
Le grand cérémonial organisé ce mardi au Palais des Congrès de Nouakchott autour de la signature d'une énième convention tripartite entre le ministère de l’Emploi et de la Jeunesse, celui de la Formation professionnelle, et la Fédération du BTP, aurait pu susciter l’enthousiasme… si ce genre d’annonces ne s’était pas transformé, au fil des années, en simple exercice de communication politique.
Entre les discours convenus, les poignées de main orchestrées et les photos bien cadrées, il est difficile de ne pas y voir un nouveau chapitre dans le manuel des promesses sans lendemain. Cette fois, il s’agirait de « répondre aux besoins croissants du marché de l’emploi », notamment dans le secteur du BTP. À entendre les deux ministres concernés, l’accord signé marquerait une avancée majeure pour l’emploi des jeunes. En réalité, il n’est que la répétition de formules déjà entendues, dans un pays où chaque ministre de passage promet de « former », « insérer » ou « mobiliser » des milliers de jeunes… sans bilan crédible à l’arrivée.
Ce qui frappe dans ce nouveau montage, c’est l’écart abyssal entre l’ampleur des difficultés du chômage en Mauritanie et les moyens symboliques engagés. Parler de 500 emplois à court terme, puis de 1000 jeunes en formation accélérée, puis de 2000 autres à moyen terme, c’est créer un effet d’annonce qui reste bien loin de la réalité du terrain. Des dizaines de milliers de jeunes sans perspectives attendent depuis des années que les grandes déclarations gouvernementales se traduisent par des opportunités concrètes. En vain.
Il est permis de se demander s’il faut vraiment signer des conventions en grande pompe pour faire ce que l’État devrait faire au quotidien : former les jeunes, adapter les programmes à la demande du marché, et créer un environnement où le secteur privé a intérêt à embaucher. L’insertion des jeunes dans les métiers du bâtiment, par exemple, ne nécessite pas des « partenariats solennels » entre directions générales et fédérations patronales : elle demande des politiques cohérentes, des mécanismes de financement accessibles, et surtout une volonté de suivi et d’évaluation, absente de ces démarches spectaculaires.
Au lieu de s’attaquer aux véritables causes du chômage – manque de projets structurants, sous-investissement dans la formation pratique, déconnexion entre les formations et les besoins réels – le gouvernement semble préférer les opérations de visibilité.
Et le plus inquiétant, c’est que ces conventions, rarement suivies d’effet, finissent par décrédibiliser l’action publique elle-même. Car à force de promettre sans livrer, de signer sans agir, de parler sans construire, on aggrave la frustration sociale et on éloigne encore davantage les jeunes de l’idée que l’État peut les servir.