Jeune Afrique - Royalties, taxes, présence au conseil d’administration… La société aurifère canadienne et le gouvernement ont tranché sur plusieurs points clés de leur relation commerciale. La question de l’extension de la mine reste cependant encore à éclaircir.
La visite du ministre Mauritanien du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, Abdessalem Ould Mohamed Saleh, à la mine d’or de Tasiast fin juin a été fructueuse : dans un communiqué daté du 15 juillet, l’entreprise canadienne Kinross Gold annonce en effet avoir enfin conclu un accord définitif avec le gouvernement de Nouakchott sur les principaux points qui opposaient les deux parties depuis des années.
Par ce texte, qui reprend la plupart des éléments de l’accord de principe signé en juin 2020 entre Nouakchott et Kinross, les signataires s’accordent notamment sur le maintien des exonérations fiscales sur les taxes relatives au carburant, le remboursement à Kinross par les autorités de 40 millions de dollars en crédits de TVA impayés et le paiement de 10 millions de dollars par la société au gouvernement « pour résoudre les questions litigieuses », indique le groupe minier.
Royalties revalorisées
L’accord inclut également la révision du taux de redevance (royalties), qui passe de 3 % à 4,5 %, et même à 6,5 % si le cours de l’or dépasse les 1 800 dollars (au 16 juillet, l’once vaut 1 827,63 dollars). Une revalorisation qui s’aligne sur les montants pratiqués dans la région, ce taux étant par exemple au Ghana, pays où Kinross exploite la mine de Chirano, de 5 % en 2016 selon le Centre d’études et de recherches sur le développement international, qui dépend du CNRS.
Le gouvernement obtient enfin la nomination de deux observateurs au conseil d’administration de la filiale de Kinross qui exploite la mine de Tasiast, Tasiast Mauritanie Limited SA. (TMLSA).
Cet accord « équilibré » qui « témoigne de la qualité du partenariat stratégique entre le gouvernement mauritanien et Kinross », selon les mots du PDG du minier canadien, J. Paul Rollinson, cité par le communiqué, couronne les années d’efforts de l’entreprise pour diviser par deux ses coûts de production (584 dollars en 2020), via son plan d’expansion baptisé « 24K project », et aplanir ses relations avec Nouakchott.
La longue et coûteuse aventure de Kinross en Mauritanie
En effet, la mine, située à 300 kilomètres au nord de la capitale, qui avait commencé à être exploitée par la société canadienne Red Black Mining en 2007 avant d’être vendue à Kinross trois ans plus tard, a longtemps présenté les coûts de production les plus élevés du portefeuille Kinross (1 061 dollars l’once en 2016).
Avec la mise en œuvre du 24K project, la mine a produit en 2020 406 509 onces d’or pour un chiffre d’affaires de 718 millions de dollars.
En outre, suite aux pressions de Nouakchott, Kinross, cinquième producteur d’or au monde et premier investisseur privé du pays, avait dû signer en juillet 2016 un accord de « mauritanisation » de ses effectifs, qui a fait passer le taux des effectifs mauritaniens de sa filiale de 90 % en 2017 à 97 % en 2021.
Le sort de Tasiast Sud encore indéterminé
En revanche, « Tasiast Sud n’est pas inclus dans cet accord simplifié et ne fait pas partie du projet d’expansion », signale le communiqué.
L’extension de l’exploitation était pourtant bel et bien mentionnée dans la lettre d’intention paraphée en juin 2020, qui prévoyait que l’État détiendrait 15 % de la future société dédiée, avec option d’achat de 10 % supplémentaires. Nouakchott devait en outre nommer un administrateur et un observateur au conseil d’administration de cette société.
Mais Kinross ne précise pas les raisons de ce recul, la société préférant se montrer positive en insistant sur le caractère prioritaire redémarrage de l’activité de broyage de Tasiast après l’incendie qui a stoppé la production le 15 juin et sur « le plan de production actuel » de la mine.
Par Anaëlle Salamon