Dans les milieux des affaires et dans la classe politique mauritanienne, personne ne s’explique l’acharnement déployé par l’actuel Premier Ministre Yayha Ould Hademine pour évincer le jeune Homme d’affaire Ahmed Baba Ould Azizi de la tête d’un patronat dont le bureau exécutifs avait clamé à l’unanimité son intention de le garder à sa tête. Cet acharnement était d’autant plus incompréhensible que le patron des patrons mauritaniens est surtout connu par sa discrétion, son entregent, l’absence de toute relation conflictuelle et surtout son éloignement de la politique qui fait qu’il a toujours soutenu les régimes en places dont celui-ci avec lequel il a par ailleurs des relations de cousinage. Des hypothèses ont été avancées par ci par là, mais aucune explication convaincante n’a pu prévaloir. On sait seulement que les choses se sont sensiblement dégradées à la suite d’un discours prononcé par le Président de l’UNPM le 03/11/2015 lors de la journée de communication sur le rapport de la Banque Mondiale Doing Business 2016 organisée conjointement par le ministère des affaires économiques et du développement et la Banque Mondiale.
Classée au 168é rang à la faveur d’un bond de 8 places, avec en prime une place dans le Top 10 des plus réformateurs, la Mauritanie voulait pleinement profiter de cette occasion pour communiquer sur ses « performances ».
Le ministre des affaires économiques et du développement M. Sid'Ahmed Ould Raiss avait indiqué que le rapport traduit et apprécie la vision du secteur privé sur la base de 10 indicateurs liés à la création des sociétés, à l'attribution de licence de construction, au branchement à l'électricité, au transfert de la propriété, de l'accès aux crédits, de la protection des investisseurs détenteurs d'actions minoritaires en matière de paiement des taxes et des cotisations sociales, du commerce transfrontalier, de l'exécution des contrats, du règlement du problème de fidélité au niveau de 189 pays du monde.
Le ministre avait souligné aussi l'impact de ces indicateurs précités sur la création des petites et moyennes entreprises, précisant que la Mauritanie avait réalisé des progrès constants, avec le rythme accentué de la croissance économique, qui revient en partie aux services du secteur privé pour atteindre tour à tour 5,4% et 6,1% hors pétrole au cours de la période 2010-2014.
Il avait évoqué par ailleurs la révision du code des marchés publics en 2012, l'adoption de la stratégie de lutte contre la pauvreté en 2010 ainsi que d'un nouveau code d'investissement, la création de la zone franche de Nouadhibou en 2013 et la révision du code de commerce en juillet 2015. Le Représentant Résident de la Banque Mondiale en Mauritanie M. Gaston Sorgho avait pour sa part félicité, le gouvernement, les administrateurs en charge des réformes et le secteur privé impliqué dans ces réformes pour les avancées réalisées cette année ainsi que pour le classement de la Mauritanie. "Il faut poursuivre sur la lancée, engager encore plus de réformes afin de répondre aux besoins et aux attentes du secteur privé ainsi que des PME et PMI locales, mais aussi pour moderniser et renforcer les administrations en général, les conditions de travail et le savoir-faire des agents de l'Etat en particulier" avait-t-il dit.
Le Président de la chambre de commerce, d'industrie et d'agriculture de Mauritanie M. Mohamedou Ould Mohamed Mahmoud avait abondé dans le même sens en exprimant à cette occasion ses chaleureuses félicitations aux différents acteurs publics et privés pour le travail précieux" qu'ils ont accompli en vue de l'amélioration du climat des affaires "
c’est alors que le Président de l'Union nationale du patronat mauritanien, M. Ahmed Baba Ould Azizi, avait pris la parole en commençant par indiquer que l'importance de cet événement n'a d'égal "que la nécessité d'activer la concertation entre l'Etat et le secteur privé en sa qualité de véritable moteur de la croissance et de la recherche des voies et moyens permettant de tirer profit des avantages multiples et divers qu'offre la complémentarité entre les secteurs public et privé". Mais tout le reste de son discours qui dresse un tableau critique du climat des affaires en Mauritanie avait été ignoré par les medias publics, les seuls invités lors de cette journée. Nous avons pu nous procurer ce discours qui’ semble-t-il est le déclencheur de ce maelstrom et nous vous le livrons en intégralité.
Discours de Ahmed Baba Azizi
Monsieur le Ministre des Affaires Economiques et du Développement,
Monsieur le Ministre ders Finance ;
Monsieur le Gouverneur de la Banque Centrale de Mauritanie ;
Monsieur le ReprésentantRésident de la Banque Mondiale
Monsieur le Président de la chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Mauritanie ;
Messieurs les Présidents des Fédération Professionnelles ;
Mesdames, Messieurs les invités ;
Je suis heureux de m’adresser à vous, au nom de l’union Nationale du Patronat Mauritanien et de ses Fédérations professionnelles, à l’occasion de cette importante journée de communication, organisée au sujet des résultats obtenus par notre pays en matière d’environnement des affaires à travers son obtention de huit points le faisant passer de la 176éme à la 168éme position, au plan mondial et le faisant figurer, les chiffres parlant d’eux-mêmes, parmi les 5 pays de la région ayant le plus amélioré l’environnement de leurs affaires.
L’importance de cet événement n’a d’égal que la nécessité d’activer la concertation entre Etat et secteur privé en sa qualité de véritable moteur de la croissance et la recherche des voies et moyens permettant de tirer profit des avantages multiples et divers qu’offre la complémentarité entre les secteurs public et privé.
Il est indéniable que le programme de cette journée de communication s’inscrit parfaitement dans le cadre des préoccupations du secteur privé du fait de son étroite relation avec les sujets en rapport avec la pérennité de ses activités et, de ce fait, avec son développement.
Je suis persuadé que les débats que connaitra cette journée de communication, aboutiront à une concertation professionnelle permettant aux participants et par conséquent, aux acteurs, un échange objectif de point de vue sur des questions axiales du processus de développement dont je cite à titre d’exemple :
La justice ;
La transparence dans le domaine des marchés publics et le respect des textes initiaux des cahiers des charges de ces marchés ;
L’application stricte, juste et équitable des textesréglementantnotre économie dont doivent bénéficier l’ensemble des opérateurs économiques, sans exception aucune,
L’immixtion dans les prérogatives des commissions de passation des marchés publics et l’insertion de cahiersde charges, non prévus , initialement.
Les exigences du processus de développement national requièrent l’amélioration de tous les indicateurs pouvant permettre à notre pays d’attirer plus d’investissements à la tête desquels se présente, comme indicateur premier et fondamental, l’amélioration de l’environnement caractérisant les conditionsdans les quelles se déroulent, dans notre pays, les activités des entreprises nationales et étrangères.
Ce sont ces indicateurs, objectivementqualifiés, que fait sien, tout investisseur avant d’entamer toute opération d’investissement.
Dans ce contexte et pour que les chiffres traduisent la réalitééconomique de notre pays, il est nécessaire et opportund’attirer l’attention sur le fait, qu’entre autres, notre secteur privé souffre :
-du harcèlement auquel l’administration, en général, et les services fiscaux, en particulier, exposent les opérateurs économiques, tous secteurs d’activités confondus, alors qu’il n’y a pas de développement, sans un secteur privé fort et partenaire effectif dans le processus de développement et,
-de l’ingérence inacceptable et grave de certaines autorités dans les opérations de renouvellement de ses instances syndicales.
Permettez moi, avant de terminer cette allocution et eu égard à l’importance de l’événement, d’affirmer ici et maintenant que, plus que jamais convaincue de l’utilité de la concertation entre les secteurs public et privé, l’union nationale du Patronat Mauritanien, ne ménagera aucun effort pour concrétiser sa ferme volonté de jouer, comme il se doit, le rôle qui lui revient dans le processus de construction nationale.
Je vous remercie.