers sa voiture, revient avec un fusil de chasse et tire. Sidaty est blessé au bras droit et doit être soigné d’urgence dans un hôpital de la place. Ely se rend à la police et avoue son forfait.  Mais une justice complaisante permet un arrangement à l’amiable au détriment de l’action publique, Sa famille aurait versé à l’employé de Chinguitty Market la somme de 12 millions d’UM  pour son bras endommagé par un fusil de chasse.

En Novembre 2017, le plus jeune des enfants de l’ancien président Hamza Abdel Aziz est impliqué dans un accident de la route à quelques encablures de la présidence le jeune Laghdaf Ould Sid’ Elemine y perd la vie.

En Mai 2018, le même Hamza en compagnie du fils du ministre Ould Oudaa est impliqué dans un autre accident sur la route de l’aéroport Oum Tounsi, deux libanais, dont le fils de la propriétaire de la Pharmacie Kennedy, y perdent la vie.

On ne peut s’empêcher ici de faire le parallèle, avec  Duduzane Zuma, le fils de l'ancien président sud africain qui après  pour avoir provoqué un accident de la route qui avait fait deux morts avait été relaxé par la Justice sud-africaine. On sait que son père finira plus tard sur le banc des accusés dans un retentissant procès pour corruption et Duduzane Zuma  a été mis en cause par la commission qui a enquêté sur les scandales survenus sous la présidence Zuma (2009-2018) dans plusieurs affaires de corruption  qui visent son père, notamment pour ses liens avec la sulfureuse fratrie d'hommes d'affaires Gupta.

La suite des événements nous édifiera !

MSS