Le parquet général a diffusé aujourd’hui un communiqué choquant, à la fois alarmiste et plein de menaces, dans lequel il accuse "plusieurs personnes d’actes de complicité et de planification pour commettre de crimes transfrontaliers de grande ampleur et étrangers aux meurs et valeurs de notre société, dans le cadre d’une structure organisée, cherchant à semer le désordre et à perturber la sécurité publique".
Ce communiqué constitue une vaine tentative de détournement de l’attention de l’opinion publique de la crise dans laquelle se débat le pouvoir, crise qui s’aggrave jour après jour, et de son échec politique patent suite au boycott du peuple mauritanien de sa parodie de référendum, sur toute l’étendue du territoire national.
La fabrication des accusations infondées et le montage de complots imaginaires a toujours constitué le dernier recours pour les pouvoirs autocratiques pour justifier leurs crimes contre la démocratie et contre la liberté de leurs citoyens ; surtout, lorsqu’ils se sentent incapables de trouver les solutions appropriées aux problèmes réels et de faire face à la réalité avec courage et lucidité.
Il s’agit d’une fuite en avant qui risque de mener le pays vers l’inconnu. Par ces accusations dangereuses et sans fondement, le pouvoir cherche à cacher sa propre responsabilité dans la déstabilisation du pays avec des manœuvres ourdis dans le seul but de régler des comptes à ses adversaires politiques.
L’arrestation du Sénateur Mohamed Ould Ghadda n’est pas un acte isolé. Elle rentre dans le cadre de la politique répressive du pouvoir qui a ramené le pays aux périodes des lois martiales, à travers l’étranglement des libertés, la répression des manifestations des partis politiques légalement reconnus et des protestations pacifiques des jeunes et des femmes et la volonté d’étouffement de toutes les voix qui s’élèvent contre l’injustice et les dérives du pouvoir personnel.
Le Sénateur Mohamed Ould Ghadda est un opposant qui défend haut et fort ses positions politiques et qui a tissé des relations fortes avec tous ses compatriotes qui partagent ses opinions et positions politiques. Il a été enlevé en pleine nuit par des inconnus en civil, malgré son immunité parlementaire, sans aucun mandat d’arrêt et sans motif aucun. Il est resté trois jours sans que les siens et ses avocats aient eu la moindre information le concernant et sans que la justice ne soit informée de son cas. Son avocat a été empêché de l’entretenir en privé, au mépris des lois. Il n’a été transféré à la brigade mixte et son dossier n’a été transmis à la justice qu’après une pression continue de l’opposition démocratique, de l’opinion publique et de la presse. Il reste jusqu’à ce jour en situation d’enlèvement arbitraire.
Le Sénateur Mohamed Ould Ghadda a inscrit son action dans le cadre du Forum National pour la Démocratie et l’Unité qui constitue l’une des principales composantes de l’opposition démocratique. Le Forum National pour la Démocratie et l’Unité a continué, depuis sa création, à défendre les intérêts du pays et à exercer les droits que lui confèrent la constitution, les lois, les valeurs nationales et les usages démocratiques en matière de concertation et de coordination avec toutes les forces nationales de l’opposition, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, contre le pouvoir personnel autoritaire qui prend en otage le pays, ses institutions et ses ressources.
Les accusations gratuites et les menaces du pouvoir ne peuvent en aucun cas intimider le Sénateur Mohamed Ould Ghadda, qui est connu pour son courage et la constance de ses positions, et encore moins l’opposition démocratique qui continuera sa lutte pour défendre les libertés et les intérêts du peuple mauritanien et pour rétablir le processus démocratique.
Le FNDU :
• Renouvelle sa forte condamnation des traitements dont fait l’objet le Sénateur Mohamed Ould Ghadda au mépris des lois et valeurs démocratiques. Il renouvelle au Sénateur Mohamed Ould Ghadda son soutien ferme et sa solidarité agissante ainsi que sa détermination à continuer le combat en vue d’assurer sa libération et son rétablissement dans la plénitude de ses droits.
• Condamne avec force l’instrumentalisation de la justice au service des règlements des comptes avec les opposants.
• Met le pouvoir en garde contre les conséquences incalculables de sa fuite en avant à travers ses dérives pyromanes et sa volonté de pousser le pays vers le l’accentuation des crises politiques porteuses de graves menaces d’instabilité.
• Réaffirme sa volonté inébranlable de continuer, avec l’ensemble des forces nationales, son combat pour délivrer le pays du pouvoir personnel qui le prend en otage, et en vue d’y instaurer l’Etat de droit garant de la démocratie et de la justice.
Nouakchott, le 18 août 2017
FNDU