Naufrage au large de la Mauritanie : une tragédie humaine et une mobilisation accrue contre les réseaux de passeurs | Mauriweb

Naufrage au large de la Mauritanie : une tragédie humaine et une mobilisation accrue contre les réseaux de passeurs

dim, 19/01/2025 - 17:27

Le naufrage d’un bateau de migrants au large des côtes mauritaniennes, survenu le 16 janvier, a coûté la vie à 50 personnes, dont 44 Pakistanais, en route vers les îles Canaries. Ce drame, qui a bouleversé la communauté internationale, met en lumière les risques mortels de la route migratoire de l’Atlantique et les efforts croissants des autorités mauritaniennes pour lutter contre les réseaux de passeurs transnationaux.

Une traversée fatale et des secours tardifs

L’embarcation, partie de Mauritanie le 2 janvier avec 86 personnes à bord, a dérivé pendant treize jours dans l’Atlantique. Malgré une alerte lancée six jours avant le naufrage par l’ONG Caminando Fronteras, les secours n’ont été déclenchés que le 15 janvier par les autorités marocaines, qui ont pu sauver 36 survivants, dont 22 Pakistanais et un adolescent.

Les témoignages des survivants décrivent une traversée cauchemardesque : des journées sans eau ni nourriture, des conditions météorologiques hostiles, et la perte progressive de nombreux passagers. Ces tragédies rappellent les dangers inhérents à une route considérée comme l’une des plus meurtrières au monde.

La Mauritanie au cœur des efforts internationaux

Face à cette tragédie, les autorités mauritaniennes ont réaffirmé leur engagement à renforcer la lutte contre les réseaux de passeurs. En collaboration avec des partenaires internationaux, notamment l'Agence fédérale d'investigation (FIA) du Pakistan, elles s’efforcent de démanteler les filières criminelles responsables de ces traversées fatales.

Selon la FIA, le réseau impliqué dans ce naufrage serait dirigé par une femme et ses deux fils opérant depuis la région de Gujarat, au Pakistan. La Mauritanie, point de départ de nombreuses embarcations, a intensifié les patrouilles maritimes et lancé des campagnes de sensibilisation pour décourager les départs clandestins.

Une approche humanitaire et sécuritaire

En parallèle des actions sécuritaires, le gouvernement mauritanien s’est engagé à apporter une assistance humanitaire aux victimes et à leurs familles. Des efforts ont été entrepris pour identifier les corps et faciliter leur rapatriement vers les pays d’origine.

Consciente de l’urgence d’une réponse globale, la Mauritanie plaide pour une coopération renforcée à l’échelle régionale et internationale. Elle appelle également à des investissements dans les économies des pays d’origine des migrants, afin de créer des alternatives viables et durables à l’émigration clandestine.

Une tragédie parmi tant d’autres

Ce naufrage est le deuxième drame majeur enregistré en 2025. Déjà, le 1er janvier, un canot transportant 60 migrants avait atteint le sud de Tenerife avec deux morts à bord. En 2024, près de 10 000 migrants ont péri ou disparu en tentant de rejoindre les Canaries, un chiffre en augmentation par rapport à 2023, selon Caminando Fronteras.

La traversée entre le Sénégal ou la Mauritanie et les îles Canaries, longue de 1 000 à 2 000 km, reste périlleuse. Les pirogues surchargées, souvent en mauvais état, doivent affronter des vents violents, des courants dangereux et des conditions météorologiques imprévisibles. Ces voyages tragiques sont fréquemment marqués par des privations extrêmes, des décès en mer, et une peur constante de ne jamais atteindre la destination.

Appel à une mobilisation mondiale

Ce naufrage met une fois de plus en évidence la complexité de la crise migratoire, où les responsabilités se partagent entre pays d’origine, de transit et de destination.

Pour répondre efficacement à cette crise, il faudra non seulement traduire en justice les passeurs, mais également mettre en place des solutions durables pour endiguer les causes profondes de l’immigration clandestine. Le naufrage au large de la Mauritanie, comme tant d’autres, illustre l’urgence d’une réponse collective et coordonnée pour sauver des vies et mettre fin à ces traversées meurtrières.