C’est un scénario fort probable que beaucoup d’agriculteurs dans le monde redoutent. Avec la fin de la crise du Covid et l’amorce d’une reprise économique, la demande chinoise est très forte. Tant et si bien que depuis le début de la morte saison, les livraisons se font au compte goutte. En termes de coût c’est l’envolée des prix qui atteignent des pics historiques.
La flambée du prix du gaz naturel, la matière première pour la production des engrais azotés est venue accentuer le problème. Son prix a triplé sur les principales places européennes.
Ici en Mauritanie, les autorités en charge du dossier ne semblent pas prendre la mesure du problème. D’ailleurs la Fédérations des agriculteurs section du Trarza a rendu public le 09 Octobre 2021 un communiqué dans lequel elle affirme que les quantités d’engrais mises à leur disposition est loin d’être insuffisante. Pourtant les appels d’offres pour l’acquisition de quantité d’engrais se suivent et se ressemblent avec leur lot d’improvisation, de rafistolage et de tripatouillage compromettant à terme l’approvisionnement du pays et partant la prochaine campagne agricole qui s’annonce dores et déjà parmi les plus périlleuses.
Les engrais qui ont contribué grandement à faire couler la SONIMEX, sont en passe d’enfoncer le CSA dans des problèmes inextricables et qui entrainera dans son sillage le Ministère de Agriculture.
Une demande de cotation ou appel d’offre pour l’acquisition de 10000 tonnes conditionnés en sac de 50kg avait été lancé en juin dernier par le CSA mais qui n’avait posé comme condition que la caution de bonne exécution d’une banque de premier ordre de 5% de l’offre financière.
6 sociétés ont déposés des offres et ont été classées en fonction du prix proposé. Les trois arrivées en tête, INMA-AGRO, DPA, et Jeka export sont de petites entités inconnues et sans grandes expériences dans le domaine ; d’ailleurs aucune n’a pu fournir la caution de bonne exécution. Les trois autres sont de grandes entreprises solidement implantées dans le secteur et avec lesquels on ne risque pas les faux bonds habituels au dernier moment.
Malgré tout le CSA signa avec INMA-AGRO mais le plus étonnant il lui accorda un avenant de gré à gré de 2000 tonnes mais cette fois ci au prix fort de 800 dollars la tonne soit un manque à gagner pour le trésor de 510 000 Us Dollars. Et soit au final les 12 000 tonnes au prix de 587,5 USD la tonne.
Le second marché en cours de dépouillement a donné lieu aux offres suivantes :
- SINAC 453 USD/T
- DPA 624 USD/T
- Partenaires Agricoles 635 USD /T
Un autre appel est en cours pour l’approvisionnement de l’année 2022 et au rythme ou vont les choses il ya lieu de craindre que le pays soit livrés à des intermédiaires dont la traçabilité des produits qu’ils fournissent est impossible et dont rien ne peut garantir la conformité et surtout l’innocuité.
C’est que le contexte international caractérisé par la raréfaction des produits alimentaires, l’envolée des prix et la rétention exercée par certains pays exportateurs traditionnels qui veulent réserver leur production à leurs propres populations il faut être extrêmement prudent pour ne pas compromettre l’embryon d’agriculture que nous commençons à avoir.
Hamza Sy