Le mardi 3 décembre 2024, le quartier de "Jdida" à Tidjikja a vu l’inauguration en grande pompe d’une école flambant neuve, fruit des efforts de la délégation générale pour la solidarité nationale et la lutte contre l’exclusion, communément appelée "Taazour". Un geste censé marquer les festivités du 64e anniversaire de l’indépendance nationale. Pourtant, derrière l’éclat des discours officiels et les photographies soigneusement orchestrées, une réalité plus terne s’impose : la disproportion scandaleuse entre les coûts de cette opération et les résultats obtenus.
Une école modeste pour un coût opaque
L’école en question est composée de six salles de classe, de bâtiments administratifs, de logements pour le directeur et le gardien, d’une crèche et de quelques infrastructures sanitaires. Si ces équipements semblent suffisants pour alléger l’encombrement des écoles de la ville, leur ampleur reste limitée face aux besoins éducatifs criants de la région.
Cependant, ce n’est pas tant l’utilité de cette école qui pose problème, mais bien les conditions de son financement et surtout les dépenses connexes engagées. En effet, selon plusieurs sources, les frais de déplacement et les cérémonies d’inauguration associés à cet événement s’élèveraient à un montant avoisinant celui de la construction de l’école elle-même. Une absurdité qui soulève des questions sur les priorités et la gestion des fonds publics par les autorités.
Quand l’apparat prime sur l’efficacité
Pourquoi mobiliser un convoi coûteux de responsables, de médias et de logistique pour inaugurer une école dont le budget total reste modeste ? La réponse semble se trouver dans une stratégie politique où le symbole et l’apparat priment sur l’efficacité. Ces cérémonies à grand spectacle, financées à coups de millions d’ouguiyas, masquent mal l’incapacité de Taazour et des autorités locales à proposer des solutions structurelles pour l’éducation dans la région.
Un problème récurrent dans les projets publics
L’exemple de Tidjikja n’est malheureusement pas un cas isolé. Il illustre une tendance préoccupante où les dépenses accessoires, comme les déplacements officiels, les cérémonies ou la communication, prennent une part disproportionnée dans le coût global des projets publics. Cette situation met en lumière une gestion des ressources publiques davantage tournée vers des objectifs de visibilité politique que vers un véritable impact sur le terrain.
Des besoins éducatifs toujours en suspens
Avec seulement six salles de classe, cette école reste une goutte d’eau dans un océan de besoins. Les infrastructures éducatives de la région restent largement insuffisantes, et les moyens alloués à l’éducation demeurent dérisoires face aux défis gigantesques que rencontrent les familles de cette région enclavée.
En définitive, la question se pose : combien d’autres écoles auraient pu être construites si les fonds investis dans les déplacements et les cérémonies avaient été réalloués ? La réponse pourrait bien être un signal d’alarme pour revoir les priorités et recentrer les efforts sur l’essentiel : répondre aux besoins réels des citoyens plutôt que flatter l’égo des décideurs.