Depuis quelques jours nous assistons à une montée autoritaire progressive du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz.
En effet, après avoir essuyé un échec retentissant dans sa tentative de révision de la constitution, avec notamment le vote d’une majorité qualifiée des sénateurs, conformément aux dispositions de la constitution, Ould Abdel Aziz a décidé non seulement de passer outre cette voie légale, mais aussi de réprimer sévèrement les voix discordantes.
C’est ainsi que le sénateur Mohamed Ould Ghadda, un des animateurs du vote conte les amendements proposés, a fait l’objet d’une première arrestation arbitraire à la suite d’un malheureux accident de la circulation, et ce, en dépit de l’immunité parlementaire dont il jouissait.
Après le scrutin, marqué par une formidable abstention des électeurs, la fureur semble gagner les rangs du pouvoir. En effet, c’est toujours contre le sénateurMohamed Ould Ghadda que les foudres de Mohamed Ould Abdel Aziz se sont abattues. Non seulement on l’empêche de se rendre au Sénégal voisin pour des soins, mais, pire encore, il fait l’objet d’un enlèvement en bonne et due forme. Pendant plusieurs jours, ni les membres de sa famille, ni son avocat, ni aucun de ses amis ne savent où il est séquestré.
Ce sont là des méthodes que l’on croyait révolues à jamais, mais qui ont la faveur des services du régime d’Ould Abdel Aziz. Cette exaction ne s’adresse pas seulement à Ould Ghadda. C’est une menace qui s’adresse à tout citoyen qui oserait déclarer son opposition au régime. C’est une violation grave des droits humains fondamentaux.
Il faut peut-être indiquer que cette situation nous rappellent que des violations graves des droits humains restent non résolues (esclavage, passif humanitaire, exclusion, etc.).
En particulier, il faut rappeler que des responsables de l’IRA sont arbitrairement détenus depuis plus d’un an, dans une prison située à plus de mille kilomètres de leurs lieux habituels de résidence. En raison de la gravité de la situation, des citoyens mauritaniens de toutes les composantes nationales et de toutes les conditions, ont créé un comité de soutien à M. Mohamed Ould Ghadda et à tous les détenus politiques. Les membres de ce comité :
- considérant les pratiques d’arrestation et de détention non conformes aux règles de droit en vigueur dans le pays ;
- considérant la nécessité du respect des droits élémentaires des tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions ;
- condamnent avec la dernière énergie la détention de Mohamed Ould Ghadda et celle des détenus de l’IRA;
- exigent leur libération immédiate et sans condition ;
- rendent le régime d’Ould Abdel Aziz responsable de toute aggravation de la situation du pays, déjà préoccupante, dans un environnement sous-régional marqué par l’insécurité ;
- appellent toutes les forces vives du pays, soucieuses de paix et de justice, ainsi que celles de la communauté internationale, à se joindre au comité, pour exiger que soient respectés les droits fondamentaux des citoyens, qui qu’ils soient.
Fait à Nouakchott, le 29 août 2017
Comité de soutien au sénateur Ould Ghadda