Le Gouvernement continue à montrer ses muscles face au Patronat | Mauriweb

Le Gouvernement continue à montrer ses muscles face au Patronat

mer, 22/06/2016 - 03:34

Depuis plusieurs mois,  la scène médiatique mauritanienne  est dominée par le bras de fer entamé par le premier ministre Yahya Ould Hademine avec le Bureau exécutif de l’UNPM, patronat mauritanien, en vu de leur imposer une direction choisie par le gouvernement soulevant un tollé  au sein  des hommes d’affaires mauritaniens mais aussi paradoxalement  au sein des syndicats.

Désormais à découvert le premier Ministre mène l’offensive en usant de menaces et de pressions pour faire plier les patrons qui continuent à serrer les rangs derrière leur président.

Rappelons que lors d’une réunion du comité exécutif de l’Union Nationale du Patronat Mauritanien (UNPM) qui a eu lieu, le lundi 05 octobre 2015, le dit comité s’était engagé à l’unanimité à reconduire son actuel président . Au cours de cette réunion, l’organe exécutif de l’UNPM avait adopté à l’unanimité une résolution demandant  à son président, Ahmed Baba Azizi de se présenter à sa propre succession lors du prochain congrès.  Mais Ould Hademine n’en a cure ;  à ses yeux tous le moyens sont bons pour faire dégager ce Président qui parfois adopte un ton critique vis à vis du climat des affaires en  Mauritanie. Position qui a soulevé un tollé au sein des autres partenaires sociaux.

Dans une démarche sans précédents 5 syndicats des travailleurs ont apporté leur appui à  Ahmed Baba Azizi. Dénonçant cette attitude du gouvernement  qui est selon eux « est une violation flagrante de la constitution et des règles de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) » .

Ces syndicats déplorent « une campagne musclée et ciblée touchant les présidents des différentes fédérations formant l’UNPM,  afin de leur imposer une destitution pure et simple de l’actuel président, M. Ahmed Baba Ould Azizi, démocratiquement élu par les assemblées compétentes et irrécusables.»

Selon eux "cette situation traduit encore  une fois de plus l’irrespect du principe du tripartisme, socle fondamental et unique en son genre au sein des organes des Nations Unies (ONU), qui noue et entretient les rapports professionnels entre les partenaires sociaux de chaque pays membre de l’OIT". Face à cette situation ces centrales "dénoncent avec la dernière énergie  une dangereuse escalade et une atteinte à la Convention 87 de l’OIT, ainsi que des harcèlements outranciers à l’encontre des dirigeants des organisations patronales et syndicales" mais aussi  la volonté  des pouvoirs publics de s’immiscer  dans le fonctionnement interne de l'Union Nationale du Patronat de Mauritanie (UNPM).  Ould Hademine qui avait convoqué les présidents des diverses fédérations  leur  avait donné jusqu’au 10 juillet prochain pour tenir leur congrès et remplacer Ahmed Baba par Isselmou Ould Tajedine.

Mais l’écrasante majorité des patrons continue à serrer les rangs derrière leur président auquel aucun reproche objectif n’a été fait. C’est ainsi qu’au cours d’une réunion du bureu exécutif  convoqué ce lundi par le président Ahmed Baba cette unanimité à ét constatée. Seuls le président de la Fédértion du BTP, Lemrabott Ould Tanji qui est du reste un député  de l’UPR et celui de la fédération des Boulangeries Ould Msabou ont montré quelques hésitations face aux menaces du premier ministre.

Paradoxalement et alors qu’il fait face à un certains nombre de défis majeurs comme l’implosion du secteur minier, la déliquescence du système éducatif et de santé, le marasme du secteur agricole et au plan politique un dialogue qui peine à démarrer, Ould Hademine semble avoir mis en tête de ses priorités le limogeage du président du patronat, une structure sensée être indépendante et autonome.

 Jusqu’ici les partenaires au développement notamment la Banque mondiale, le FMI et l’UE n’ont pas encore réagi face à cette attitude du gouvernement mauritanien qui foule au pieds et mets à mal la panacée de ces dernières années qui est le PPP  mais aussi qui va à l’encontre de l’assainissement du climat des affaires crédo de ces institutions.