Quand le gouvernement mauritanien a institué par la loi N°2013-001 du 02 Janvier 2013, une zone franche dans la Wilaya de Dakhlet Nouadhibou, il avait dit avoir pour objectif « de faire de la capitale économique du pays un pôle d’excellence et un hub régional de classe internationale, en capitalisant les nombreux atouts et potentialités de la zone et en créant un cadre juridique attractif et propice à l’investissement. »
Ce ne sont sans doute pas les dernières décisions prises par la zone franche de Nouadhibou qui vont dans ce sens, loin s’en faut !
Ainsi, dans le cadre de la « revalorisation du patrimoine foncier de l’Etat à Nouadhibou pour en faire un levier de développement et un facteur d’attractivité, l’Autorité de la Zone Franche de Nouadhibou (AN-ZF) » avait lancé en juillet 2016 un appel à manifestation pour la vente de 27 lots viabilisés situés entre les deux principales avenues de la ville, à proximité de grandes sociétés de la place. Mais un lot n’a curieusement pas été concerné par l’annonce. Il s’agit d’un terrain de 35000 M2 provenant des trois terrains(deux à Nouakchott et un à Nouadhibou) qui avaient été repris de ce que la Mauritel croyait être son patrimoine foncier transmis avec la cession de l’entreprise. La ZFN l’a récupéré, l’a viabilisé et l’a donné gracieusement à une nouvelle société pour y construire le centre commercial de la ville promis par le président de la République. Pourtant l’article 38.1 de la loi N°2013-001 stipule que « La propriété des terrains relevant du domaine privé de l'Etat et situés à l'intérieur de la zone franche est transférée à l'Autorité. L'Autorité peut en concéder l'usage, les donner en bail commercial ou emphytéotique ou en transférer la propriété, selon des procédures fixées par Décret. » Bien entendu le décret n’a pas été respecté mieux aucune procédure n’a été suivie pour le choix des « privilégiés » qui ont bénéficié de ces largesses de la ZFN.
Mais à regarder de prés l’actionnariat de cette nouvelle société on comprend pourquoi tant de diligence, pourquoi tant de mansuétude et de compréhension ont été déployées par la ZFN. En effet les actionnaires choisis au volet sont L’ex Colonel et négociateur en chef avec l’Union européenne et actuel maire de Zouérate, Cheikh Ould Baya avec 20% des actions; le cousin germain du président Aziz, Mohamed Lemine Ould Bobatt 20% ; Ould Abdel Ghader, un nouveau courtier très actif dans le domaine de la farine de poisson et que d’aucuns présentent comme l’homme luge de l’ex colonel, 20% ; Le Port de Nouadhibou, 20% ; 10% à l’homme d’affaire Yahivdhou Ould Brahim, 5% à Ahmedou Ould Taleb Ahmed, un proche de l’homme d’affaire Zein El Abidine lui-même proche du tout puissant patron de l’Etat Civil et enfin 5% à Mohamed Ould Kerkoub sans doute pour le compenser de la perte d’un autre terrain vendu à un proche du président. Il est très aisé de savoir sur quel critère a été choisi ce tour de table.
Il est évident qu’il ne s’agit pas d’un investissement prioritaire et encore moins d’un projet à forte valeur ajoutée bien au contraire il s’agit d’une activité déjà convenablement remplie par des privés qui approvisionnent le marché local en produit de qualité et à prix abordable. C’est dire que ce n’est sans doute pas la logique économique qui a été le facteur déterminent dans la décision de la ZFN. Surtout si l’on considère que le président Aziz a à maintes reprises critiqué les distributions gracieuses de terrains qui avaient cours sous l’ancien régime les qualifiant de « distributions gabégistes » alors comment va-t-on appelé cette largesse ?