Limogez Mesgharou Ould Ghoueizi ! Par Hanevy Dahah | Mauriweb

Limogez Mesgharou Ould Ghoueizi ! Par Hanevy Dahah

lun, 13/02/2023 - 16:21

Taqadomy - Les déclarations choquantes du Procureur de la République à Nouakchott nord, au sujet des résultats de l’autopsie du militant des droits de l’homme Souvi Ould Cheine, confirment avec certitude qu’il a été tué.

Probablement avec préméditation, car ils l’ont amené de force et l’ont emprisonné arbitrairement, sans aucun respect des procédures légales, ni de la tradition pénale qui exige de n’emprisonner personne à l’insu et sans l’approbation du Procureur de la République.

Il y a eu des déclarations contradictoires sur la détermination des mobiles qui auraient poussé ceux qui étaient censés protéger le citoyen et assurer sa sécurité, à l’arrêter et à le torturer jusqu’à la mort. Quelqu’un a dit (ce que son frère Khatar a nié) qu’un créancier de Souvi lui aurait demandé le paiement de créances impayées depuis un certain temps.

Les informations sont contradictoires. Des pots-de-vin auraient été versés à la police pour obliger Souvi à reconnaître les intérêts de la dette, dus au retard de paiement pour joindre la reconnaissance de dette aux rapports de police et signés par le débiteur.

A l’appui de Khatar Ould Cheine, qui nie l’histoire du plaignant, c’est qu’à ce jour, celui-ci n’est pas apparu, lui qui est censé être à l’origine de la plainte. Comment peut-il disparaître dans ces circonstances ? Alors, quelle est la plainte ? Et qui est le plaignant ?

Une autre histoire, relayée par des amis et camarades de la victime, militants comme lui des droits de l’homme, indique qu’un vocal de Souvi sur des groupes « WhatsApp » aurait récemment adressé des critiques virulentes au directeur général de la Sûreté nationale, Mesgharou Ould Ghoueizi et son soutien à une éventuelle candidature de son fils, en dépit de ses antécédents judiciaires.

Souvi a été attiré de son domicile, situé à Nouakchott Sud, vers un commissariat à Nouakchott Nord, dont le commissaire, Mokhtar Isselmou Ould Sidou, est lié par des liens de parenté et d’alliance à la famille Ehl Ghoueizi. Cela lui aurait valu, d’ailleurs, son avancement trop rapide, alors qu’il n’est entré dans le corps de la police qu’en 2017! Ce qui fait dire à des activistes des réseaux sociaux que le commissaire est le protégé du Général.

La convocation de Souvi Ould Cheine était-ce pour le recouvrement d’une dette, ou était-ce pour le punir pour avoir insulté l’enfant choyé ?

A supposer que ce soit une dette, où est le plaignant ? A quoi se réfère cette fameuse dette et quelles en sont les modalités ? A moins que ce ne soit une opération punitive, le but était-ce d’intimider Ould Cheine ou de le tuer ?

Certaines analyses indiquent que, quelque douteuse que soit la raison de la convocation de Souvi au Commissariat de Dar Naim 2, sa mort n’était pas préméditée pour autant.

En dautres mots, l’arrestation ne s’est pas déroulée selon la volonté des policiers. Ould Cheine leur avait opposé une farouche résistance, rendant coup pour coup, des poings et des pieds, manquant de peu de les vaincre. Ils se sont rués sur lui, ayant décidé de ne pas se laisser battre. Ils se sont alors déchaînés, donnant libre cours à leur hargne, à leur violence, à leur colère, à leur cruauté, au point de le tuer, sans autre forme de procès.

La déclaration de la direction générale de la Sûreté Nationale était une plaisanterie. Elle ramenait la mort à un «malaise soudain». Une version que démentent de façon criante les photos diffusées par les militants des médias sociaux d’un corps meurtri par des blessures mortelles, marqué aux poignets par des traces de menottes.

La gestion de l’événement par les autorités mauritaniennes était acceptable et inédit. Le Président Ghazouani a donné l’ordre au ministre de la Santé de rentrer à Nouakchott et de superviser l’autopsie, dont les résultats ont confirmé : « une suffocation » et « deux fractures au cou », soulignant que ces deux causes pourraient chacune à elle seule entraîner la mort. Après, l’enquête a été ouverte et les autorités ont promis qu’elle sera « transparente et indépendante », promettant d’arrêter les éléments du Commissariat auteurs de ce crime.

Souvi Ould Cheine n’est pas la première personne à être assassiné dans un poste de police, pas plus que ce n’est le crime le plus odieux qu’elle ait commis. Mais, c’est assurément le plus dangereux, compte tenu du contexte temporel. Actuellement, les voix de la discorde, de la discrimination s’élèvent et le discours politique l’emporte, exhortant les gens à aller aux élections législatives, en usant d’un discours de haine, de violence verbale. Ce qui menace la cohésion et l’intégrité de la société.

Le moment est grave. Mais, ent toute sincérité, on ne peut qu’apprécier les actes positifs posés par le Président Mohamed Ould El-Ghazouani. C’est ce que dit avec satisfaction le frère de la victime, Khattar Ould Cheine, dans ses déclarations à la presse. Cependant, il convient d’insister sur la nécessité de saisir l’opportunité, car « l’opportunité est éphémère », disait Hippocrate, pour mettre de l’ordre dans le secteur de Police, qui nécessite une réforme rigoureuse, un nettoyage profond de ses saletés, de ses bases besognes. Il est impératif que les effectifs de la Police soient formés, recyclés, éduqués aux valeurs des droits de l’homme et au respect strict de la loi.

Je ne pense pas que la tension provoquée par la mort de Ould Cheine sera contenue sans le limogeage du directeur général de la Sûreté. C’est la mesure naturelle qui est attendue dans tout État de droit, qui applique la démocratie et où les dirigeants prennent fait et cause pour les administrés.

Parce que Mesgharou Ould Ghoueizi ne saurait en aucun cas se soustraire à la responsabilité de la mort d’un innocent dans un commissariat de Police, SA Police. Pas plus qu’il ne saurait échapper aux conséquences de l’infâme communiqué de la Direction Générale de la Sûreté Nationale, sans coup férir. Et que dire des accusations des militants des droits de l’homme qui le soupçonnent nommément d’avoir ciblé Ould Cheine dans des audios où celui-ci le critique lui et son fils ? Cela doit faire l’objet d’une enquête. Toute sanction doit être faite sur la base de preuves probantes !

Politiquement, le régime de Ghazouani, que ses opposants qualifient de faible, peut aussi faire œuvre utile en « frappant l’imam afin que le muezzin et les fidèles prennent peur ». Le limogeage de Ould Ghoueizi sera sans aucun doute un acte fort, à la mesure de l’évènement.

Le régime en sera davantage respecté et la vie des citoyens sera, enfin, chose sacrée. C’est une occasion rare à ne pas manquer, comme d’autres ont été manquées. A l’exemple du mariage faste du fils de Mokhtar Ould Bolle [Général de Division, Chef d’état-major général des Armées, Note du Traducteur]. Partout ailleurs, un tel gaspillage des deniers publics aurait donné lieu à un limogeage du père prodigue. Il va sans dire que le meurtre est beaucoup plus grave!

En juin 2010, le Général Stanley McChrystal, Commandant des forces américaines en Afghanistan, a révélé au journal Rolling Stone ce que la presse américaine considérait comme une insulte envers certains hauts responsables de l’administration Obama, parmi lesquels se trouvait à l’époque le vice-président américain Joe Biden.

La presse considérait qu’il s’agissait d’un test difficile de la force du nouveau président, Barack Obama. Dans la pratique du gouvernement, d’aucuns doutaient qu’il fût un homme avec deux femmes (expression américaine d’usage qui signifie virilité). Mais, Obama n’a pas hésité à renvoyer le Général qui avait coutume de dire à haute voix ce que les autres chefs militaires disaient in petto.

Pourtant, ce Général avait occupé les postes les plus sensibles au sein de la hiérarchie militaire américaine. Il dirigea le Commandement des Opérations Spéciales ayant abouti à la liquidation d’Abu Musab Al-Zarqawi. D’ailleurs, Robert Gates a dit qu’il était « le meilleur guerrier et commandant de terrain qu’il ait jamais connu, de toute sa vie ».

Oui, le Général Stanley McChrystal a été licencié malgré ses excuses à Joe Biden. Après sa radiation de l’armée, il a été recruté par la prestigieuse université de Yale, où il enseigne encore un cours sur la philosophie du « leadership ».

Alors, de grâce, sans détour et sans délais, limogez le Général Mesgharou Ould Ghoueizi !