La mer a encore frappé. Six vies humaines perdues sur la route périlleuse des îles Canaries, un énième drame qui secoue les familles et la conscience collective en Mauritanie. Ces hommes, femmes et enfants avaient quitté Nouakchott, la capitale, dans l’espoir d’un avenir meilleur en Europe. Ils ne sont jamais arrivés à destination.
Les informations rapportées par les autorités espagnoles sont glaçantes. Quatre pirogues parties de Nouakchott ont atteint l’île d’El Hierro après des jours d’errance en mer. À bord, 284 migrants clandestins originaires de plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest, mais aussi de Mauritanie.
La première pirogue a été secourue avec 67 personnes, dont des femmes et des mineurs. La deuxième, interceptée à 15 kilomètres de l’île, transportait 74 passagers. La troisième embarcation a connu l’issue la plus tragique : cinq personnes y ont perdu la vie, épuisées et terrassées par les éléments. Enfin, un sixième décès a été enregistré sur la quatrième pirogue.
Ce drame met en lumière une réalité que beaucoup préfèrent ignorer : la Mauritanie est aujourd’hui une plaque tournante des migrations vers l’Europe. Des centaines de jeunes, confrontés au chômage et au manque de perspectives, se lancent dans cette aventure mortelle. Pour certains, le rêve européen vaut plus que leur propre vie.
Mais ces embarcations ne transportent pas uniquement des Mauritaniens. La route maritime de Nouakchott attire des migrants venus de tout le continent : Maliens, Sénégalais, Guinéens, Ivoiriens, et même des Bangladeshis.
Face à cette tragédie, les autorités mauritaniennes doivent sortir de leur silence et prendre des mesures concrètes. Des campagnes de sensibilisation ne suffisent plus. Il est urgent de renforcer la surveillance des côtes et de lutter efficacement contre les réseaux de passeurs. Mais surtout, il faut offrir de réelles opportunités économiques aux jeunes pour qu’ils cessent de voir l’Europe comme leur seule issue.
Les familles endeuillées de Nouakchott pleurent aujourd’hui leurs proches disparus en mer. Que leur douleur soit un appel à l’action pour éviter que d’autres vies ne soient englouties dans les eaux impitoyables de l’Atlantique.