Mauritanie : UPR, « un coup d’Etat » politique | Mauriweb

Mauritanie : UPR, « un coup d’Etat » politique

mer, 16/10/2019 - 16:52

L’Union Pour la République, parti créé par l’ancien président, Mohamed Ould Abdelaziz, sur les décombres du PRDS de Taya, inaugure sa mue. Les caciques de l’ancien régime en font les frais. Est-ce le début de la fin ?

Le parti de l’Union pour la République (UPR) est dans tous ses états. Ses animateurs ne savent plus de quoi demain serait fait ; d’autant que la rumeur accorde au président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani l’intention de vouloir créer son propre parti.  Même si ce n’est pas encore un coup de pied dans la ruche, le parti tente un toilettage qui «élimine » ses dirigeants les plus « mouillés » sous l’ancien régime. Mardi, en tout cas le président du comité directeur de l’UPR, Seydna Ali Ould Mohamed Khouna,  a rassemblé autour de lui les principaux membres du directoire du parti pour annoncer la couleur du changement.

Un changement qui n’était pas du goût de certains membres présents à la réunion. Il faut bien dire que ces divergences d’appréciation de la situation politique au sein de ce parti ne datent pas de cette réunion. Leur racine remontent à l’avant-présidentielle et au dispositif placé pour tenir en cage le président Ghazouani.

Le premier en faire les frais est l’ancien président du groupe parlementaire, le député Mohamed Yahya Ould Kharchi, instigateur de la tentative de parlementaires de violer la Constitution pour permettre à l’ancien président de se représenter, une troisième fois. Il est remplacé à la tête de ce groupe par un homme discret et affable, le député de Monguel, Habib Brahim Diah.

Présentée comme une démission, la chute du président du groupe parlementaire est perçue comme un « aveu de fidélité » à l’ancien président qui l’a économiquement et politiquement hissé pour se retrouver président du groupe parlementaire de l’UPR. Il serait d’ailleurs en tête d’une fronde politique animée contre l’actuel président, Ghazouani.

Mais il n’est pas seul et certains de ses « complices » ne voudraient pas se plier à l’exigence de changement qui appelle à couper des têtes dans ce parti pour repartir sur des bases politiquement plus saines. Ce serait donc fonction de cette « résistance » opposée par les caciques de l’ancien régime que l’actuel président décidera, dit-on, de créer ou non une nouvelle formation qui porterait son programme politique.

Mais on révèle, dans le même temps, l’immixtion de l’ancien président, qui aurait tout à perdre en suscitant une confrontation avec le nouveau pouvoir, par un appel à la retenue des rares hommes qui lui seraient restés fidèles dans cette formation.  Il semble en tout cas clair avec cette démission que le courant ne passe plus entre la majorité de l’UPR qui soutient le président Ghazouani et une minorité décidée à lui rendre la vie difficile.

A ce titre, le président Ghazouani n’entendrait plus s’en faire compter par des hommes et des femmes qui se sont servis du pays au lieu de le servir. Il serait prêt, dans cette logique, à déterrer toutes les haches de guerre avec les survivances d’un régime auquel il n’a jusqu’à présent pas voulu demander des comptes sur sa gestion abracadabrante du pays toute une décennie durant.  Lui laissera-t-on un autre choix ?

J.D (Le Quotidien de Nouakchott)

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