Suspension de l’achat de patrouilleurs auprès du chinois Poly Technologies | Mauriweb

Suspension de l’achat de patrouilleurs auprès du chinois Poly Technologies

dim, 15/12/2024 - 14:07

La Mauritanie a récemment suspendu le contrat d’acquisition de patrouilleurs hauturiers auprès du géant chinois de l’armement Poly Technologies (par ailleurs propriétaire de Polyhonedong). Cette décision intervient dans un contexte géopolitique tendu, marqué par des sanctions imposées par les États-Unis à l’encontre de l’entreprise chinoise, accusée de soutenir l’effort de guerre russe en Ukraine.

Une décision dictée par la pression internationale

Selon des sources proches du dossier, les équipes de Poly Technologies ont récemment tenté de relancer les négociations avec Nouakchott concernant la fourniture de plusieurs navires militaires destinés à la marine mauritanienne. Cependant, l’armée mauritanienne a mis fin aux discussions, sous l’influence probable des sanctions américaines.

Washington accuse Poly Technologies de fournir des technologies sensibles à la Russie, susceptibles de renforcer son arsenal militaire dans le cadre du conflit en Ukraine. L’ancien secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avait déjà alerté en juin dernier sur les conséquences potentielles du soutien technologique chinois à Moscou. Il avait laissé entendre que des sanctions économiques contre Pékin pourraient être envisagées si cette situation persistait.

Vers de nouvelles options stratégiques

Face à cette rupture de contrat, la Mauritanie explore désormais d’autres alternatives pour renforcer sa flotte maritime. La société française Piriou, qui doit livrer trois patrouilleurs OPV 58S à la marine sénégalaise, semble bien positionnée pour reprendre le marché mauritanien. Les besoins de la marine mauritanienne sont cruciaux, notamment pour sécuriser le gisement gazier transfrontalier de Grand Tortue Ahmeyim (GTA), exploité conjointement avec le Sénégal.

Un historique de coopération militaire avec la Chine

La coopération militaire entre la Mauritanie et la Chine ne date pas d’hier. En 2016, l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz avait inauguré deux patrouilleurs de fabrication chinoise, le "Timbédra" et le "Gorgol", acquis pour 42 millions de dollars. Ces navires étaient destinés à renforcer les capacités de défense maritime du pays, notamment dans la lutte contre le terrorisme, le crime organisé et la pêche illégale.

Un rapprochement stratégique avec l’OTAN

Parallèlement, la Mauritanie a récemment intensifié sa coopération militaire avec l’OTAN. Des équipements militaires ont été fournis et un contingent tchèque devrait prochainement former les forces spéciales mauritaniennes. Ce rapprochement stratégique semble s’inscrire dans une volonté de diversifier les partenariats sécuritaires, tout en se conformant aux nouvelles exigences géopolitiques imposées par l’Occident.

La suspension du contrat avec Poly Technologies marque donc un tournant dans la politique d’armement mauritanienne, dictée autant par des considérations économiques que par des impératifs stratégiques imposés par le contexte international actuel.