Trarza : les habitants d’un village se plaignent de l’expropriation de leurs terres et leur persécution par la police | Mauriweb

Trarza : les habitants d’un village se plaignent de l’expropriation de leurs terres et leur persécution par la police

dim, 12/12/2021 - 15:47

Alakhbar - Des habitants du village de Ngawlé, relevant de la moughataa de Tékane, dans la wilaya du Trarza, se sont plaints de l'expropriation de leurs terres agricoles par des hommes d'affaires, sous la protection des autorités, de leur agression par la police et de l'arrestation de certains d’entre eux dans la ville de Rosso, la capitale de la wilaya.

"Les habitants du village ont été soumis à des déportations forcées en 1989, époque au cours de laquelle, ils détenaient 400 hectares légalement acquis. Ils sont munis aussi bien des documents officiels de droit de propriété que coutumiers", affirmé Moussa Sidi Sarr.

« Les autochtones se sont étonnés à leur retour au bercail, de l’occupation de toutes leurs terres, au point d’être coupés du pays, en raison des zones agricoles et de leur barrières, qui ont fermé tous les accès menant au village, hormis un passage étroit et difficile, ajoute Moussa Sidi Sarr.

Il souligne que les documents qui se trouvent en leur possession spécifient les propriétaires des zones agricoles entourant leurs terres, avant d'appeler le gouvernement à intervenir et à mettre fin à l'injustice dont ils sont victimes ainsi qu’à œuvrer afin qu'ils entrent en possession de leurs terres agricoles.

Répression et arrestation

Le jeune homme, Mamadou Houcein Sarr, l’un des manifestants qui avait protesté pour exiger l’arrêt des travaux entrepris par les engins opérant dans les zones agricoles témoigne lui aussi, mettant en exergue l’attribution des terres précitées, selon ses dires, à un homme d’affaires appelé Wedia Ould Wedia.

« Nous avons été surpris, au moment où nous accomplissons la prière d’El Asr, de notre encerclement par des véhicules de la police dont certains venaient de Tékane et d’autres de Lexeiba 2, avant l’arrestation de 12 des manifestants et leur acheminement vers Rosso, où certains ont été emprisonnés et d’autres placés sous contrôle judiciaire », a-t-il ajouté.

Houcein a catégoriquement nié l’agression de manifestants sur des policiers, disant qu’ils ne réclament que leurs terres agricoles dont ils détiennent les preuves de la propriété.

« L’arrestation et le contrôle judiciaire ont considérablement affecté notre vie, puisque la source de vie de la plupart de nous repose sur notre travail manuel », a-t-il ajouté, rappelant, en ce qui le concerne, qu’il exerce dans la pêche dans la ville de Nouadhibou et qu’il n’a pas pu rejoindre son lieu de travail avec le début de la nouvelle saison de pêche, à cause des autorités.

Aichetou Tahirou a rendu quant à elle, les agents de police qui travaillent dans le village, responsables de la perte de son petit enfant, âgé de 12 ans, disant qu’il a contracté une forte fièvre le 13 novembre et qu'elle comptait le conduire au Sénégal à la quête de soins et dont ils ne sont séparés que du fleuve, avant qu’elle n’en fut empêchée par les policiers.

« Ils ont demandé de choisir entre rester au village ou partir à Rosso située à 100 km environ de chez nous alors que je ne dispose pas de moyen pour y aller », a-t-elle ajouté, affirmant que le petit est décédé le lendemain 14 novembre dernier.

Doléances faites au président

Djibril Niass a appelé au nom des habitants du village de Ngawlé, le président Mohamed Ould El Ghazouani, à intervenir et à éradiquer l'injustice dont ils sont victimes ainsi qu’à œuvrer afin que leurs terres agricoles leur soient restituées.

« Les habitants ne réclament que leurs droits, de récupérer leurs terres agricoles et d’y revenir pour les cultiver », a-t-il ajouté, dénonçant les exactions policières commises à leur endroit, surtout contre les femmes, affirmant que plusieurs d’entre elles ont avorté à la suite des coups reçus des agents de la police.

Sur place, les engins continuent d’aménager les espaces agricoles, alors que des véhicules de la police stationnaient dans les alentours afin d’assurer leur protection.

Les policiers avaient tenté d’empêcher les journalistes de filmer la zone agricole, leur confisquant leurs cartes pendant un moment, avant de les leurs restituer sur instructions de leurs Chefs.

Pas de réponse

Appelé à plusieurs reprises sur son numéro de téléphone, dans le but de recueillir son point de vue sur le différend foncier avant la publication des résultats des investigations, l'homme d'affaires, Wedia- Ould Wedi-a n’a pas répondu.

Traduit de l’Arabe par Cridem