Le jeune sénateur Mohamed Ould Ghadda, emprisonné injustement depuis un peu plus de six mois, n’en finit pas de voir son aura grandir. Il est vrai que la prison façonne les hommes politiques et leur donne une envergure insoupçonnée.
Par les longs mois passés en prisons, par son sacrifice dans tous les domaines, et son combat acharné pour ses principes, Mohamed Ould Ghadda devient plus en plus incontournable sur l’échiquier politique de l’opposition. Pendant de longs mois il fût quasiment le seul à occuper la scène dénonçant sans relâches tous les abus du pouvoir et lui tenant la dragée haute. Marquant au corps le gouvernement et soulignant infatigablement tous ses travers. Ciblé par la police et la gendarmerie, il subit avec courage et abnégation toutes sortes de brimades. En première lignes sur toutes les manifestations il commençait à être une idole surtout chez les jeunes activistes. C’est pourquoi certains commencent à lui prédire un destin national, surtout après la mise à l’écart des icones que sont Messaoud Ould Boulkheir et Ahmed Ould Daddah. En cette heure de grande manœuvres, le nom de Mohamed Ould Ghadda est évoqué dans divers états majors politiques de l’opposition pour conduire une éventuelle liste commune des législatives et même pour certain, il serait le candidat idéal pour les présidentielles de 2019.
Plaident pour lui, la constance dans l’engagement, malgré les très fortes pressions familiales, le courage et la détermination dont il a fait preuve jusqu’ici.
Il faut dire que l’engagement de Ould Ghadda contre le régime de son cousin Mohamed Ould Abdel Aziz ne date pas d’aujourd’hui. Ni même de sa première rencontre avec l’homme d’affaire Mohamed Ould Bouamatou en Octobre 2016.
Déjà en 2008, au lendemain du coup d’Etat contre Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, Mohamed Ould Ghadda avait adressé une lettre virulente à Mohamed Ould Abdel Aziz pour lui exprimer son opposition au coup d’Etat et l’inviter à quitter le pouvoir en le remettant au Président du Sénat de l’époque Monsieur Ba Mbaré. Plaidant du coup pour une transition courte à l’issue de laquelle des élections transparentes devaient être organisées. Toujours en 2008 et début 2009, Ould Ghadda présidait le groupe parlementaire Al Ahrar qui était opposé au coup d’Etat. A cette époque et en cette qualité il avait accordé une interview à l’AFP.
Après l’élection de Ould Abdel Aziz suite aux accords de Dakar, le groupe parlementaire décida de le soutenir en rejoignant la majorité, alors Ould Ghadda fit preuve d’une force de caractère inhabituelle en Mauritanie et démissionna, pour continuer à s’opposer au régime.
En 2014, Ould Ghadda faisait encore la Une en interpellant le Premier Ministre de l’époque Moulaye Ould Mohamed Laghdaf.
Dans son courrier le parlementaire interrogeait le chef du gouvernement, en sa qualité de responsable de la mise en œuvre des lois de la République sur la non application de la loi n° 054-2007 en date du 19 septembre 2007, relative à la transparence financière. Cette loi le Président de la République, à la fin de son mandat électoral à déclarer par écrit son patrimoine ainsi que les biens de ses enfants mineurs.
Le courrier en question s’interroge, en outre, si la déclaration du Président de la République candidat à sa propre succession se ferait avant le 21 juin, date du premier tour des scrutins présidentiels ainsi que la vérité sur ce qui se dresse sur sa première déclaration qui devait intervenir après son investiture en 2009 ainsi que les mobiles qui ont fait que cette déclaration n’a pas été publiée conformément à la loi.
Depuis le sénateur Ould Ghadda ne ratait pas une occasion de mettre en mal le gouvernement en fustigeant les abus et la mauvaise gouvernance. Il chercha en vain à convoquer l’ADG de la SNIM pour l’interroger sur les 7 milliards de dollars volatilisés entre 2010 et 2014, il interpella le ministre des affaires étrangères sur la livraison- vente du chef des renseignements libyens Abdalla Senoussi, tout comme il interpella les ministres de la Justice, des Finances et de la Pêche. C’est dire à quel point Ould Ghadda était un véritable trublion de la vie parlementaire. Mais l’activisme de Ould Ghadda ne se limitait pas à la Chambre Haute. On le vit aux cotés des jeunes bloggeurs et activistes de Mani chari gasoil, de Touche pas à ma constitution, du 25 Février, etc.
Aujourd’hui, le gouvernement mauritanien est interpellé par la communauté internationale sur l’arrestation arbitraire de Ould Ghadda et ce alors qu’il jouissait encore de son immunité parlementaire, sur l’atteinte à sa vie privée et ses correspondances. Même l’opposition mauritanienne commence à se réveiller et à réclamer à cor et à cris la libération de ce sénateur qui n’a que trop souffert de son engagement pacifique au service de son pays et de ses concitoyens.