Le Mali est plongé dans une crise complexe qui combine des catastrophes naturelles, des tensions diplomatiques et des violences croissantes, exacerbant une situation déjà précaire.
Le gouvernement malien, dirigé par le colonel Assimi Goita, a récemment déclaré l’état de catastrophe nationale en réponse à des inondations dévastatrices provoquées par des pluies torrentielles. Depuis le début de la saison des pluies jusqu'au 22 août 2024, le pays a enregistré 122 cas d'inondations affectant 7.077 ménages et environ 47.374 personnes. Ces catastrophes ont causé la mort de 30 personnes et ont entraîné des effondrements de maisons ainsi que des phénomènes climatiques extrêmes.
Pour faire face à cette crise, le gouvernement malien a mobilisé 4 milliards de FCFA (environ 6 millions de dollars) pour soutenir les sinistrés. Ces fonds seront utilisés pour renforcer les stocks alimentaires et non alimentaires afin de prévenir les épidémies telles que le choléra, et pour fournir des équipements de secours. Assa Badiallo Touré, ministre de la Santé et du Développement social, a souligné l'urgence de cette aide pour éviter une aggravation de la situation humanitaire.
Dans ce contexte de détresse, le président mauritanien Mohamed Ould Ghazouani a exprimé sa solidarité avec le Mali. Dans une déclaration faite ce dimanche, il a assuré que la Mauritanie est prête à fournir toute l'aide nécessaire pour "soulager les souffrances du peuple malien" en cette période de "catastrophe naturelle". En tant que président de l'Union Africaine, Ould Ghazouani a également exprimé son soutien total aux efforts maliens pour faire face à cette crise.
Parallèlement, les tensions diplomatiques entre le Mali et la France se sont intensifiées. Les autorités maliennes ont suspendu la chaîne de télévision française LCI pour une période de deux mois à compter du 23 août 2024. Cette décision fait suite à la diffusion le 27 juillet d'une émission intitulée « Wagner décimé au Mali : la main de Kiev », dans laquelle le colonel Michel Goya a été accusé de faire des déclarations dénigrantes et de fausses accusations contre les forces armées maliennes et leurs partenaires russes. La Haute Autorité de la Communication (HAC) malienne reproche également à LCI d’avoir incité à soutenir le terrorisme sous prétexte de soutenir l'Ukraine contre la Russie.
La situation au Mali est aggravée par une montée des violences. Des informations récentes rapportent que 20 personnes, dont des enfants, ont été tuées dimanche à Tinzawatene, dans le nord du pays, par des frappes de drones. Ces attaques seraient attribuées à l’armée malienne et aux mercenaires russes du groupe Wagner, utilisant des drones lancés depuis le Burkina Faso. Cette nouvelle vague de violence a été confirmée par une organisation non gouvernementale locale et a suscité des réactions internationales.
Les moudjahidines touaregs affirment avoir infligé des pertes importantes aux forces maliennes et aux mercenaires russes en juillet, avec des bilans de 84 mercenaires de Wagner et 47 soldats maliens tués. Les violences ont également été attribuées à des groupes affiliés à Al-Qaïda.
En réponse, l’armée malienne a intensifié ses frappes aériennes dans la région, entraînant des pertes civiles, notamment parmi les travailleurs des mines d’or. Cette escalade a été marquée par une déclaration du Premier ministre malien, Choguel Kokalla Maïga, qui a affirmé que malgré la perte de la bataille de Tinzawatene, le Mali ne perdra pas la guerre contre les terroristes.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a exprimé le soutien de Moscou à Bamako après ces revers.
Le Mali est confronté à une crise multidimensionnelle avec des inondations dévastatrices, des tensions diplomatiques croissantes et une escalade de violences. La combinaison de ces défis complique gravement la gestion de la situation humanitaire et la stabilité politique du pays. Les efforts internationaux et régionaux seront cruciaux pour soutenir le Mali dans cette période de turbulences et pour aider à restaurer la paix et la sécurité dans la région.