Annoncé depuis novembre 2017, un prêt croisé entre la Bad et la Bei est enfin scellé par l’Adg de la Snim avec les deux bailleurs pour «le développement des installations portuaires » de l’entreprise. Mais la mauvaise gouvernance de la Snim aidant, ce prêt ne servira qu’à enfoncer la Snim dans un gouffre financier de plus en plus béant.
Un communiqué (voir ci-dessous) sanctionnant la mise en place d’un plan de financement conjoint Bad-Bei pour un coût de 109 millions USD a été rendu public lundi à Nouakchott. L’objectif du financement –officiellement- est de soutenir le développement des installations portuaires de la SNIM par l’approfondissement et à l’élargissement du chenal d’accès du port minéralier de Nouadhibou. Il intervient donc au moment où la Snim argue vouloir améliorer sa compétitivité et donc ses exportations en permettant l’accès par le chenal de navires d’une capacité de 230.000 tonnes. Une situation aujourd’hui impossible alors que le tirant d’eau ne permettrait l’accès que des navires de 150.000 tonnes. Le financement est en fait un prêt sur douze ans dont toutes les conditions ne sont pas éludées dans le communiqué de presse distribué. Tout ce que l’on sait c’est qu’il s’agit d’un financement de 59 millions de dollars fourni par la Banque Européenne d’Investissement et une seconde tranche de 50 millions Usd de la Banque africaine de développement. Mais –à propos d’approfondissement- il servira aussi à approfondir la crise la financière de l’entreprise déjà mise à mal par la mal gouvernance de ses deniers, une diversification inopportune de ses activités et enfin la chute drastique des prix enregistrée ces dernières années sur le marché international qui a trahi les faibles capacités managériales de ses dirigeants et de résilience aux chocs exogènes du géant aux pieds d’argile.
Est-ce le coup de grâce?
Il n’y a donc pas à pavoiser d’autant que ce prêt sera restitué rubis sur ongle à ces institutions de financement et avec les intérêts qui y sont liés. Plus que jamais donc la Snim continue de naviguer à vue fragilisant encore davantage sa situation financière et même structurelle. Les projections optimistes des investisseurs qui n’ont sans doute pas cassé leur tirelire pour venir en aide à l’entreprise résonne comme une course contre la montre pour une entreprise phare devenue l’ombre d’elle-même et qui ne vit plus que de son crédit –dans tous les sens du terme- auprès d’institutions financières qui cherchent des placements peu onéreux mais qui comme au loto peuvent rapporter gros. La Bad estime que les 50 millions qu’elle va investir dans ce projet pourraient générer, à termes, 380 millions Usd.
Après donc les 5 glorieux (2009-2014) qui ont vu la Snim battre tous les records de production soutenue par un prix moyen pondéré de 100 Usd/tonne, la société a déraillé du fait notamment de la mauvaise gestion et des mauvaises directives qui lui ont été infligées par les autorités politiques. Une mauvaise gestion qui, tous en témoignent, a été à l’origine de la plus grave crise sociale traversée par l’entreprise de toute son histoire. Une mauvaise passe pour le plus important employeur –après l’Etat- qui avec plus de six milles employés a failli chanceler dans un ravin sans fonds après deux mois de grève. Face à l’austérité imposée à son personnel et le manque de visibilité, la Snim qui a dépensé sans compter sur des avions MAI, servi des prêts à Najah Major Work pour la construction de l’aéroport «Oumtounsi » (18 milliards MRO), financé dans une folie des grandeurs un siège (20 millions d’Euros) et un hôtel 5 stars (60 millions Usd) pharaoniques et coûteux à Nouakchott s’est retrouvée sans aucun matelas de sécurité. L’alarme sonnait de partout alors que l’on découvrait ce goût du faste dans une entreprise qui commandait à coup de milliards d’ouguiyas et à tour de bras des matériaux inutiles et restés en stock.
Depuis 2014, la direction générale de la Snim aux commandes de laquelle ont alterné les plus proches collaborateurs du président Aziz n’a plus trouvé d’autres alternatives que celle de renflouer momentanément ses caisses par des prêts qui lui servent de bouffées d’oxygène aux dépends du contribuable mauritanien et des spécifiquement des milliers de travailleurs de la société en attendant peut-être le moment fatidique du coup de grâce.
JD
Lire Communiqué / Mauritanie : La BEI et la BAD soutiennent le développement des installations portuaires de la SNIM à Nouadhibou
La BEI et la BAD apportent un soutien financier à la SNIM d’un montant global de 109 millions de dollars. Ce financement est destiné à l’approfondissement et à l’élargissement du chenal d’accès du port minéralier de Nouadhibou.
Par ce soutien à la Société nationale industrielle et minière (SNIM), deuxième plus grand employeur de Mauritanie, la BEI et la BAD contribuent à la sécurisation de l’économie et de la croissance dans la région du Sahel.
La Banque européenne d’investissement (BEI), qui est la banque de l’Union européenne, et la Banque africaine de développement (BAD) ont conclu respectivement un financement de 59 millions de dollars et de 50 millions de dollars, sur douze ans, avec la Société nationale industrielle et minière (SNIM), le premier opérateur minier de la Mauritanie.
Ce financement est destiné au projet de dragage du port minéralier de la SNIM en vue de renforcer les capacités de ses installations portuaires à Nouadhibou, la capitale économique de la Mauritanie, située au nord-ouest de la côte mauritanienne sur l’Atlantique.
Il s’agit d’un financement d’envergure pour un projet à fort impact social et économique, avec la création de 94 emplois à temps plein durant la phase de construction et 230 emplois indirects. La Fondation de la SNIM bénéficiera également de ce financement pour ses activités sociales en Mauritanie.
Le port minéralier de Nouadhibou, dont le tirant d’eau ne permet pas actuellement d’accueillir des bateaux de plus de 150 000 tonnes, est le terminal maritime à partir duquel la SNIM exporte sa production de minerai de fer, et il tient de fait une place clé dans l’économie mauritanienne. Les navires qui accostent au terminal actuel ne représentent que 6 % de la flotte mondiale de vraquiers dont la disponibilité limitée accroît considérablement les coûts.
Le projet soutenu par la BEI et la BAD comprend l’approfondissement et l’élargissement sur 25 kilomètres du chenal d’accès du terminal minéralier de la SNIM avec un tirant d’eau permettant d’accueillir des navires de 230 000 tonnes. In fine, la réalisation de ces travaux permettra à la SNIM d’augmenter l’efficacité de sa chaîne de transport, d’améliorer sa rentabilité, sa compétitivité et sa résilience sur le marché international face aux fluctuations des cours mondiaux du minerai de fer.
« C’est un financement d’envergure et stratégique pour le développement du port minéralier de Nouadhibou. Ce projet d’extension des installations portuaires aura un impact social et économique fort pour les Mauritaniens, avec la création de nombreux emplois », a déclaré Ambroise Fayolle, vice-président de la BEI, ajoutant : « Le soutien au développement d’infrastructures adaptées, performantes et compétitives, est au cœur de notre action en Afrique, et en pleine adéquation avec les objectifs de l’accord de Cotonou et des objectifs de développement des Nations Unies ».
Ce projet, entièrement en phase avec deux des priorités de la Banque africaine de développement, industrialiser l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains, a reçu le support de la première institution de financement africaine. Ce support de la Banque africaine permettra de boucler avec la BEI le plan de financement, mais aussi de renforcer les ressources financières de la Fondation de la SNIM pour des projets sociaux : accès à l’eau, à l’énergie et aux infrastructures de santé.
Abdu Mukhtar, directeur du département de l’Industrie et des mines de la Banque africaine de développement, a rappelé : « La Mauritanie dispose d’un fort potentiel pour devenir un acteur majeur de la production mondiale de minerai. Les travaux du chenal permettront à la SNIM d’accueillir de plus gros navires et d’augmenter ainsi ses exportations à destination des marchés européens et asiatiques. La Banque africaine de développement soutient l’industrialisation de l’Afrique. Le prêt entreprise en faveur de la SNIM s’inscrit dans le fil des efforts que déploie notre banque pour promouvoir une bonne gestion des ressources naturelles durables, la croissance de ce champion industriel africain qu’est la SNIM et le développement de son infrastructure. »
«Le projet de dragage du port minéralier est un projet important pour la SNIM. Il permettra de tirer un meilleur profit des installations du port grâce au chargement de bateaux de 230 000 tonnes », a indiqué Mohamed Salem OULD BECHIR, administrateur directeur général de la SNIM. «Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’augmentation progressive des capacités de production de la SNIM, vise également l’amélioration de la compétitivité de nos produits, en diminuant nos coûts de production et en augmentant la productivité de nos installations. Son impact sur les coûts sera donc important, d’autant qu’une bonne partie des volumes additionnels devrait être destinée à des marchés où le coût du fret est élevé », a-t-il conclu.
Source: BEI
http://www.eib.org/infocentre/press/releases/all/2018/2018-183-mauritani...