Sommet de la Ligue des Etats Arabes : Des lendemains qui déchantent ! | Mauriweb

Sommet de la Ligue des Etats Arabes : Des lendemains qui déchantent !

mer, 27/07/2016 - 16:58

Les lampions se sont éteints, et nos « invités » s’en sont allés. Jusqu’ici une sorte de dictature intellectuelle empêchait toute voix dissonante de se faire entendre sous prétexte de comportement anti nationale, une sorte de pensée unique dont il était interdit de se départir. Même des partis politique opposant, et non des moindres, se sont fendus de communiqués alambiqués allant dans le même sens que celui du troupeau.  Alors nous permettra –t-on à présent de faire un petit bilan, même très approximatif de ce que nous a couté et ce que nous rapporté le SOMMET.

Incontestablement,  c’est un motif de fierté et de satisfaction que des mauritaniens relèvent un  défis quel qu’il soit et puissent remplir leur partie du contrat.  Mais il est tout aussi légitime de se poser la question à quel prix et pourquoi ?

Au plan politique

Apparemment nous avions besoin d’affirmer encore d’avantage notre arabité pour nous en convaincre nous même et en convaincre nos frères arabes, qui nous traitent souvent (pas tous heureusement)  en arabes de seconde zone ou de bas étage.  C’est fait, à présent nous avons quitté la liste des pays qui n’ont jamais abrité un sommet de ce « machin », des pays et non des moindres comme : les Emirats Arabe Unis, Oman, Bahreïn, Yémen, Djibouti, Comores, Somalie et Palestine. Le fait que nous ayons pu le faire en a même donné des idées à d’autres, le Yemen s’est porté candidat pour le prochain avec un défi autrement moins évident que le notre.  Donc pour notre ego et celui de notre chef de l’Etat nous l’avons fait ( We did’it, pourrait on claironner).  Des mauritaniens de tous âges et de toutes conditions ont retroussé leur manche et prié pour que rien et surtout pas la pluie ne vienne gâcher  « notre fête ». Résultat des courses, pendant quelques jours on a parlé de la Mauritanie, certes plus en mal qu’en bien, mais on en a parlé.

Ceux pour qui on s’est toujours plié en quatre comme l’Arabie Saoudite et l’Egypte nous ont royalement et présidentiellement boudés, « le petit » Qatar nous a « gratifié » d’une escale technique en route vers son lieu de villégiature.  Sans le Koweït envers qui nous avons une dette morale(le peu de solidarité dont nous avions fait preuve lors de son occupation) et une dette sonnante et trébuchante nous aurions assisté à une véritable bérézina. Nous avons même eu notre petit instant de gloire, en envoyant un avion de Mauritania Airlines chercher le Président de la République Fédérale des Comores, Monsieur Azali Assoumani, accompagné de son épouse, exactement comme nous le faisait les saoudiens et les libyens quand ils avaient besoins de soigner leur photos de sommet. Même Ban Ki-moon pourtant toujours présents aux autres sommets nous a boudé. Au final nous avons eu notre sommet, même écourté d’une journée et avec un programme de festivité chamboulé. Mais sans émousser l’enthousiasme de certains compatriotes rappelons que juste une semaine avant notre sommet ,  le Rwanda, un pays de 26000 km2, indépendant deux ans après nous et tout juste sorti d’une guerre civile a organisé un sommet de l’Union africaine qui a vu la présence d’une vingtaine de chef d’Etat dont l’égyptien Abdel Vettah Al Sissi.

Il faut aussi dire que nous avons voulu tellement bien faire que nous avons effarouché nos visiteurs. Nous avons déployé un tel dispositif  de sécurité que  nous avons envoyé le signal d’une situation d’Etat de siège. Dans les pays normaux il y a juste une voiture de police devant les hôtels qui abritent  de hautes personnalités. Nos hôtes se sont dit qu’il doit y avoir,  sans doute, une menace à la mesure des moyens et précautions déployés. Le déploiement exagéré des forces est toujours un mauvais signe.

Au plan matériel

Rien ne nous obligeait à prendre un sommet  par défaut. Nous aurions pu prendre le temps de construire une véritable infrastructure qui va rester après le sommet et non faire appel à du « jetable ». On aurait pu encourager des privés nationaux et internationaux à construire des hôtels au lieu de faire appel à des résidences privées qu’il a fallu ravaler en vitesse et desservir par des bretelles construites à la va vite. Rien qu’avec son prix de location, on aurait pu doter notre capitale d’une véritable salle de conférence qui continuera à servir bien après le sommet. Pour les lampadaires et autres mobilier urbain on aurait fait appel à de véritables professionnel qui à des prix concurrentiels nous auraient dotés de matériels pérennes(.

 

Deux carrefours giratoires (places) ont été réalisés et constituent un véritable motif d’extasiement des thuriféraires du régime pourtant,   pas un d’entre eux n’arrivent à la cheville des deux qui avaient été réalisés sans tambours ni trompettes par l’ex président de la CUN Ahmed Hamza. Ni à ceux qu’on l’a empêché de faire au Carrefour Cité SMAR et au carrefour Ministère du Pétrole.

Reste les voitures. Pour nos amateurs de belles mécaniques, suivez mon regard ! Une brochette de grosses cylindrées luxueuses gracieusement offertes par nos frères vont garnir notre collection et même nous permettre de changer les voitures chinoises de nos ministres. Et puis et surtout on va se réveiller avec une grosse migraine et des trous imprévus dans notre budget déjà si serré. Avec tout l’argent, pour les uns judicieusement investi dans le sommet, pour les autres dilapidés dans le sommet qu’aurait on pu faire ? Combien de logements sociaux pour nos déguerpis, combien d’écoles, combien d’enseignants et combien de dispensaires mais surtout combien d’investissement susceptible de créer des emplois pour les jeunes. Incontestablement les dépenses pour organiser un sommet sont à classer dans la rubrique, dépenses  de prestige. Seulement il y a les m’as-tu-vu et les adeptes de bling-bling ostentatoire pour qui ce sont des dépenses utiles et indispensables et ceux qui ont les pieds sur terre, les pragmatiques, qui considèrent la valeur concrète des choses et qui jugent par l’efficacité et la pratique. 

MSS