Le Président El Ghazouani reçoit le rapport annuel de l’Observatoire national des droits de la femme et de la fille : Appel à des réformes urgentes | Mauriweb

Le Président El Ghazouani reçoit le rapport annuel de l’Observatoire national des droits de la femme et de la fille : Appel à des réformes urgentes

mar, 27/05/2025 - 23:22

Le Président de la République Islamique de Mauritanie, Mohamed Cheikh El Ghazouani, a reçu ce lundi au Palais présidentiel de Nouakchott Mme Mahla Ahmed Talebna, présidente de l’Observatoire national des droits de la femme et de la fille. Lors de cet entretien, la responsable a remis au chef de l’État le rapport annuel 2024 de l’institution, dressant un bilan des avancées et des défis persistants en matière de droits des femmes et des filles dans le pays.

Dans une déclaration, Mme Talebna a détaillé les conclusions du rapport. Celui-ci recense les activités menées par l’Observatoire au cours de l’année écoulée, tout en soulignant des obstacles structurels entravant ses missions. Parmi ces freins figure en tête le manque de coordination entre les organismes gouvernementaux chargés de la protection des droits des femmes. « Aucune institution publique ne peut réussir sans solidarité gouvernementale et sans soutien clair des secteurs spécialisés », a-t-elle insisté, appelant à une collaboration renforcée entre les acteurs institutionnels.

Des recommandations fortes pour une justice sociale

Le document formule plusieurs propositions à l’adresse des autorités exécutives, législatives et judiciaires, visant à améliorer l’égalité des sexes et à combattre les discriminations systémiques. Les principales mesures urgentes incluent :

-L’adoption d’une loi contre les violences faites aux femmes et aux filles : Le rapport exige un cadre juridique spécifique pour protéger les victimes, notamment dans les zones rurales et les milieux vulnérables. Il plaide pour une lutte contre les causes profondes de ces violences (pauvreté, manque d’autonomisation économique, faible éducation) et une rupture du silence social qui les entoure ;

-La création de tribunaux spécialisés : Pour traiter les affaires familiales et les violations des droits des femmes, l’Observatoire recommande la mise en place de juridictions dédiées, accompagnées d’une aide juridique gratuite. Ces tribunaux devraient notamment régler les questions de pensions alimentaires pour les femmes divorcées et leurs enfants ;

-L’égalité des sexes dans l’accès aux postes de direction : Le texte appelle à une représentation équitable des femmes dans les sphères administrative, politique et électorale, afin de briser les plafonds de verre institutionnels ;

-Le soutien économique et éducatif : Le rapport insiste sur la nécessité de financer des projets entrepreneuriaux pour les femmes, en particulier en milieu rural, et de promouvoir l’éducation des filles à tous les niveaux (primaire, secondaire et supérieur).

Un dialogue salué par l’Observatoire

Mme Talebna s’est dite « ravie » de l’écoute et du soutien manifestés par le Président El Ghazouani, qualifiant cette rencontre de « marque de confiance » essentielle pour le travail de l’institution. Elle a également remercié les membres du Conseil d’orientation de l’Observatoire, les universitaires, la société civile, les partenaires internationaux et les secteurs publics collaboratifs pour leur contribution à l’élaboration du rapport.

Vers une feuille de route gouvernementale ?

Si le rapport met en lumière des lacunes persistantes, il ouvre aussi la voie à des réformes potentielles. Reste à savoir comment le gouvernement traduira ces recommandations en actions concrètes. La question de la coordination interministérielle, pointée du doigt par l’Observatoire, sera un test clé pour la mise en œuvre des propositions.

Cette rencontre s’inscrit dans un contexte où la Mauritanie, comme d’autres pays de la région, cherche à concilier traditions et modernité en matière de droits des femmes. Le dialogue entre l’exécutif et l’Observatoire pourrait marquer un tournant vers une politique plus inclusive, à condition que les engagements se muent en réalisations tangibles.