Le projet européen ECOTOUR encourage le tourisme durable et la formation de guides locaux à Diawling, la Banc d’Arguin et dans les zones humides continentales.
José Naranjo/Nouakchott
Un troupeau de phacochères paissant de l’herbe, des centaines de pélicans en plein vol, des flamands roses à la démarche élégante et de gigantesques lézards prenant le soleil sur les rochers. La parc national de Diawling, au sud de la Mauritanie, est un authentique spectacle d’animaux sauvages, de dunes et de zones humides, une rencontre féconde entre la mer, le fleuve et le désert. Cependant, il n’est pas très visité par les touristes qui voyagent sur le continent africain. Dans l’idée de promouvoir un tourisme durable dans cet espace naturel et dans d’autres, le projet européen ECOTOUR, impulsé par le gouvernement insulaire de l’île de Grande Canarie avec le soutien du Gouvernement mauritanien, souhaite créer une économie solide autour des visiteurs dans ces espaces.
Cette initiative, qui axe ses efforts sur la promotion d’un tourisme adapté au milieu naturel et cohérent avec le mode de vie des habitants de la région, ainsi que sur la formation de guides locaux pour créer des emplois, s’inscrit dans le cadre du programme européen de coopération territoriale Interreg MAC 2014-2020 et bénéficie d’un financement de 1 052 000 euros. Y participent différentes institutions des îles Canaries sous l’égide du gouvernement insulaire de l’île de Grande Canarie, de l’archipel portugais des Açores, du Sénégal, du Cabo Verde et de Mauritanie, représentée ici par la Fédération du tourisme et par la Direction des Aires Protégées et du Littoral du ministère de l’Environnement.
En Mauritanie, les espaces sélectionnés sont le parc national de Diawling au sud, près de la frontière avec le Sénégal ; le parc national de la Banc d’Arguin, territoire côtier situé entre Nouakchott et Nouadhibou ; et les zones humides continentales. Le directeur des Aires Protégées et du Littoral du Gouvernement mauritanien, Monsieur Khouna Mohamed El Hacen Mekiyoun, assure que « ce projet s’appuie sur deux pieds : en premier lieu, donner de la visibilité au potentiel de l’écotourisme dans ces endroits, en créant une activité économique respectueuse de l’environnement ; en second lieu, former et renforcer les capacités des entreprises, des guides locaux, des artisans et de tous ceux qui ont trait à cette offre ».
Les parcs nationaux mauritaniens, un au nord et l’autre au sud, sont des espaces côtiers et ont été créés en 1976 (Banc d’Arguin) et 1991 (Diawling). Tous deux sont dotés d’organismes autonomes qui se chargent de leur gestion. En 1983, la Mauritanie a ratifié la Convention relative aux zones humides d’importance internationale, connue sous le nom de Convention de Ramsar, et dix ans plus tard, elle lance le Programme régional de gestion des zones humides, dans lequel, outre les deux parcs antérieurement cités, sont également inclus les espaces de Chat Tboul et de la Meseta de Tagant, où se trouve le lac Gabou, tous deux faisant l’objet d’une protection particulière. Ils font tous partie du projet ECOTOUR.
« Nous devons réussir à ce que le produit écotouristique se positionne sur la carte mentale à la fois des étrangers qui visitent notre pays, mais aussi des Mauritaniens mêmes. Il est clair que les deux parcs nationaux sont les plus visités, mais nous voulons mettre en valeur nos zones humides continentales », assure Monsieur El Hacen. Selon lui, la stratégie passe par le développement d’accords publics-privés qui permettent de générer une activité économique : « il faut soutenir les artisans, les femmes qui sont déjà réunies en coopératives, les guides locaux, les entreprises de transport, les établissements touristiques ».
L’idée partagée par tous les partenaires est que le tourisme, planifié et mis en œuvre de manière réfléchie, a la capacité non seulement de créer de la richesse et le développement de la population, mais il contribue également à la conservation des écosystèmes et au maintien des services environnementaux et des modes de vie qui en dépendent. Une analyse minutieuse du potentiel naturel, historique et culturel des enclaves sélectionnées sur tous les territoires qui participent au projet est en cours, dans l’objectif de déterminer quelles sont les valeurs qui présentent un plus grand attrait touristique, quels effets aurait le développement touristique sur la zone et comment il serait possible de minimiser son impact sur l’environnement. Plusieurs rencontres ont déjà été organisées à cette fin.
« Par exemple, nous souhaitons qu’il soit possible d’installer des campements de tentes pour les touristes qui soient alimentées à l’énergie solaire. Nous attendons des Canaries qu’elles nous apportent leur savoir-faire, une assistance technique et nous appuient dans leurs points forts. Nous, nous avons la matière première, qui sont des endroits magnifiques », explique avec fierté le directeur des Aires Protégées de pouvoir exécutif mauritanien. Le projet ECOTOUR arrive au bon moment, tout juste un an après la reprise des vols charters affrétés vers Atar, après 10 années de sècheresse touristique à cause des incidents de la fin de la dernière décennie. « Aujourd’hui, nous avons une grande sécurité, l’armée est partout, nous pouvons garantir que c’est une destination sûre », ajoute Monsieur El hacen.
19 projets dans divers domaines
La première phase du programme européen de coopération territoriale Interreg MAC 2014-2020, auquel participe la Mauritanie dans le cadre de 19 projets, commence à porter ses premiers fruits. Outre ECOTOUR, il existe des initiatives comme ConfiÁfrica, à laquelle participe la Chambre de commerce mauritanienne, destinée, entre autres, à établir des relations de confiance entre les PME des îles Canaries et de la Mauritanie en vue qu’elles puissent répondre ensemble à des appels d’offres internationaux à travers des consortiums. Lors de la présentation de cette initiative à Ténériffe, à laquelle a assisté le président de la Chambre de commerce mauritanienne, Mohamedou Mohamedou, l’accent a été mis sur l’importance de créer des réseaux entre les entreprises des deux rivages.
Parmi les autres projets, citons Plamacan, qui vise à créer une plateforme entre les Canaries et la Mauritanie pour la gestion de projets d’entreprises dans le domaine de la pêche et dans les secteurs de l’extraction ; Interport, auquel participent les ports de Nouadhibou et Nouakchott dans un objectif d’amélioration des entreprises portuaires, notamment les fournisseurs de navires et les chantiers navals, grâce à l’innovation, la technologie et la coopération des entreprises ; Afrimac, pour le développement de la coopération des entreprises dans les secteurs de l’eau et des énergies renouvelables ; ou Demos, qui vise à créer un réseau eurafricain de coopération pour l’amélioration du travail que réalisent les médiateurs en Mauritanie, au Sénégal, aux Canaries, au Cabo Verde, à Madère et aux Açores.