Quand la HAPA happe la presse en Mauritanie ! | Mauriweb

Quand la HAPA happe la presse en Mauritanie !

mar, 23/02/2016 - 17:30

Pourquoi la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) s’est avisée brusquement le programme « vi samim »(au cœur de, en profondeur), diffusée par la chaîne de télévision privée El Mourabiton.Pourquoi le ministère de l’intérieur soumet les activités des partis politiques à des autorisations ?

Suite à des plaintes répétitives à l’encontre de journalistes de la part de particuliers, occupant du reste des fonctions officielles et de la SNIM, après l’arrêt de l’émission « Sahara Talk » par la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel que cette dernière procède à la suspension d’un programme télévisé. 

Plus, pour enfoncer le clou, elle adresse un avertissement, en énumérant en douze points les griefs qu’elle reproche à la chaîne privée El Mourabiton. 

Quand un journaliste est traîné en justice pour avoir écrit un article, quand une émission radiophonique est arrêtée parce que le contenu ne plaît guère en haut lieu, quand un programme télévisé est suspendu pour les mêmes raisons, la liberté de presse est un vain mot. Cela signifie que la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel « régule » le champ médiatique avec les yeux et l’ouïe du pouvoir, dont elle connaît l’humeur, dont elle sait les réactions par rapport à tels ou tels propos.

Quand la HAPA happe les journalistes, elle se comporte à la manière d’un chien de garde du pouvoir dont elle sert de sentinelle en état de veille, à l’affût. Les sorties liberticides de la HAPA se multiplient, comme celles du ministère de l’intérieur, qui a transmis à l’ensemble des hôtels une circulaire leur intimant d’exiger des partis politiques une autorisation pour l’organisation de leurs activités. Ainsi, nos activités en tant que journalistes passent à la trappe.

Comme celles des politiciens, de l’opposition s’entend. Ainsi, les ciseaux du censeur reprennent du service. Qui dit ciseaux, dit barreaux et bâton. En effet, quant l’activité journalistique et politique est appréhendée à travers les mailles étroites du délit séditieux, la liberté d’expression, de presse, d’association devient caduque et c’est le retour aux âges farouches de l’obscurantisme et de l’exception.

Les cas de violation les plus récents se déroulent actuellement en Mauritanieconcernent des journalistes traînés en justice pour avoir évoqué les déboires de la SNIM, ou parlé des turpitudes de hauts responsables de la sécurité. En plus d’un animateur radio de débats dont le programme a été tout bonnement arrêté parce que les cercles du pouvoir ont été titillés.

De même, une émission de télévision est suspendue parce que le pouvoir tient à ce qu’il ne soit guère épinglé et à ce que ses desiderata soient appliqués à la lettre. Quiconque outrepasserait ces limites sera passé à la trappe. C’est l’arbitraire de l’Etat qui impose une censure musclée contre la liberté de presse. Le nombre des journalistes inquiétés dans ce pays ne se compte plus sur les doigts d’une seule main.

Alors que nous avions commencé à entrevoir une éclaircie dans le sombre ciel des libertés en Afrique en faveur des évolutions notables dans la gouvernance ces dernières années, voilà que la Mauritanie bascule dans le chaos des violations des libertés publiques. Des poussées obscurantistes, jadis contenues, mentalement et juridiquement réprimées du moindre droit à l’expression, reprennent le dessus sur le pouvoir. Et c’est le retournement du bâton. 

Pas contre les pratiques du pouvoir, mais contre la liberté elle-même. A commencer par celle de la presse. En Mauritanie, le musèlement des journalistes redevient la règle. La censure revient au galop. La contagion fera de nouvelles victimes, à moins qu’un antidote ne soit actionné contre le venin liberticide. Nous devons à notre tour, les soutenir pour que leurs droits et leurs libertés et ceux de l’ensemble des journalistes soient respectés et garantis au-delà des caprices des gouvernants.

Yahya  (Le Rénovateur Quotidien)