La coalition RAG/Sawab a condamné la détention de Biram Dah Abeïd sa tête de liste à la députation jugée « illégale » et exigé sa libération immédiate. Réagissant ce mardi 14 août, Balla Touré, candidat à la députation à Kaédi, lors d’une conférence de presse, estime que la situation est difficile considérant la mise en détention du leader abolitionniste de «cas politique », « d’obstruction » et de « sabotage » délibérément effectué par les autorités pour empêcher Biram de postuler à la députation et à la présidentielle de 2019. Le président de Sawab a de son côté déclaré que « ces pratiques de l’ère d’exception et des polices politiques n’ont plus d’effet sur les mauritaniens qui ont franchi la barrière de la peur ».
Abondant dans le même sens Oumar Ould Yali, tête de liste au conseil régional souligne que cette détention est une «provocation. Le pouvoir croit freiner notre action. Mais il se trompe, nous sommes des Biram en puissance. Et avec plus de vigueur, plus de détermination, nous parviendrons à notre objectif ».
Balla Touré est revenu par la suite sur les conditions troubles ayant prévalu lors de son arrestation. « La démarche est difficile à comprendre. Il n’y avait aucune crainte que cette personnalité nationale puisse se soustraire à la justice. Durant sa détention dans un local insalubre, il n’a pu rencontrer son épouse et ses avocats que furtivement. Il était très difficile de lui faire parvenir de la nourriture et des médicaments», révèle Touré.
Face à ces manquements notoires et des erreurs criantes, les responsables de l’alliance RAG/Sawab avaient cru que le parquet allait redresser cette situation et permettre à leur tête de file de rentrer. Mais ce fut peine perdue !!!Pour Touré, les relations entre journalistes et hommes politiques devraient emprunter la voie du cousinage. « Il serait dommageable que par le fait d’un journaliste un politicien aille en prison et vice versa. Il est indispensable que cet espace de dialogue puisse prévaloir». Malheureusement, déplore Touré, les autorités ont profité d’une situation pour soustraire le candidat qui était engagé dans la préparation des élections. Il a dénoncé les pressions exercées par la CENI pour invalider la candidature de Biram validée grâce à la détermination de la classe politique et les organisations de la société civile. « Les autorités n’ont pas obtenu ce qu’elles voulaient parce que la classe politique a tenu à rester débout pour que cette forfaiture ne passe pas », a indiqué Touré.
En dépit de l’inculpation de Biram Dah Abeïd, le plan initial de campagne de la coalition Sawab/RAG reste maintenu. D’ailleurs, elle projette de redoubler d’efforts durant la campagne saine qu’elle mènera, pour que les idées et le discours de Biram atteignent tous les villes et villages de Mauritanie. Mais aussi à ce que les électeurs fassent le « bon choix». Même si un « grand coup a été porté à la coalition », ses membres font savoir que leur leader est un « habitué des prisons et des procès ». Selon eux, l’homme tiendra. « C’est pourquoi nous mènerons une campagne à la hauteur de l’homme et de ses idées». Ils ont appelé la classe politique à la vigilance. « Ce qui est arrivé aujourd’hui à Biram pourrait arriver à n’importe quel candidat», selon eux.
Le président de Sawab et tête de liste à Nouakchott, Abdessalam Ould Horma a dénoncé l’implication du chef de l’Etat et d’une vingtaine de ses ministres présidents de directoire de campagne et de l’utilisation des deniers de l’Etat. Des craintes sont nourries quant à la transparence des prochaines consultations.
Enfin, la détention de Babacar Baye N’Diaye et de Mohamdi Ould Saïbott a été condamnée par la coalition Sawab/RAG. « Ces arrestations n’augurent pas de lendemains meilleurs et font ressurgir un climat de terreur dans le pays semblable à celui des années 70 et 80 ».
La conférence de presse s’est terminée en queue de poisson dans un tohu bohu. Intervenant en derrnier lieu,Cheikh Mohamed Abdallahi dit Mehdi, ancien transfuge de IRA et tête de liste à la députation à Kiffa a formulé des excuses publiques au nom de Biram à l’endroit de Deddah Ould Abdellahi suscitant une folle colère de nombreux militants de IRA. Ces derniers freineront net l’intervenant lui intimant l’ordre de parler en son nom. Faisant fi de cette injonction, Mehdi tenta de poursuivre son speech avant d’être finalement interrompu par les militants de IRA.
Mehdi est un habitué de ce genre d’incidents. Lors d’un meeting de Biram le 16 février 2013 à Nouadhibou, il prit la parole. Devant des milliers de militants de l’organisation abolitionniste, Mehdi exigea séance tenante de Biram de s’excuser publiquement d’avoir incinéré les livres malikites du code négrier. L’ancien candidat à la présidentielle de 2014 opposa un niet catégorique. Face à ce refus, Mehdi quitta l’estrade après que Biram l’a invité à se « barrer ». Il s’engouffra dans un véhicule tout terrain banalisé qui l’attendait. Il annonça dans les jours suivant la création d’une IRA sous sa coupole après avoir tenté sans succès de débaucher des militants de l’organisation. A la surprise générale, il reprit langue l’année dernière avec Biram sans pour autant figurer dans le staff de IRA. Certains militants ne comprennent pas son « jeu ».
Le Calame