Sahara Occidental: Horst Köhler se démène toujours | Mauriweb

Sahara Occidental: Horst Köhler se démène toujours

jeu, 31/01/2019 - 12:05

Au point mort depuis au moins 6 ans, le processus de paix onusien au Sahara Occidental semble peu à peu  sortir de son enlisement. Après la première rencontre quadripartie de décembre dernier, l’émissaire onusien, Horst Köhler, tente à nouveau de rassembler mars 2019 les acteurs pour une rencontre jugée cruciale.

L’ancien président allemand, Horst Köhler, semble décidé à maintenir le climat jugé positif, aux relents de convivialité, enregistré lors de la première rencontre tripartite sur le Sahara entre les différentes parties. Même si aucun progrès n’a été enregistré lors de la rencontre de décembre, l’émissaire onusien chercherait toujours à créer un climat de confiance indispensable à des négociations sérieuses dans la recherche d’une solution à ce conflit vieux de plus de 40 ans. Ce dernier constitue une véritable pomme de discorde dans une région minée par le terrorisme, les trafics et l’insécurité. Nonobstant donc la présence de la Minurso (Mission des Nations Unies pour le Sahara Occidental) force est de constater que le processus onusien s’est enrayé faute de proposition d’une solution pragmatique négociée. Une léthargie qui risquait d’en imploser le processus premier.

 

«Rien ne sert de courir, il faut partir à point »!

A la solution référendaire contre laquelle butent sur le principe les parties, le Maroc, d’un côté, et le Polisario soutenu par l’Algérie, de l’autre, s’oppose la solution de large autonomie proposée par le Maroc dont la souveraineté est établie sur 80%  du territoire. L’une et l’autre des propositions ont des adeptes parmi les camps bipolarisés sur la question. Mais la proposition marocaine, soutenue par les principaux membres permanents du Conseil de Sécurité, semble la plus crédible alors que le Polisario et l’Algérie évoquent la légalité liée à la décision d’organisation d’un référendum d’autodétermination. Un référendum sans doute coûteux et dont les conditions (collège électoral notamment) est loin de faire l’unanimité. Rien donc n’a changé quant au fond à ces questions délicates sinon le prix de plus en plus exorbitant pour la communauté internationale et pour la sous-région maghrébine en termes de promiscuités humaines, de perte de temps, d’énergie et d’opportunités de développement partagé. Tout équilibrisme sur ces questions reste fragile. Et aujourd’hui, pour trouver une solution pérenne, il faudra nécessairement privilégier une solution au nom de la realpolitik. Ceci est d’autant plus vrai pour notre pays, coincé et courtisé par les parties et qui affiche une neutralité «passive» entre les deux géants du nord (Maroc et Algérie). Malgré donc les premières rencontres entre les belligérants, l’affaire du Sahara Occidental qui a vu, en 28 ans, maints émissaires onusiens s’en occuper n’a pas encore suscité un consensus pour une solution définitive. Et depuis six ans maintenant, le processus était pratiquement laissé aux turpitudes nées des relations exécrables entretenues par Alger avec Rabat aggravées par l’impossibilité d’avancer sur ce terrain miné du Sahara.

L’émissaire onusien, H. Köhler reprendra donc, en février, son bâton de pèlerin pour se rendre dans les différentes capitales afin de ramener les négociateurs, trois seulement après la rencontre quadripartie de décembre dernier, à la table de négociations. Selon certaines indiscrétions diplomatiques, en date du 29 janvier à l’issue d’une réunion à huis-clos, l’émissaire onusien voudrait rencontrer séparément en février toutes les parties avant de les inviter à se retrouver encore en mars. Une attitude jugée prudente et qui aura, au moins, le mérite d’éviter de jeter l’huile sur le feu inévitable d’une discussion directe. Mais excepté, le soutien qu’il a pour son mandat, que peut-il faire pour convaincre le Polisario, son mentor l’Algérie et le Maroc ?

Horst Köhler n’est pas magicien. Mais il a le pouvoir d’encourager à trouver une solution durable. Or, qui dit négocier suppose faire des concessions, accepter la conciliation. Deux conditions que l’émissaire onusien pourrait susciter par une attitude diplomatique plus pragmatique dans sa quête à sortir des sentiers sinueux dans lesquels se sont égarés ses prédécesseurs. Le fer se bat toujours quand il est chaud!

JD