Les résultats du scrutin du 1er septembre arrivent au compte-gouttes à la Commission électorale où une source indique que le parti au pouvoir et les islamistes du Tawassoul sont en tête. Entre informations incomplètes et accusations de fraudes, la partie est loin d'être jouée.
Quelques jours après les élections législatives, régionales et locales, les Mauritaniens ne sont toujours pas fixés sur quant à la majorité qui va se dégager avant que la présidentielle mi-2019 ne désigne celui qui va être à la barre de la destinée du pays dans les prochaines années.
Cela dit, selon une source proche de la Commission électorale et citée par l'AFP, le niveau de la compilation des résultats de ces scrutins aurait atteint entre 20 et 30 % pour les législatives et 50 % pour les régionales et municipales... et ce sont l'Union pour la République (UPR) du président Mohamed Ould Abdel Aziz et le parti islamiste Tewassoul (opposition) qui tiennent la cote.
Le retard dans la finalisation des résultats est dû à « la nature très complexe des scrutins ainsi qu'aux problèmes techniques, doublés des aléas de la nature qui ont fait que des bureaux ont continué à voter jusqu'à dimanche et que la communication des résultats a pris du temps », a ajouté cette même source.
Et pourtant, l'opposition dite « radicale » continue d'alerter sur les risques de « fraudes massives ». « Les dignitaires du régime ont eu recours à des bulletins de vote préremplis et remis aux électeurs pour les placer dans les urnes, à l'usage du vote multiple et au déplacement d'urnes des bureaux de vote avant leur décompte pour un bourrage criant », a dénoncé le chef de la coalition électorale de l'opposition démocratique (Ceod), qui regroupe les partis de l'opposition dite « radicale », Mohamed Ould Moloud.
L'Union africaine rassure sur la tenue du scrutin
De son côté la mission d'observateurs de l'Union africaine (UA), la seule présente samedi, a estimé que les problèmes constatés ne remettraient pas en cause la « crédibilité » de ces élections. « Nous n'avons pas constaté de violations susceptibles d'affecter les opérations de vote », a indiqué la mission, lors d'une conférence de presse lundi soir à Nouakchott.
Les observateurs de l'UA ont précisé avoir visité 5 % environ de l'ensemble des bureaux de vote, faisant état globalement de « bonnes conditions » et de « climat de sécurité » durant ces élections dont les résultats globaux n'ont pas encore été publiés portent sur le Parlement et les conseils municipaux et régionaux. Ils ont ajouté que la plupart des bureaux étaient bien équipés et ont ouvert à temps, en dépit de quelques légers retards.
Arrivée le 22 août en Mauritanie et forte de trente observateurs, la mission de l'UA a appelé toutes les parties à « accepter les résultats qui sortiront des urnes » et à privilégier les « instances habilitées en cas de recours ou de contestation ».
La Ceni sur tous les fronts
Le président de la Commission électorale nationale indépendante, Mohamed Vall Ould Bellal, cité par l'Agence de Nouakchott d'information a répondu à ses détracteurs : « Je pense que réclamer les résultats d'élections auxquelles ont pris part 98 partis en confrontation dans cinq scrutins, dans un pays aussi vaste que la Mauritanie et en période d'hivernage, avec les difficultés de transport inhérentes à cette situation, n'est pas raisonnable du tout. »
L'homme tente de calmer les esprits en poursuivant qu'« on attendait, dans le passé, une semaine et plus, pour connaître le résultat d'un scrutin auquel participe un nombre restreint de partis politiques.
Ce fut le cas dernièrement du référendum sur le oui ou non et aujourd'hui, on exige les résultats, après 24 heures ou 48 heures, pour un scrutin dont le dépouillement porte sur 4 080 bureaux et concerne cinq listes ! Je dis, clairement, que les tirs nourris que subit la Ceni, et qui viennent de tous côtés, n'apportent rien aux élections et ne feront pas changer notre volonté de bien mener notre mission et de procéder au dépouillement des bulletins avec la rigueur que cela impose. »
Nul ne sait s'il sera entendu. Car les rumeurs se propagent déjà annonçant la victoire de l'Union pour la République (UPR) du président Mohamed Ould Abdel Aziz et le parti islamiste Tewassoul (opposition). Ils « émergent du lot si l'on regarde les résultats disponibles au niveau de tous les scrutins », qui concernent l'Assemblée nationale, les conseils régionaux et les municipalités, a affirmé à l'AFP la source proche de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), sans toutefois donner de chiffres.
Un nombre record de 98 partis, dont ceux de l'opposition « radicale » qui avait boycotté les législatives de 2013, se sont présentés à ces élections. De fortes pluies ont empêché l'accès des équipes de la Ceni à des localités dans au moins cinq régions du pays. Les résultats pourraient ne pas être publiés avant mercredi, alors qu'ils étaient initialement attendus lundi ou mardi, a souligné la source proche de la Ceni.
Ce scrutin est considéré comme un test pour le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz, un ancien général arrivé au pouvoir par un coup d'État en 2008. Élu en 2009 et réélu en 2014, il a appelé les électeurs à plébisciter l'UPR lors de ces élections.
Bien qu'il se soit engagé à maintes reprises à ne pas tenter de modifier la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, il n'a pas apaisé les soupçons de l'opposition sur ses intentions pour la présidentielle prévue mi-2019, alimentés par les déclarations publiques de ses ministres et de ses partisans.
Par Le Point Afrique