Ca y est ! Devant une audience à l’enthousiasme passablement émoussé, le président Aziz a enfin prononcé les mots fatidiques. Ceux que d’aucuns redoutaient et que d’autres espéraient. Après moult hésitations, tergiversation et réponses évasives, le président Aziz confirme qu’il ne touchera pas à l’article 28 de la Constitution. (Cette affirmation est- elle plus forte que le serment prêté lors de l’investiture ?)
Jusqu’ici il s’était toujours refusé à franchir le Rubicon, se contentant de réponses évasives en une dizaine d’occasion devant la presse nationale et internationale et même en plein Conseil des Ministres. Pourquoi s’était il refusé il ya quelques semaines à faire cette déclaration péremptoire alors qu’on est à peu prés certains qu’elle aurait suffit pour faire participer toute l’opposition au dialogue, si tant est que c’est l’objectif, comme le pouvoir l’a, à maintes reprises, affirmé.
Personne ne peut être naïf au point de croire que « le dialogue national inclusif » n’avait pour but que de salir le drapeau national en lui ajoutant une bande rouge, ou d’ajouter un quatrain aux paroles de l’hymne nationale ou de supprimer une chambre de grabataires, de toute les façons périmée. Soulignons que lors de sa réélection, il y a tout juste deux ans, cette « réforme institutionnelle importante » ne figurait pas dans son programme électoral. Donc face à l’hostilité des partenaires et devant l’incertitude, le président Aziz a sans doute choisi de changer son fusil d’épaule et de chercher un plan B. Mais ce faisant, la crise politique n’en est que plus profonde. Aujourd’hui on voit mal comment un président qui a affirmé que le référendum se tiendra en Décembre prochain, fera face à l’hostilité affichée des deux chambres l’une ruant dans les brancards pour s’opposer à sa disparition et l’autre traversée par une bronca devant l’écourtement de son mandat. C’est dire que les deux ou trois prochaines années les débats seront fortement dominés par la politique et les luttes d’influence. Alors que tout le monde sait que les problèmes du pays se situent ailleurs.
Le pays a subi ces dernières années un pillage systématique sans précédent et des ressources gigantesques ont été dilapidées avec une désinvolture et une incompétence déconcertantes.
L’embryon de Justice et d’Etat de Droit établi en 2007 - 2008 a été remisé au placard. L’Administration a été clochardisée, la justice instrumentalisée, les medias mis au pas ou étranglés et les secteurs sociaux sont dans un état de délabrement avancé.
Ce qu’il importe aujourd’hui ce n’est pas de savoir qui de Mohamed Ould Abdel Aziz (ou un faire valoir), Ahmed Ould Daddah, Messoud Ould Boulkheir, Ely Ould Mohamed Vall, Jemil Ould Mansour ou Biram Ould Dah deviendra chef de l’Etat, mais de remettre le train Mauritanie sur les rails et dans le sens de marche de l’Histoire. Et ça c’est une autre histoire.