Instauration du Service Civique : Une Initiative pour les étudiants, mais Quid de la majorité sans Bac ? | Mauriweb

Instauration du Service Civique : Une Initiative pour les étudiants, mais Quid de la majorité sans Bac ?

ven, 01/11/2024 - 10:26

Le Conseil des ministres a validé le lancement d’un service civique souple, conçu par le ministère de l’Autonomisation des Jeunes, de l’Emploi, des Sports et du Service Civique, et destiné à promouvoir l’engagement des jeunes Mauritaniens dans des missions de développement communautaire. Ce dispositif, qui cible spécifiquement les étudiants inscrits en licence, exige d’eux une participation de trois à six mois d’activités civiques rémunérées dans un secteur de leur choix. Bien que cette initiative puisse renforcer l’intégration civique des jeunes diplômés, elle exclut toutefois la majorité des jeunes mauritaniens qui n’ont pas obtenu le baccalauréat.

 Une opportunité de service pour les étudiants en licence

Dans son intervention à l’issue du Conseil des ministres, le ministre de l’Autonomisation des Jeunes, de l’Emploi, des Sports et du Service Civique, M. Mohamed Abdallahi Ould Louly, a souligné que les enjeux liés à la jeunesse figurent parmi les principaux axes du programme du Président de la République et dans la déclaration de politique générale du gouvernement. M. Louly a ainsi précisé que ce programme inclut la formation de 500 jeunes pour des missions de volontariat, visant à établir une forme de service civique prenant en compte la diversité sociale du pays et offrant de nouvelles opportunités aux jeunes Mauritaniens.

L’objectif annoncé est de promouvoir l’engagement civique tout en permettant aux jeunes de s’impliquer activement dans leur société. Ce service civique permettrait aux étudiants de contribuer au développement communautaire, tout en renforçant leurs compétences professionnelles et en leur offrant une rémunération.

Ce programme pourrait jouer un rôle important en aidant les jeunes à développer des compétences professionnelles tout en contribuant activement à des projets de développement local. De plus, la rémunération prévue rend cette initiative d’autant plus attractive, renforçant ainsi l’implication des jeunes diplômés.

 L’oubli de la majorité des jeunes sans baccalauréat

Cependant, ce service civique se limite aux seuls étudiants de licence, laissant de côté l’immense majorité des jeunes qui n’ont pas obtenu leur bac, ce qui pose une question de justice sociale. Lorsqu’il a évoqué la première phase de ce projet, le ministre a cité l’engagement de 500 volontaires, formés en septembre dernier dans le cadre du projet "Nouakchott ville moderne", en partenariat avec les neuf communes de la capitale. Ces jeunes volontaires ont notamment contribué à la préparation des écoles pour la rentrée et ont facilité la circulation dans la capitale.

Si cette initiative pour les diplômés de licence est porteuse, elle risque de marginaliser les jeunes non diplômés, qui représentent une grande partie de la jeunesse mauritanienne. En excluant ces jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, le programme pourrait accentuer les inégalités existantes et priver de nombreux jeunes d’un cadre où ils pourraient acquérir des compétences et contribuer positivement à la société.

 Vers un service civique inclusif pour tous les jeunes Mauritaniens

Si le gouvernement souhaite faire de ce service civique un véritable outil de cohésion nationale, il est crucial qu’il élargisse l’accès à cette initiative pour inclure les jeunes non diplômés. La Mauritanie a besoin d’un service civique qui ne laisse personne de côté, où tous les jeunes, quel que soit leur parcours académique, ont la possibilité de s’engager, de se former et de contribuer au développement de leur pays.