Economie- Les 10 éléphants blancs de la présidence Aziz | Mauriweb

Economie- Les 10 éléphants blancs de la présidence Aziz

lun, 11/07/2016 - 17:32

Un éléphant blanc est un projet ou une réalisation d’envergure et prestigieuse, et  qui s’avère souvent plus coûteuse que bénéfique.

L’expression trouve son origine dans la civilisation indienne. La veille de la naissance de Bouddha, sa mère aurait rêvé d’un éléphant blanc  depuis, ces pachydermes sont sacrés et  il n’était notamment pas permis de les faire travailler. Les éléphants blancs sont devenus des offrandes prestigieuses que les princes de l’Inde  se faisaient entre eux. Pour certains de ces princes, moins nantis que les autres, le cadeau n’était pas sans poser de problèmes. Entre l’obligation de bien traiter l’animal et l’interdiction de le faire travailler, la possession d’un éléphant blanc pouvait devenir un fardeau couteux pour des finances fragiles. Depuis, les éléphants blancs ne cessent de se multiplier dans les pays ou la bonne gouvernance n’est pas la règle.

  1. L’arnaque des avions made in Mauritania Ou les « avions renifleurs » à la mauritanienne

Comme l’ont été pour la France, les conséquences politiques en moins, l’affaire des avions renifleurs, celle des avions made in mauritania est sans doute l’une des plus stupides  et plus grossières arnaque de l’histoire récente de la Mauritanie. Ses auteurs ont réussi  à  soutirer quelques millions de Dollars à l’un des pays les plus pauvres au monde  en lui faisant miroiter rien de plus que de  créer une  ‘industrie aéronautique’, made in RIM. « Grâce à MDC, la Mauritanie va fabriquer et exporter des avions dans le reste du monde. »  En fait il s’agit d’un engagement des finances publiques mauritaniennes à hauteur de 23 650 000 USD  sans  aucune procédure ni respect d’aucune norme en cette matière. Outre le détournement ou le manque de discernement il ya  une grossière surfacturation. En effet  l’un des aéronefs proposés, le Lancair Evolution 2012, par exemple  est proposé sur catalogue à 1 450 000 USD     alors qu’il est facturé dans le contrat d’achat par les mauritaniens  à 21 100 000 USD pour les 5, soit 4 220 000 USD l’unité (4 fois plus cher!). C’est un simple petit « avion » en kit à monter par les pilotes amateurs (home-built aircraft)  et en trouve d’occasion à 5000 dollars US. Ces avions devaient être livrés. « L'avion cité dans l'article sera construit en Mauritanie par des techniciens mauritaniens qui seront formés et utilisés pour la formation de nouveaux pilotes mauritaniens dans une nouvelle Académie internationale de formation de pilotes actuellement conçue pour être intégrée au nouvel aéroport international en cours de construction. » affirme Tom Gibson  en juin 2014 dans un droit de réponse à des articles parus dans la presse mauritanienne. Le premier avion devait être livré six mois plus tard !!!!

Les responsables de cette arnaque : Mohamed Ould Abdel Aziz, Yahya Ould Hademine Ministre de l’Equipement,  Thiam Diombar ministres des Finances, Mohamed Lemine Ould Haycen ambassadeur à Washington et Tom Gibson directeur de MDC.

  1. On se sucre en Mauritanie

Au cours de la visite officielle qu’il a effectuée au Soudan en janvier 2010, le Président   Mohamed Ould Abdel Aziz avait supervisé la signature d’une convention portant sur la réalisation d'une étude de faisabilité relative à la création d’un complexe industriel pour la production de sucre et d’éthanol.

L'enveloppe financière de ce projet dont la convention a été signée en octobre 2011, et dont l'exécution devait s'étendre sur 5 ans, était de 335 millions   de dollars destinés à  la culture de la canne à sucre, l’édification d'une usine pour la production de sucre blanc d'une capacité quotidienne de 6000t/j de canne à sucre, la création de 2000 emplois et la production d’éthanol.  Plus tard on parlera de  440 millions de dollars Us détenus à 60% par  la Mauritanie et 40 % par le partenaire soudanais.  Selon le ministre mauritanien des Affaires économiques, Sidi Ould Tah, il s'agit "du plus grand projet agricole et de l'industrie alimentaire qu'ait connu le pays tout au long de son histoire".

Après la création de la sucrerie et la nomination de son staff, les partenaires soudanais se sont désistés. En effet, Kinana Soudan partenaire stratégique dans l’entreprise, n’aurait plus l’intention de débloquer que 5 millions de dollars uniquement sous forme d’assistance technique, au moment où les saoudiens se sont eux aussi désintéressés du projet.

La Mauritanie, quant à elle, a  fait appel aux partenaires institutionnels nationaux, à savoir la CNAM, le PANPA, les banques nationales, la SNIM et autres, pour rassembler la contribution du gouvernement dans ce projet. Face au revirement de ces bailleurs de fonds indécis, le directoire de l’entreprisse avait envisagé l’option du rachat de l’usine par système de leasing, mais c’était vraisemblablement juste une astuce pour continuer à jouer les prolongation d’un projet mort né et continuer à payer des traitements mirifiques à ses dirigeants dont le Président du parti au pouvoir ainsi qu’un certain nombre d’études complaisantes et surtout attribuer des marchés de plusieurs milliards à l’entreprise marocaine STAM proche de l’un des cercles du pouvoir.  Résultats des course plusieurs dizaine de millions de dollars engloutis dans des chimères.

 

  1. La Société Nationale ISKAN

La Société Nationale d’Aménagement de Terrains, de Développement de l’Habitat et de Promotion et de Gestion Immobilières, ISKAN a été créée en 2010 sur les décombres de la Socogim pour mettre en œuvre la stratégie de l’Etat en matière d’habitat.

Alors que ses ancêtres, la SOCIM et la SOCOGIM nous ont légué des quartiers qui portent encore leur noms à Nouakchott et Nouadhibou, Iskan continuent à être ce gouffre financier pour des résultats plus que contestables. En 5 ans plus de 60 milliards d’ouguiya ont été engloutis dans des villes fantômes comme Chami, Termessé, Nbeykit lahwach et le nouveau Benichab mais aussi le PK 7 de Rosso et Tarhil à Nouakchott et Nouadhibou.

Le projet de construction de 4 000 logements à Nouakchott en location-vente dont le programme était : en 2011 1000 logement dont 800 F3 et 200 F4 ; 2012, 1350 dont 1000 F3 et 350 F4 ; 2013, 1650 dont 1200 F3 et 450 F4 soit un total de 4000 logements est resté dans les cartons. Quid  du protocole d’accord signé en Mai 2011 avec la société internationale saoudienne pour les opportunités d'investissement, en vertu duquel cette société se charge de construire 30 mille logements à Nouakchott et dans les villes de l'intérieur du pays.

 

 

  1.  Mauritania Airlines ou Icare à la sauce mauritanienne

Alors que le bon sens élémentaire dictait de racheter ou de nationaliser la compagnie aérienne Mauritania Aiways dont l’Etat détenait déjà 10%, le gouvernement mauritanien décide contre toute logique économique de créer ex nihilo la compagnie aérienne Mauritania Airlines International (MAI) dont le premier acte fut l’acquisition d’un Boeing 737-700  basé à Perpignan (France) et qui appartenait la compagnie sénégalaise Air Sénégal Internationale qui avait mis les clés sous le paillasson en, avril 2009.  Montant de la transaction 25 millions de dollars (Beaucoup trop cher selon les spécialistes.) Quelques semaines plus tard, le directeur général de Mauritania Airlines International s’est rendu à Prague pour finaliser les négociations en vue de l’achat de deux Boeing 737-500 de la compagnie tchèque CSA. On parle de plus de 40 millions de dollars. Tout cet argent a été avancé par la SNIM. Après 5 ans d’activité les aéroports de Néma, de Sélibaby, de Tidjikja, de Kiffa et D’Aioun ne sont toujours pas desservis. Et, comble de l’ironie les trois Boeing fonctionnent avec des moteurs en location.  

Depuis sa création la MAI n’a jamais publié un compte de bilan, n’a jamais fait l’objet du moindre Audit, n’a jamais payé  la moindre ouguiya aux Impôts ni aux structures étatiques qui lui ont cédé leurs équipements ou locaux. Et son projet de fusion avec la compagnie nigérienne a avorté et la compagnie a cessé de desservir Paris et les villes d’Afrique Centrale. Aujourd’hui on présume qu’elle survit avec un déficit abyssale que pas même l’octroi en exclusivité du Handling n’arrive à combler.

 

  1. La STP ou quand l’Etat se substitue aux transporteurs

Un montage similaire a aussi permis de lancer, dans la précarité et la précipitation la société de transport public (STP) qui est aujourd’hui soutenue à bras le corps par l’Etat et certains privés pour ne pas déposer son bilan.  En 2005, le secteur des transports a été réformé et le Bureau national des transports (BNT), qui bénéficiait d'un monopole depuis plus de 20 ans, a été démantelé.
Après le retrait de l'Etat, les sociétés privées ont pris le relais. La concurrence qui en a résulté a entraîné une chute des tarifs, mais la mise en œuvre des réformes s'est avérée chaotique. Sur les 38 licences accordées à des sociétés privées et les 95 licences pour les transports en bus, beaucoup ne satisfont pas à la réglementation ou ont arrêté leurs opérations. Au lieu d’améliorer les conditions de transports et d’accompagner les privés l’état décide de réinvestir le domaine des transports publics de personnes. C’était l’époque de la lune de miel avec l’Iran et le Venezuela. En janvier 2010, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz avait annoncé un plan destiné à mettre en place un réseau de transport urbain. Considéré comme une question urgente, ce système devrait être lancé dans les trois mois suivants et devait impliquer  la mise en circulation de 500 taxis et 250 bus provenant d’un prêt (non concessionnel) accordé par les « amis » iraniens.  On créa une société de transport public sans aucune étude de marché préalable, cette opération se révèle un gouffre financier ; Le prêt,  contracté auprès d’une banque privée iranienne pour l’acquisition d’un lot de bus, fournis par la société Khordo, devrait couvrir l’achat d’une commande pour plus de deux cents bus, en plus d’un stock de pièces de rechange, a été garanti par les autorités iraniennes. Seulement, on ne sait la raison, de l’intégralité de la commande, 65 bus seulement ont été livrés à Nouakchott. Le reliquat de la commande devrait attendre l’établissement de l’ouverture d’une lettre de crédit documentaire qui allait s’effectuer au niveau de la BCI. Ce crédit documentaire n’a jamais été ouvert. Et, l’opération ressemblait mystérieusement à un holdup. Pour un président qui s’évertue à imposer, au moins en apparence, à ses collaborateurs la souscription à une gestion stricte et transparente, un holdup est un peu gênant ! De toutes les manières, la Mauritanie devrait faire avec les 65 bus qui permettront plus tard à la nouvelle société de transport public mauritanienne, STP, de démarrer son activité. Au cours de la visite ultérieure du PM où il était accompagné par le directeur général de la STP, la délégation a pu effectuer une visite à la fameuse entreprise iranienne qui a fourni les bus. La visite du PM était justement d’abord motivée par cette transaction qui n’a pas du tout plu, semble-t-il, à la Banque Mondiale. Car, elle enfreint les normes et conditions recommandées par cette institution qui interdit aux pays qui sont soumis à sa politique d’ajustement structurelle de contracter des prêts qui ne sont pas concessionnels. C’est visiblement le cas du prêt iranien dont le remboursement est prévu  sur  une période de 5 ans et sans facilités particulières de paiement. Les bus iraniens consomment énormément de carburant, les recettes ne pouvant nullement couvrir les frais de fonctionnement, des entités publiques furent sommées de souscrire des actions de la STP et même une taxe par litre de carburant consommé sur toute l’étendue du territoire lui est accordée pour essayer en vain d’équilibrer ses comptes.  Deuxième volée de bus acquis par la STPN un proche du pouvoir réussit à leur fourguer des bus de seconde main qui avaient été utilisés par la région Ile de France ce sont les épaves de ces derniers bus qui continuent encore à circuler en attendant la mise en service des bus commandés en Chine.

 

  1. L’Etat revient par la petite porte dans le secteur bancaire

En février 2011 le Conseil des ministres mauritanien  examine et adopte un projet de loi portant création d’un établissement public dénommé "Caisse de dépôt et du développement  (CDD)", qui selon l’exposé des motifs  vise 2 objectifs principaux: "le dépôt et les assurances, ainsi que le développement", 

Ainsi, la nouvelle institution va intervenir aux côtés des banques pour financer les projets  d’investissements privés en Mauritanie dans différents domaines et particulièrement dans le  secteur industriel.  Un proche du Président, Ahmed Ould Moulaye Ahmed est placé à sa tête. Et des lignes de crédit particulièrement généreuses lui son accordées. En quelques mois des milliards sont distribués souvent sans aucune garantie c’est le cas de 65 millions accordé au général Dia afin d’en faire un promoteur agricole qui pourra prendre la tête de la fédération des agriculteurs et la CDD bat tous les records de faiblesse de recouvrement. En Même temps la CDD vient au secours de nouvelles banques proches du pouvoir en mal de liquidité ainsi elle prête un milliard deux cent millions à Maurisbank, 500 millions à la Banque Mouamallat sahiha, 500 millions à la BPM et 500 millions à NBM.  Mieux encore elle entame un sauvetage en catastrophe de la Maurisbank avant de se désister entrainant d’un coup la chute et la fermeture de cette banque et par la même occasion le remplacement de son Directeur général par l’obscur et très effacé Diagana Mohamed Youssouf.  Et quand la SNIM veut se débarrasser de Damane Assurance et résoudre certains problèmes de trésorerie c’est aussi la CDD qui s’en porte acquéreuse.  En tout ce serait plus de 30 milliards d’ouguiya qui se seraient volatilisés dans cette aventure qui de toutes les façons finira par une Berezina.

 

  1. Un NAIN fort justement nommé

C’est un conseil des ministres en date du jeudi 13 octobre 2011 qui avait approuvé le projet de construction d’un nouvel aéroport international à Nouakchott. Commentant cette décision le ministre de l’Equipement et des Transports de l’époque, devenu aujourd’hui Premier Ministre M. Yahya Oyld Hademine, avait affirmé que la réalisation de ce nouvel aéroport débuterait dans deux mois et que la fin des travaux étaient attendus 24 mois plus tard c'est-à-dire dans un délai de 2 ans qu’il ne coutera pas la moindre ouguiya au trésor public mauritanien. Et de fait dimanche 28 Novembre 2011 le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, avait donné   le coup d'envoi des travaux   dans le cadre des célébrations du 51ème anniversaire de l'indépendance nationale. L’infrastructure, qui ne devait couter au contribuable que des terrains finira par voir ses coûts exploser et finalement l’Etat a bien mis la main à la poche en sus des terrains octroyés à l’entreprise Najah for major works,  la SNIM s’est substituée aux banques pour avancer plus de 15 milliards d’ouguiyas à Najah For Major Works pour lui permettre de continuer les travaux, le gouvernement mauritanien a octroyé à Najah For Major Works deux avenants à la convention initiale. Le premier  relatif à des travaux de voierie et d’adduction dans la zone de l’aéroport et le deuxième   à la construction d’un aéroport militaire avec ses équipements. Bien entendu le montant décaissé pour ces différents avenants n’a jamais été révélé et les conditions de leurs négociations sont demeurées opaques. Tout ce que l’on sait c’est que contrairement à la convention de base, cette fois c’est en cash que NFMW s’est fait payer. Une autre entreprise du même groupe MCE, a obtenu le marché de construction d’un échangeur reliant l’aéroport à l route de Nouadhibou.

   Par ailleurs le projet a revu à la baisse certaines composantes ainsi, la tour de contrôle initialement prévue à 42 mètres a été ramenée à 36 mètres, le parking prévu pour 1200 véhicules a été ramené à 600 et des équipent normalement inclus dans la convention se sont retrouvés comme par magie à la charge du gouvernement mauritanien qui avait pourtant annoncé une convention pour une livraison d’un aéroport clé en main.   

Dorés déjà et alors qu’on vient à peine de l’inaugurer, le projet a déjà englouti des sommes considérables. 9 millions de dinars Koweitiens soit 9.56 Milliard Ouguiyas remboursable sur une période de 25 ans pour la fourniture et l’installation des équipements d’aides visuelles, de balisage, de navigation aérienne et de météorologie qui visiblement n’avaient pas été prévus par le promoteur et sont apparemment à la charge du contribuable  mauritanien. A ces 9 milliards il faut ajouter 12 millions d’euros   pour rétribuer le bureau français EGIS qui est en charge  des études et du contrôle des travaux pour le Nouvel Aéroport International de Nouakchott. Mais ayant contracté seulement pour 30 mois il a obtenu une rallonge compte tenu du retard. Ensuite le dépôt de carburant attribué de gré à gré à l’entreprise française Friedlander par Mauritania Airlines pour un montant de 6,8 millions d’euros. Sans compter l’adduction d’eau et d’électricité ainsi que les frais de déménagement. Selon plusieurs connaisseurs l’aéroport a couté  en sus des terrains entre 200 et 300 millions de dollars soit plus que ce que demandaient les chinois pour le premier projet (176  millions de dollars). A titre d’exemple l’aéroport Menara de Marrakech qui traite annuellement quatre millions de passagers a couté 150 millions de dollars y compris la partie base aérienne militaire. Le NAIN mauritanien dont la dénomination Oum Tounsi a entrainé une vive polémique est surdimensionné et sera et extrêmement couteux à l’entretien et maintenance. Rien que sa facture énergétique s’annonce déjà sacrément salée pour celui qui aura en charge sa gestion.

 

  1. Une Révolution verte bien couteuse

 Le Président   Mohamed Ould Abdel Aziz a donné en mars 2014, à partir de la moughataa de Keur Macène, le coup d'envoi des travaux d'aménagement du canal d'irrigation de l'Aftout Sahli dénommé limssaydi. Pour ses promoteurs le projet doit jouer un rôle important dans la lutte contre la pauvreté, la résorption du chômage et la réalisation de l'autosuffisance alimentaire.

Il est notamment prévu qu’il permette d'exploiter plus de 16 mille hectares à travers la réalisation d'un canal long de 55 kilomètres et d'une largeur allant de 20 à 26 mètres selon la nature du sol.

Les superficies directement irrigables sont de 7700 hectares. 3700 ha ont été distribués mais n'ont pas encore été exploités en plus de 4900 autres destinés en particulier à l'investissement.

Le projet devrait permettre, de manière indirecte, d'irriguer 260 ha du périmètre de Bollar, 20 ha consacrés au maraichage dans la ville de Keur Macène et 1800 ha dans la zone d'"El Wasaa".

La supervision de ce projet est assurée par la société nationale d'aménagement agricoles et de travaux SNAAT pour une durée de 15 mois.

Le projet englobe des composantes dont le développement de l'élevage qui vise à améliorer les pâturages à travers la détermination de superficies à l'issue de l'étude du sol et la mise en place d'une usine de traitement du lait, un centre d'insémination artificielle en plus de la mise à disposition de l'eau pour abreuver les animaux et l'aquaculture dans les mares.

Le ministre du développement rural de l’époque M. Brahim Ould M'bareck Ould Mohamed El Moktar avait déclaré avec emphase, que l'évènement s'inscrit dans le cadre des transformations de fond des secteurs de l'agriculture et de l'élevage et que grâce à lui le pays pourra réaliser une véritable révolution agricole.
Le ministre avait précisé que le canal "Aftout Sahli,   est réalisé grâce à une enveloppe de l'ordre de 10 milliards d'ouguiya et constitue une première dans l'histoire de l'agriculture dans notre pays au regard des canaux d'irrigation traditionnels en raison du volume des superficies qui seront irriguées le long de ce canal ainsi que des quantités d'eau qui seront drainées à partir du fleuve à partir de 3 ouvertures le long de l'Aftout Sahli d'une capacité de pompage de 45 mètres cubes à la seconde.

 Le projet porte sur trois axes, exécutés par la SNAAT, à Jder Lekraa, N'Gadir et Aftout Essahli, tandis qu’un quatrième le sera par l'Office des travaux publics de l'Armée nationale, sur une distance de vingt kilomètres. Le canal qui se prolonge sur cinquantaine de kilomètres, de la zone de Jder Lekraa, sur le fleuve Sénégal, jusqu'à celle de Chatboul, dans l'ouest de la moughataa de Keur Macène, a été réalisé sans étude préalable, sans étude de faisabilité et sans étudie de viabilité.

La  SNAAT qui a remporté le morceau de gré à gré n’y est pas allé par quatre chemins,  elle a tout simplement sous traité l’essentiel des travaux à une entreprise marocaine dénommé STAM dont le partenaire est une personne proche du palais ocre.

C’est cette même STAM  marocaine qui a bénéficié de  plus de 20  milliards d’ouguiyas de marchés publics :

  • 340 ha, Tinyeder au Trarza, pour un montant de 1.332.258.873,70 Ouguiyas, soit 3.918.408,45 UM pour un ha  aménagé ;
  • 2.220,20 ha, dans le cadre du projet d’aménagement hydro agricole de Boghé (Brakna), pour un montant de 7.369.727.756,94 Ouguiyas, soit 3.319.398,14 UM, pour un hectare aménagé ;
  • 212,50 ha, à NKIK au Trarza, pour un montant de 857.266.870,62 Ouguiyas, soit 4.034.197,09 pour un hectare aménagé.

Il est aisé de constater les écarts frappants du coût de l’hectare aménagé entre les deux régions et au sein d’une même région.

Comment expliquer que l’Etat exige des paysans mauritaniens, de ne pas dépasser le montant de 400.000 UM à l’hectare et que de l’autre côté, on attribue des marchés à une entreprise, pour un montant colossal variant entre 3 millions et 4 millions à l’hectare aménagé ?

Soulignons que le projet PGIRE/OMVS (Programme de Gestion des Ressources en Eau, à Buts Multiples, financés par la Banque Mondiale,   a fixé le coût d’aménagement à l’hectare à 900.000 ouguiyas.

Aujourd’hui il semble que les autorités agricoles ont constaté que la plupart des terres qui seront irriguées par limseydi sont impropres à toute forme de culture, la salinité y serait trop importante. Ce sont donc vraisemblablement des milliards qui dilapidés dans un projet plus que douteux.

 

  1. Zone franche   grippée

Tout comme la plupart des grands projets, la création de la Zone Franche de Nouadhibou procède d’une décision politique prise la plus haute autorité de l’Etat sans aucune consultation ni des experts ni des concernés. Son objectif annoncé est de faire de la capitale économique du pays « un pôle d’excellence et un hub régional de classe internationale, en capitalisant les nombreux atouts et potentialités de la zone et en créant un cadre juridique attractif et propice à l’investissement. »
Malgré ses atouts naturels, le site est  situé sur le cap Blanc, qui se caractérise par la diversité et la beauté de son écosystème servi par un climat doux   tout au long de l’année. Sa position au nord-ouest de l’Afrique, à proximité de la Méditerranée et des ports Européens, et en face des Amériques, en fait un carrefour des principales routes maritimes.

Avec ses immenses ressources halieutiques et un hinterland minier particulièrement riche (fer, or…), Nouadhibou dispose déjà d’un potentiel économique suffisant pour assurer un développement durable de la zone. Elle dispose également d’un potentiel éolien et solaire exceptionnel. Les importantes infrastructures existantes ou à développer (portuaires, aéroportuaires…) tout ça aurait pu constituer des opportunités intéressantes d’investissement.

La levée des barrières douanières, les exonérations fiscales accordées aux entreprises, le régime spécifique de change permettant entre autres avantages l’installation de banques off-shore, la mise en place d’un Guichet Unique n’ont pas encore permis l’implantation d’une quelconque entité industrielle sérieuse.

 Depuis janvier 2013, date de sa création la Zone franche est devenue un véritable gouffre financier. Des dizaines de milliards y ont été engloutis et seuls les quelques dizaines de fonctionnaires qui bénéficient de traitements confortables semblent bénéficier de cette manne. La région se paupérise, et les populations d’abord euphoriques face aux perspectives annoncées commencent à déchanter et l’espoir fait désormais place au scepticisme. 

 

  1. Les grands chantiers immobiliers

Dans le cadre des activités de célébration du 55e anniversaire de l'indépendance du pays,   Mohamed Ould Abdel Aziz a notamment procédé à la pose de  la première pierre d’un hôtel 5 étoiles, le premier du genre dans le pays.

Ce nouvel hôtel, le Sheraton Nouakchott Hôtel, appartient à la Société nationale industrielle et minière (SNIM) et est réalisé en partenariat avec la chaine hôtelière mondiale Sheraton pour un coût de 60 millions de dollars.

Le Sheraton Nouakchott Hotel sera composé de 6 étages et comprendra 127 chambres, une suite présidentielle, 12 suites VIP, 20 suite ordinaires, 39 salles de réunions et deux salles de concerts de 700 personnes et 150 personnes de capacités d'accueil.

Il comportera aussi une piscine, deux terrains de tennis, un jardin et un parking de stationnement automobile. Les travaux ont été confiés à une entreprise chinoise qui seulement après deux ou trois mois a plié bagage laissant juste la fondation entamée. C’est aussi le cas de l’immeuble de la SNIM R+15 construit à l’ancienne place des blocs il fut attribué à l’entreprise espagnol ATERSA dont le partenaire n’est autre que le sieur Hamadi Ould Bouchraya qui ne fait aucun mystère de ses liens avec le palais. 16 millions d’euros y avaient été engagé en plus d’un avenant dont le montant est encore gardé secret.

Résultat,  ce sont deux structures en béton qui se dressent « fièrement » au centre ville et dont l’une constitue un danger du fait de ses grues non démantelées, mais qui montrent surtout combien la décision de leur érection a été prise à la légère.

BC