Le Calame -Abidine Ould Sidaty est le secrétaire général du comité des usiniers et exportateurs de poisson de la section Sud (FNP).
Les tractations pour l’élection du président de la section Sud de la FNP battent leur plein. Les opérateurs de la zone n’arrivent pas à s’entendre sur un candidat unique. Votre Comité a-t-il un candidat ? Pourquoi, malgré l’intervention de la FNP, les positons restent inconciliables ?
Abidine Ould Sidaty: Je tiens tout d’abord à remercier Le Calame de me donner l’opportunité de m’exprimer sur les prochaines élections pour la succession de notre doyen feu Mohamed Ould Saleck (Bay Peja), paix à son âme ! Comme vous le savez, la section Sud de la FNP joue un rôle non négligeable dans l’exploitation et le développement de nos potentialités halieutiques.
C’est pourquoi le comité des usiniers et exportateurs attache une importance capitale à son bureau. Ils ont investi des milliards dans la pêche avec plus de 35 usines à Nouakchott.
Nous avons jugé utile de présenter un candidat capable de donner une nouvelle impulsion à ce secteur qui agonise depuis plus de deux ans. J’ose vous confirmer que nos usines ne tournent qu’à 15 %, faute de production et de mesures d’accompagnement durant la redoutable pandémie Covid 19.
Nous avons renouvelé notre confiance à notre président Béchir Ould Hacena Ould Ahmed Labeid par des procurations de 99% des usines et exportateurs, prêts à voter pour le candidat appelé par notre comité à briguer la présidence de la section Sud.
Mais force est de constater la défection d’un usinier qui veut imposer un autre candidat contre vents et marées. Malgré cette volonté contraire à l’esprit collectif, nous avons demandé des négociations pour parvenir à une liste où tous les comités seraient représentés : priorité à la recherche de solutions appropriées au secteur qui agonise ! Nous tenons à donner une nouvelle dynamique pour sauver nos investissements colossaux.
-Dans une interview récente à notre journal, le président du Comité dressait un tableau sombre de la situation de la pêche. Pensez-vous que la bonne volonté affichée par les nouvelles autorités suffira à arrêter la « descente aux enfers » du secteur ?
- C’est effectivement un tableau sombre de la situation de notre secteur plongé dans un profond marasme économique qu’a dressé à raison notre président Béchir.
Sans m’appesantir sur les nombreux problèmes qui ébranlent la pêche et qui ont été élucidés par notre président auprès des autorités compétentes, je vous confirme que le ministre des Pêches (Aziz Ould Dahi avant le dernier remaniement-NDLR) prend ces difficultés à bras le corps et promet des solutions rapides qui pourraient donner prochainement espoir.
Il n’est pas superflu de mettre en exergue les retombées socio-économiques, pour l’État, de nos usines en matière d’emplois, taxes, devises et autres. Lucide, je ne veux pas être sceptique et espère donc plutôt une« montée au paradis » du secteur.
- Quelles sont, selon vous, les mesures à prendre en urgence ?
- J’en énumèrerai six, convergeant toutes vers plus de pragmatisme :il faut d’abord autoriser la main d’œuvre étrangère pour une meilleure exploitation de nos ressources halieutiques ;définir des quotas pour les usines ;encourager financièrement les pêcheurs nationaux, en l’occurrence ceux de Ndiago qui accomplissent un excellent travail, malgré leurs modestes moyens et l’immobilisation de leur armement faute de moyens. C’est ainsi que le problème de la production sera réglée pour le marché local et les usines de congélation.
Quatrièmement, diminuer considérablement le nombre des usines de moka (farines), en gardant un effectif raisonnable de nationaux et interdisant cette exploitation aux étrangers car la farine de poisson est le coronavirus du secteur ; diminuer impérativement les prix de la SOMELEC et supprimer la taxe fixe car notre pays exporte l’énergie et les industries doivent être encouragées ; baisser tout aussi impérativement les taxes abusives de la SMCP (actuellement fixées à 12,5 % par conteneur !).
Il serait également souhaitable que le président de la République intervienne auprès de la BCM pour ordonner aux banques primaires de rééchelonner les engagements bancaires des usines endettées. Enfin, le ministère de l’Économie doit songer à proposer des prêts et subventions aux opérateurs du secteur qui sont dans une situation intenable.
Propos recueillis par AOC