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La présidence algérienne a annoncé que le président Abdelmadjid Tebboune a présidé, lundi, une réunion de travail consacrée au suivi du projet de la route Tindouf-Zouerate, une infrastructure essentielle visant à renforcer les échanges commerciaux entre l’Algérie et la Mauritanie. Cette rencontre, qui a réuni plusieurs hauts responsables gouvernementaux, témoigne de l’importance stratégique accordée par Alger à ce corridor terrestre, considéré comme un levier majeur de son ouverture vers l’Afrique de l’Ouest.
Un projet structurant au cœur des ambitions régionales
Lancé officiellement en novembre 2022, le projet de la route Tindouf-Zouerate s’inscrit dans une volonté affichée d’Alger de diversifier ses partenariats économiques et de consolider son influence en Afrique. Longue de plus de 800 kilomètres, cette route transfrontalière devrait permettre une fluidification des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Mauritanie, tout en facilitant le transport des marchandises vers d’autres pays de la sous-région.
En reliant directement le sud algérien aux grands axes mauritaniens, cette infrastructure constitue une alternative logistique aux routes maritimes et vise à réduire la dépendance aux circuits d’approvisionnement traditionnels. À terme, cette route pourrait même favoriser une intégration économique plus poussée entre l’Algérie et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), dont la Mauritanie est un membre associé.
Une réunion pour accélérer la concrétisation du projet
Au cours de cette réunion, le président Tebboune s’est entouré de plusieurs ministres et hauts responsables impliqués dans le dossier. Parmi eux figuraient Boualem Boualem, directeur de cabinet à la présidence, ainsi que Lakhdar Rekhroukh, ministre des Travaux publics et des Infrastructures de base, Abdelkrim Bouzred, ministre des Finances, Mohamed Boukhari, ministre du Commerce extérieur et Saïd Sayoud, ministre des Transports.
La présence du directeur général de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement (AACISD), Abed Halouz, souligne également la dimension diplomatique et stratégique du projet. En effet, au-delà des retombées économiques, cette route constitue un outil de soft power pour Alger, qui cherche à renforcer ses liens avec les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest, dans un contexte de rivalités régionales accrues.
Un enjeu géopolitique face aux repositionnements régionaux
L’Algérie voit dans la route Tindouf-Zouerate un moyen de contourner les routes commerciales dominées par le Maroc, principal rival stratégique en Afrique de l’Ouest. Ce projet s’inscrit ainsi dans une logique plus large d’affirmation de l’Algérie sur le continent, alors qu’elle multiplie les initiatives pour se repositionner comme un acteur incontournable du commerce interafricain.
La route pourrait également avoir des implications sécuritaires, en offrant aux autorités algériennes un contrôle accru sur une zone sahélienne marquée par l’instabilité. L’Algérie entend ainsi sécuriser ses corridors commerciaux tout en évitant que d’autres puissances, comme le Maroc ou certains acteurs internationaux, ne monopolisent les échanges dans la région.
Des défis à surmonter pour une réussite effective
Si l’initiative est ambitieuse, plusieurs obstacles techniques et financiers subsistent. L’achèvement des travaux nécessite un financement conséquent, et la viabilité du projet dépendra également des infrastructures logistiques qui l’accompagneront, notamment les zones de stockage, les points de contrôle douanier et les plateformes de commerce.
Par ailleurs, la coopération avec la Mauritanie sera déterminante. Bien que Nouakchott ait affiché son soutien au projet, sa mise en œuvre devra être coordonnée avec les autorités mauritaniennes pour éviter des goulots d’étranglement bureaucratiques ou logistiques.
Vers une intégration économique plus poussée ?
La route Tindouf-Zouerate illustre la volonté algérienne de s’insérer dans les dynamiques économiques africaines, en renforçant son rôle d’exportateur de produits manufacturés, agroalimentaires et énergétiques. Si elle aboutit comme prévu, cette infrastructure pourrait stimuler les échanges commerciaux bilatéraux, mais aussi ouvrir la voie à une plus grande intégration des économies du Maghreb et de l’Afrique de l’Ouest.
Toutefois, la concrétisation de cette ambition dépendra de la capacité de l’Algérie à traduire ses annonces en réalisations concrètes. Le suivi attentif de la présidence Tebboune montre une volonté politique forte, mais seuls des progrès tangibles sur le terrain permettront de confirmer l’impact réel de cette infrastructure sur l’économie régionale.
En attendant, la route Tindouf-Zouerate reste un symbole des mutations géopolitiques et économiques en cours en Afrique du Nord et en Afrique de l’Ouest, où l’Algérie cherche à redéfinir son rôle et à affirmer sa présence sur la scène régionale.